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[Exposition] Le «come-back» de Michèle Tonteling


Michéle Tonteling s'est adjoint trois autres femmes pour offrir une exposition dite «performative», fruit d’une «collaboration» serrée. (Photo : DR)

Appréciée en tant que costumière et scénographe pour le cinéma et le théâtre, la Luxembourgeoise Michèle Tonteling sort aujourd’hui des coulisses et défend, comme à ses débuts, son propre projet artistique. Portrait.

On l’a connue à ses débuts, en 2014, sur le devant de la scène. Avec sa partenaire Katrin Elsen, elles rajeunissaient alors le prix Werner du CAL (Cercle artistique de Luxembourg) avec la vidéo Sot-l’y-laisse, résolument féministe. Puis il y aura, l’année suivante, une exposition collective à Berlin et une sculpture, Particles, réalisée pour le Trois-CL, toujours visible à la Cité Bibliothèque au centre-ville de Luxembourg.

Et puis plus rien. Ou plutôt beaucoup. Michèle Tonteling, depuis quelques années maintenant, se consacre en effet au cinéma et au théâtre, auxquels elle donne tout son temps.

C’est que ses compétences de costumière et scénographie sont reconnues et appréciées. On en veut pour preuve, entre autres, une présence dans le générique de la série Dark (Netflix) et un prix obtenu en Bavière pour le film Fünf Dinge, die ich nicht verstehe.

Récemment, côté théâtre, malgré les soubresauts dus à la crise sanitaire, elle a même enchaîné cinq pièces consécutives – dont le déjanté Mendy – Das Wusical. Tout ça, au bout du compte, «ça fait beaucoup». Elle ne s’y attendait pourtant pas. «Avec toutes ces fermetures, je me suis dit que je n’allais plus avoir de boulot», dit-elle.

«J’avais envie d’être libre!»

Elle profite donc de la situation, mi-2020, pour repartir à la base et porter son propre projet. Question de créativité : «Quand on travaille avec un réalisateur ou un metteur en scène, les histoires sont déjà écrites, les personnages définis. Là, j’avais envie d’être libre!», ce qui n’arrive que rarement dans son métier, surtout au cinéma, un milieu où tout est «rigide, déterminé.»

Ni une ni deux, elle postule alors pour la bourse stART-up de l’Œuvre Grande-Duchesse-Charlotte (d’une dotation de 25 000 euros), sans vraiment trop y croire : «J’ai décrit ce que j’avais en tête, comme travailler à l’intuition, sur différentes disciplines. Je pensais que ça n’était pas assez concret.»

Mais à la fin de l’année, sa demande est retenue. Surprise, elle convoque à ses côtés deux artistes qu’elle connaît bien : sa sœur Françoise, compositrice-pianiste, et Catherine Elsen, chanteuse – toutes deux étaient déjà présentes sur son projet de fin d’études, en 2014, autour de La Métamorphose de Franz Kafka.

La chorégraphe Annick Schadeck se mêle aujourd’hui au trio pour offrir une exposition dite «performative», fruit d’une «collaboration» serrée : «La Plaie enchantée», soit un grand cocktail de musique, danse, photos et vidéo, qui prend ses quartiers au VEWA (Vestiaire Wagonnage) de Dudelange.

«S’attaquer à une feuille blanche»

Selon ses termes, Michèle Tonteling, à travers cette proposition «patchwork», cherche à «célébrer la beauté» dans une matière «accidentée», à l’instar de ce cliché de fenêtre brisée, réalisé à la gare de Luxembourg, sous les yeux d’un passant ahuri : «Il n’a pas compris ce que je faisais!», se souvient-elle dans un rire, avant de reconnaître qu’au départ, elle aussi était dans le flou : «Créer, c’est comme s’attaquer à une feuille blanche. Elle se remplit au gré des surprises, des hasards, qui sont autant de nouvelles pistes à suivre. On a rarement la possibilité de faire ça!».

Sur l’ancien site industriel (qui verra pousser le futur quartier NeiSchmelz), les machines rouillées et les matériaux, dans leur jus, lui donnent de l’inspiration. Et l’activité sur place, notamment à travers des ateliers participatifs, l’ouvre à une nouvelle passion : la sérigraphie. «C’est intéressant, mais très compliqué!», lâche-t-elle enthousiaste, persuadée qu’elle approfondira le sujet. Mais en attendant, il y a «La Plaie enchantée», qui se dévoile ce week-end.

«Ralentir le rythme, me donner du temps»

«Je suis un peu stressée!», reconnaît Michèle Tonteling, 36 ans, dont le retour en lumière est à voir comme un «come-back». Car malgré ses habitudes et sa carrière, rien n’a été facile. L’artiste multiforme a notamment dû composer avec les particularités du lieu, forcément singulier : «Le VEWA, ce n’est pas un théâtre! Question lumières et sons, il faut faire preuve d’imagination» (elle rit).

Ce qui la ramène à sa routine, au Luxembourg, où là aussi, la flexibilité est de mise : «Il faut souvent se débrouiller toute seule, contrairement à ce qui se passe en Allemagne où le métier est appréhendé dans toute son envergure. Pas besoin alors de courir pour trouver une couturière, un cordonnier…»

Pas de quoi, toutefois, bouder son métier, qu’elle aborde avec la même ardeur qu’à ses débuts. On risque d’ailleurs d’entendre parler d’elle en cette fin d’année, et les suivantes, du moins après le mois de décembre et un prochain film («une coproduction entre la France, la Belgique et le Luxembourg», détaille-t-elle) qui va lui prendre «cinq mois» de travail féroce.

«Avec le cinéma, on ne peut rien faire d’autre à côté!» Ce qui ne l’empêche pas d’espérer une accalmie dans cette vie qui file à grande vitesse. «Ça serait bien de ralentir le rythme et me donner du temps pour créer.» Un pied dans les loges, l’autre sur scène : l’«équilibre» se tente.

«La Plaie enchantée»
VEWA – Dudelange.
Site de l’ancien laminoir (Neischmelz).
Performance samedi et dimanche à 20 h.
Finissage de l’exposition le 28 octobre à 18 h 30.

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