Accueil | A la Une | Un oncle se fait passer pour son neveu pour obtenir du travail

Un oncle se fait passer pour son neveu pour obtenir du travail


Un homme venu s’inscrire à Luxembourg sous une fausse identité a permis aux policiers de découvrir la supercherie. (photo archives LQ)

Un homme s’est fait passer pour son neveu afin de pouvoir rembourser une dette et ainsi sauver une propriété familiale. Le neveu aurait fermé les yeux pour protéger son oncle.

Qui est qui ? Pendant quelques mois, en 2018, Adjé s’est fait passer pour son neveu François pour travailler alors qu’il touchait le revenu d’inclusion sociale (Revis). Handicapé, il ne peut plus travailler, mais doit pourtant rembourser une dette de 5 000 euros «contractée dans le milieu africain». «J’ai arrêté de travailler pour la société d’intérim dès que j’ai eu fini de rembourser la dette», a expliqué l’homme d’origine ivoirienne à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, mercredi après-midi.

Dans un premier temps, François n’aurait rien su de la supercherie mise en place à son insu par son oncle de deux ans son aîné. Il ne l’aurait découverte qu’en consultant sa fiche de retenue d’impôts. «J’y ai trouvé le nom d’une société pour laquelle je ne travaillais pas», souligne-t-il. Son oncle lui aurait alors avoué avoir utilisé des documents trouvés dans son ordinateur pour poser sa candidature auprès d’une agence d’intérim. «La question qui se pose est de savoir pendant combien de temps vous avez toléré que votre oncle utilise votre identité», indique la présidente de la chambre correctionnelle à François.

La supercherie a été découverte par la police à la suite d’une perquisition menée au domicile des deux hommes. Une personne qu’ils hébergeaient avait tenté de s’inscrire à la mairie de Luxembourg sous une fausse identité. Une enquête a été ouverte durant laquelle les policiers ont mis la main sur divers papiers et documents. Les collègues d’Adjé ont ensuite été interrogés et les policiers sont remontés jusqu’au vrai François.

«L’énergie du désespoir»

Adjé le reconnaît, il s’est rendu coupable de faux et d’usage de faux ainsi que de port public de faux nom. François a affirmé avoir fermé les yeux pour protéger son oncle. La représentante du parquet a estimé que par son silence, il s’était rendu complice de l’infraction commise par Adjé. «Il lui a apporté une aide sans laquelle l’infraction n’aurait pas pu être commise», indique la magistrate après avoir souligné «des déclarations contradictoires» des prévenus, notamment sur le moment exact où François a su que son oncle se faisait passer pour lui. «Était-ce quand il a reçu la fiche d’imposition ou quand la police belge est venue à son adresse pour vérifier son identité ?» Ou bien dès le départ ? La magistrate dit «avoir la conviction que François en savait plus qu’il ne veut bien l’admettre».

La représentante du parquet a requis une peine de 9 mois de prison et une amende appropriée à l’encontre d’Adjé et une peine de 3 mois de prison et une amende appropriée à l’encontre de François. Elle ne s’est pas opposée à assortir ces peines d’un éventuel sursis étant donné l’absence d’antécédents judiciaires des deux hommes.

Me Petit, qui représentait Adné, a plaidé la clémence du tribunal. Il avance que son client aurait agi dans «un contexte de misère sociale et de misère familiale». Le quinquagénaire, père de dix enfants, voulait sauver une propriété familiale en Afrique qu’un autre membre de sa famille aurait perdue en remboursant sa dette. Il aurait, selon son avocat, agi poussé par «l’énergie du désespoir».

Le prononcé est fixé au 13 juillet prochain.