Nous avons demandé à six présidents sur tout le territoire et de toutes les divisions comment ils voient l‘élection de samedi. Réponse unanime : serrée. Très serrée même.
C’est un moment important qu’attend la plus grande fédération du pays, samedi. Et la plus grande incertitude règne. Nous sommes donc allés à la rencontre de plusieurs présidents, dans un peu toutes les divisions et sur tout le territoire pour tâter le terrain. Avec neuf questions à leur proposer. Les voici, avec des réponses passionnantes…
1) Avez-vous déjà choisi votre candidat?
Patrick Hutmacher (Bettembourg) : «Non, toujours pas. On a comité ce soir (NDLR : hier). On prendra la direction claire que veut la majorité et on ne choisira pas les membres du CA en fonction des équipes.»
Jérôme Entringer (Lorentzweiler) : «On a eu notre séance mardi et on a exclu de panacher nos votes. Par contre, on sait quel candidat est pour quel président – le monde du foot luxembourgeois est petit – mais on ne raisonnera pas en termes de familles.»
Marc Rasic (Schengen) : «On a fait notre choix dimanche dernier, mais pour les membres du CA, je crois qu’on va panacher.»
Jean-Michel Wahl (Ell) : «Cela a duré quinze minutes, il y a une semaine. Une personne s’est dégagée. Mais derrière, on votera pour des personnes, pas pour des équipes.»
Charles Leesch (Koerich) : «On a choisi il y a quelques semaines mais on a discuté plus d’une heure sur les membres du CA, pour déterminer ceux qui étaient le plus en faveur des petits clubs. Mais il reste des doutes, je pense que je vais me décider à la dernière minute. J’avoue que j’ai été déçu d’avoir été appelé par M. Schockmel, qui m’a clairement dit que contacter les divisions inférieures, c’était son travail, pendant que Paul Philipp appelait les clubs de DN. Ça aurait dû être l’inverse!»
François Kler (Clervaux) : «On n’a pas encore décidé. On en parle demain (NDLR : ce soir) au match. Ce serait logique, une fois qu’on a choisi un président, de voter pour son équipe mais je crois que beaucoup de clubs vont panacher.»
Des lobbysites m’ont contacté
2) Votre comité était-il très partagé?
Hutmacher : «Je ne sais pas, mais comme je vous l’ai dit, nous suivrons la majorité.»
Jérôme Entringer : «On était loin d’être sur une unanimité 11-0. Mais tous ceux qui voulaient s’exprimer l’ont fait.»
Marc Rasic : «Il n’y a pas vraiment eu de discussion. On est à onze. Deux membres n’étaient pas là mais on avait tous bien préparé la réunion avec les dossiers des candidats… et on était tous d’accord!»
Jean-Michel Wahl : «Quand on s’est posé la question, c’était vraiment du 50/50. Moi, je suis de la génération de Paul Philipp, j’ai grandi avec lui, donc j’ai vendu ça aux plus jeunes, qui sont très coopératifs. Mais on a bien pesé le pour et le contre. Et mercredi, j’ai lu le dossier sur les arbitres du Quotidien et Paul Philipp m’a moins convaincu sur ce point. Alors…»
Charles Leesch : «Les articles de presse nous ont bien aidés, mais au final, mes collègues m’ont dit « Charles, à toi de jouer« . La FLF a pris pas mal de décisions qui nous ont dérangés ces derniers temps mais j’ai vraiment l’impression de devoir choisir entre deux maux.»
François Kler : «Tous les candidats étaient très valables. Tous nous ont contactés et se sont fait une belle pub. J’attends de voir ce que mon comité en a pensé.»
3) Ce vote est-il crucial pour le football national?
Hutmacher : «Oui, parce que si Paul Philipp doit partir après 18 ans, ce sera forcément une nouvelle ère.»
Jérôme Entringer : «C’est déjà bien qu’il y ait deux candidats pour une fois. Ça conduit tout le monde à faire une auto-critique et c’est important. Cela permet de prendre conscience de ce qu’il faut améliorer.»
Marc Rasic : «Je ne crois pas non. C’est comme en politique.»
Jean-Michel Wahl : «Quand on voit la sélection, les résultats européens des clubs, je me rends compte qu’il faut absolument continuer à avancer et surtout pas reculer. Mais le sang neuf, est-ce que ça fait forcément avancer?»
Charles Leesch : «Très important, car beaucoup de clubs sont mécontents. On parle de beaucoup de choses qui doivent changer et peu de choses se passent. Beaucoup ont l’espoir que ça va changer, quel que soit le président.»
François Kler : «Crucial, oui!»
Ils vont devoir mettre la répartition des divisions à leur agenda
4) Avez-vous peur de vous tromper?
Hutmacher : «Non, je ne pense pas qu’on se trompera.»
Jérôme Entringer : «Les deux ont des arguments. Il y avait du pour et du contre. Donc…»
Marc Rasic : «(il rit) Je crois que non. Le vote qui est le nôtre est le bon pour les quatre années à venir.»
Jean-Michel Wahl : «Quand on vote, on sait ce qu’on a et pas ce qu’on va avoir. Kremer peut secouer le cocotier. Mais Philippe, aussi, reprendre une partie de ses idées.»
Charles Leesch : «Bien sûr! Parce que beaucoup pensent réélire Philipp pour qu’il se choisisse un successeur. Et concernant Kremer, son programme est intéressant mais l’appliquera-t-il, sachant qu’il est lui au CA depuis très longtemps et aurait pu changer des choses avant?»
François Kler : «Non, parce que les deux candidats sont valables. Et même si on se trompe, on pourra vivre avec. Attendons aussi de voir si le président aura une majorité dans son conseil d’administration…»
5) Que est le point le plus important du débat selon vous?
Hutmacher : «Le plus important, c’est de trouver un président qui soit pour l’évolution des clubs par le biais du travail des jeunes. Derrière, il y a plein de petites améliorations à apporter : statuts, communication, internet, intranet…»
Jérôme Entringer : «Communication, digitalisation, simplification des procédures. Sur ce point, un candidat est plus crédible que l’autre. Mais comme l’autre est plus crédible sur d’autres points… En tout cas, j’ai bien aimé une phrase de Paul Philipp, qui disait que le plus important devait rester le football. Ce n’est pas un programme, mais bon…»
Marc Rasic : «Le droit de vote des clubs, mais aussi l’arbitrage. Mais sur ces points, j’ai l’impression que chaque candidat dit la même chose.»
Jean-Michel Wahl : «Pour notre club, à 100 % le football féminin et ça, c’est un reproche que je pourrais adresser à l’ancienne administration : elle n’a pas fait assez! Et ensuite le fait de soutenir les divisions inférieures, notamment en nous donnant plus de poids pour une question de justice.»
Charles Leesch : «On court toujours après les grands clubs. Donc je dirais faire plus d’efforts pour les petits. Et arrêter de nous demander de payer pour les arbitres. C’est la FLF qui devrait le faire.»
François Kler : «Pour moi, c’est la répartition des clubs dans les divisions. Cette division 3, c’est une catastrophe. Certains déplacements sont très longs, nos fans ne suivent pas, ceux de nos adversaires ne viennent pas. On plaide pour trois groupes par région en D2, d’autant que le niveau est assez équivalent. Les candidats n’avaient pas ça au programme mais ils ont dit qu’il le mettrait à leur agenda.»
Joe Biden, il a quel âge?
6) L’âge des candidats, c’est important?
Hutmacher : «La modernisation, c’est important mais ce n’est pas l’âge qui décide. Paul Philipp est toujours en forme mais… le CA doit rajeunir. Or, il y a de beaux candidats cette année.»
Jérôme Entringer : «Oui, c’est important. Même si ce qui compte, c’est d’avoir un mélange de vieux et de jeunes. L’âge du président ne compte pas. La moyenne d’âge de son comité, si.»
Marc Rasic : «Pfff… oui et non. Même si je crois quand même que le renouvellement, c’est important.»
Jean-Michel Wahl : «En France ou en Allemagne, les présidents sont assez âgés. Joe Biden (NDLR : le président des États-Unis), il a quel âge? Moi, ça ne me dérange pas. Philipp a l’expérience. Le rajeunissement, pour moi, c’est pour le CA!»
Charles Leesch : «Oui, quand même. Ce n’est pas le plus important dans le vote mais il ne faut pas s’accrocher à son siège. Il devrait penser à sa succession.»
François Kler : «L’important, ce n’est pas l’âge mais l’intellect. Mais je pense que Philipp aurait dû songer à se trouver un successeur.»
7) Si Claude Kremer passe, le CA «Paul Philipp» doit-il démissionner?
Hutmacher : «Tun Di Bari a déjà dit qu’il démissionnerait. D’autres y réfléchissent. Donc il y aura peut-être des changements, mais pour moi, cela ne devrait pas être lié. Par contre, il faut éviter les divisions internes.»
Jérôme Entringer : «J’ai hâte de voir ce qu’ils vont faire mais je pense que même si Kremer passe, certains resteront.»
Marc Rasic : «Ça, c’est sûr et certain! Mais on va voir s’ils démissionneront…»
Jean-Michel Wahl : «Bonne question parce que là-dedans, à l’heure actuelle, il y en a des bons. Mais aussi quelques brebis galeuses.»
Charles Leesch : «Le choix leur appartient. Selon moi, une ou deux personnes devraient quand même songer à arrêter et profiter de leur retraiter.»
François Kler : «Ce n’est pas nécessaire selon moi. Les anciens présidents, Norbert Konter ou Henri Roemer, n’avaient pas d’équipe et au CA, les membres se sont trouvés.»
8) De combien de voix disposez-vous?
Hutmacher : «On a 19 voix.»
Jérôme Entringer : «Malheureusement, seulement 4. C’est dommage. Quand on sait que les clubs de DN ont d’office deux voix de plus indépendamment du nombre d’équipes qu’ils possèdent… Il faut modifier ça et je crois que les deux candidats en ont conscience.»
Marc Rasic : «Seulement une et c’est bien dommage. On a quinze équipes mais seulement droit à une voix parce que nos jeunes et nos équipes réserves évoluent avec Mondorf et que c’est là que les équipes sont inscrites. Ça, il va vite falloir en discuter!»
Jean-Michel Wahl : «Quatre? Ou deux, je ne sais plus.»
Charles Leesch : «Si j’ai bien compris, une voix pour le président et cinq pour les membres du CA.»
François Kler : «C’est un système compliqué. Mais seulement deux je crois parce qu’on travaille beaucoup avec le Norden et que ce sont eux qui ont immatriculé les jeunes. On peut vivre avec, même si c’est une injustice.»
9) Savez-vous qui va l’emporter?
Hutmacher : «Pas la moindre idée. J’ai des sentiments, mais de mon côté, je ne dévoile mes intentions de votes à personne même si certains lobbyistes m’ont contacté pour savoir.»
Jérôme Entringer : «J’ai discuté avec plus d’une dizaine de mes collègues et même si aucun ne m’a dit pour qui il voterait, je sais que ça va être serré.»
Marc Rasic : «Je suis dans le conseil communal à Schengen et d’expérience, je peux vous dire que quand on demande à quelqu’un pour qui il va voter, il fait le contraire de ce qu’il vous dit. Mais quand je suis allé au centenaire du club de Wormeldange, pour les gens que j’ai vus là-bas, c’était clairement… moitié-moitié!On ne voit aucune tendance se dégager!»
Jean-Michel Wahl : «Je sais juste que si Paul Philipp part maintenant, ce ne sera pas un beau départ. Mais l’élection, ce sera vraiment du 50/50.»
Charles Leesch : «J’ai l’impression que beaucoup doutent encore.»
François Kler : «J’en ai déjà vu beaucoup, des congrès, mais là, la lutte sera très serrée.»