Au service hygiène de la capitale, le parc de matériel comme celui de véhicules s’électrifie de plus en plus. Avec l’objectif de limiter les rejets de CO2, mais aussi les nuisances sonores.
Sur l’avenue de la Faïencerie, une équipe du service hygiène se déploie pour tout nettoyer. Deux employés marchent sur le trottoir et, à l’aide de leurs souffleurs électriques, ils dirigent vers la route les feuilles mortes et les détritus (peu nombreux) qui traînent çà et là. Juste derrière, un troisième homme conduit la toute nouvelle balayeuse électrique qui est arrivée aux ateliers en décembre dernier. Avec ses grandes brosses rotatives, elle récupère tous ces déchets et laisse des trottoirs et une chaussée impeccables, le tout dans un minimum de bruit, électricité oblige.
Une cinquantaine d’hommes et de femmes se relaye 7 jours sur 7 pour que Luxembourg soit une ville propre. Ils forment 8 équipes de 5 à 6 personnes, dont l’une d’entre elles (l’équipe spéciale) se charge des endroits où sévissent des problèmes de drogues et les déchets dangereux que cela implique, les seringues notamment. Une équipe est également de permanence tous les jours 24/24 en cas d’accident, d’inondations ou pour le combat du gel par exemple.
Les groupes qui s’occupent des rues classiques travaillent de 5 h à 13 h tandis que dans les zones piétonnes du centre-ville, ils passent de 9 h à 17 h pour ne pas gêner les livraisons dans les commerces au petit matin. Leur tâche est essentielle au bien-être commun, avec le paradoxe que mieux ils remplissent leur mission, moins on se rend compte de leur travail. Une main-d’œuvre de l’ombre sans qui l’expérience de la Ville ne serait pas aussi qualitative qu’aujourd’hui.
Le service hygiène se dote désormais de plus en plus de matériel et de véhicules électriques. La capitale a rejoint le Pacte climat en septembre 2021 et ce basculement était nécessaire, comme l’explique Gilles Zigliana, responsable administration à la direction Énergie-Environnement de Luxembourg : «Nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050 et l’électrification fait partie de ce processus. Avec la balayeuse électrique que nous venons d’acheter, cela permet ainsi, selon le constructeur, d’éviter 18 tonnes de CO2 par an.»
Nous allons recevoir notre premier camion électrique pour la collecte des ordures
Il y a les émissions de CO2, mais aussi le bruit. Sur l’avenue de la Liberté, on entend bien l’air pulsé des souffleurs et le frottement des brosses sur le sol, mais l’absence de ronflement de moteurs thermiques est une vraie valeur ajoutée, au pied des habitations comme au milieu des passants.
L’ensemble des équipements n’est pas encore électrique. Les 38 souffleurs le sont, les premiers sont arrivés dès 2005. Deux balayeuses sur les 15 du parc également. Le Glutton, ce gros aspirateur autotracté de 365 kg acquis en 2021 qui sillonnent les rues piétonnes pour ramasser mégots, déjections canines, feuilles mortes, papiers et même bouteilles vides, l’est aussi. Ce dernier facilite considérablement la vie de ceux qui le manipulent. Sans cela, le ramassage doit se faire à la main, parfois avec une pince. L’efficacité s’est grandement accrue, et la pénibilité est moindre.
«Au service, nous avons également 10 vélos, 1 scooter et 9 voitures électriques que nous utilisons surtout pour nous rendre aux réunions, 2 vélos-cargos avec lesquels nous réalisons les tournées pour réapprovisionner les 450 distributeurs de sachets de déjections canines et 1 véhicule utilitaire compact (NDLR : le Goupil)», énumère Gilles Zigliana. La tendance, en tout cas, est à l’électrification. «Dès que nous devons acheter quelque chose, cela entre en ligne de compte, mais nous ne pouvons pas tout changer d’un coup!».
Le volet financier, forcément, y est pour quelque chose même si les prix baissent. «Cette année, nous allons recevoir notre premier camion électrique pour la collecte des ordures, un très grand véhicule, souligne le responsable. Il n’y a pas si longtemps, cela coûtait 3 fois plus cher qu’un camion thermique. Aujourd’hui, c’est un peu moins de deux fois plus. C’est toujours beaucoup, mais cela diminue. C’est aussi pour cela que tout changer d’un coup ne serait pas une bonne idée : les technologies avancent et les prix baissent. Et il faut que le marché soit prêt. Pour ce camion, nous devions attendre d’avoir les garanties suffisantes pour que les pièces soient disponibles lors des entretiens, par exemple. Nous nous déplaçons chaque année dans des foires spécialisées pour voir ce que proposent les constructeurs, les progrès sont rapides!»
En 2015, il fallait une collection de batteries pour faire marcher les souffleurs. Aujourd’hui, les employés du service hygiène peuvent compter sur 4 heures d’autonomie. Le Glutton, lui, peut tenir pendant 10 heures. Les anciens défauts de l’électrique sont donc en train de se régler. Mais le volet logistique n’est pas à négliger. Installé depuis plus de 120 ans sur la route d’Arlon, le service est un peu à l’étroit et les locaux n’ont évidemment pas été construits pour ces nouveaux usages. «Nous serons plus à l’aise lorsque nous déménagerons à Merl. Là-bas, tout sera prévu pour une flotte 100 % électrique.» Il faudra attendre toutefois quelques années.
Pourquoi les balayeuses ne sortent pas par grand froid?
Lorsque les températures sont négatives, les balayeuses sont contraintes de rester au garage, au service hygiène de la route d’Arlon. Les électriques comme les thermiques sont d’ailleurs logées à la même enseigne, ce n’est pas une question d’énergie.
La réponse est toute bête : les balayeuses emportent avec elles de l’eau pour nettoyer les surfaces et le gel risquerait de détruire la tuyauterie embarquée. Et puis, il n’est de toute façon pas question d’arroser une route en période de gel. Le risque de provoquer l’apparition de plaques de verglas serait bien trop grand.
Carte d’identité
Nom : Gilles Zigliana
Âge : 38 ans
Fonction : responsable administration de la direction Énergie-Environnement de la Ville de Luxembourg
Profil : après avoir obtenu son diplôme de fin d’études classique, Gilles Zigliana a tout de suite rejoint le service hygiène de la capitale. D’abord à la gestion du personnel, puis à la comptabilité, avant de prendre son poste actuel en 2021.