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Europe: des vendanges frustrantes


Dans toute l'Europe, les quantités de raisins récoltés sont faibles. Mais heureusement, la qualité est là. (Photo : Jean-Claude Ernst)

L’Europe du vin fait grise mine, la production a atteint son plus bas historique cette année. Avec 82 200 hectolitres, le Luxembourg est 30% sous la normale.

La production européenne de vin, affectée par des aléas climatiques, va baisser de 14 % en 2017 par rapport à la récolte précédente, a indiqué jeudi FranceAgriMer, qui se base sur des chiffres de la Commission européenne. Ce recul, qui aboutit à une production historiquement basse, est principalement le fait des trois plus gros bassins de production : Italie (-21 %), France (-19 %) et Espagne (-15 %), selon l’organisme public.

La Commission estime à 145 millions d’hectolitres la production globale de vin dans l’Union européenne des 28, en baisse de 14 % également par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Avec 40 millions d’hectolitres, l’Italie reste le premier producteur du continent, devant la France à 36,9 millions et l’Espagne à 36,8 millions. Alors que cette baisse fait d’ores et déjà de ce millésime européen, comme en France, le plus faible volume de l’après-guerre, « les professionnels, eux, pensent que ces estimations sont encore supérieures à ce que va être le résultat définitif », a indiqué Anne Haller, déléguée pour les filières viticole et cidricole à FranceAgriMer. Des « ajustements » qui pourraient se traduire par « encore 2 ou 3 millions d’hectolitres de moins pour la récolte européenne », a-t-elle indiqué.

En France, la production du Bordelais, qui a subi un repli de 45 %, pourrait encore être revue à la baisse. « Les vendanges se terminant, on se rend compte que les conséquences liées à la sécheresse et au gel affectent encore plus la production », confirme Jérôme Despey, viticulteur en Languedoc-Roussillon et responsable de la viticulture à la FNSEA. « Il faut avant tout qu’on arrive à préserver nos parts de marché. Pour cela, on a des stocks fort heureusement », déclare-t-il.

Pas de pénurie en vue malgré tout

Alors qu’au printemps, l’afflux de vins espagnols dans les supermarchés français avait suscité de nombreuses manifestations dans le sud de la France et créé de fortes tensions de part et d’autre des Pyrénées, il est persuadé que la remontée des prix espagnols va aboutir à une revalorisation des prix payés aux producteurs français.

En revanche, il est « particulièrement inquiet » de la baisse de potentiel de production dans certaines régions : « Quand on fait des pertes de production de 30, 40 %, jusqu’à 90 %, même s’il y a une évolution des prix, ça ne compensera jamais », prévient-il, d’autant que les vignerons français sont très peu assurés.

« Nos analyses semblent indiquer qu’en général la qualité sera au rendez-vous », estimait début octobre Ernesto Abbona, président de l’UIV (Unione Italiana Vini). Difficile néanmoins, pour les producteurs italiens de revoir leurs prix à la hausse pour compenser les pertes de production, compte tenu de la mauvaise conjoncture italienne et du fait qu’à l’export, beaucoup de leurs vins sont plutôt situés en milieu de gamme.

Selon des experts, tout risque de pénurie est cependant écarté pour le consommateur européen, du fait des stocks disponibles.

Erwan Nonet

Et au Luxembourg?

Selon les premiers chiffres de l’Institut viti-vinicole de Remich (IVV), les vignerons luxembourgeois ont récolté cette année 82 200 hectolitres de vin lors de ces vendanges. Ce chiffre correspond à celui que les vignerons ont déclaré lors de l’envoi des échantillons au laboratoire de l’IVV, une démarche obligatoire qui permet de vérifier la qualité des jus. Il ne prend donc pas en compte les vendanges tardives, mais elles seront marginales cette année. « C’est exactement le chiffre que nous avions l’année dernière , explique Roby Mannes, du service Viticulture de l’IVV. Cela représente 70 % d’une récolte normale. »

Ce pourcentage est toutefois à prendre avec toutes les précautions qui s’imposent puisque la recherche de la qualité allant croissante, il est logique que la production diminue. « L’AOP limite les rendements et les vignerons adoptent d’eux-mêmes de nouvelles pratiques culturales qui tendent à produire moins, mais mieux. Les ceps de vignes, par exemple, ne sont plus choisis pour qu’ils soient productifs mais parce qu’ils offrent de bons raisins », souligne-t-il. Il est ainsi intéressant de comparer les différentes moyennes de récoltes.

Si l’on prend celle sur la période la plus longue (40 ans), elle est de 130 000 hectolitres par hectare l’année. Si l’on choisit celle des 20 dernières années, on descend à 126 000 hectolitres par hectare et si l’on ne garde que celle des dix dernières années, on arrive à 115 000 hectolitres par hectare.

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