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État de la nation : règlements de comptes


Les députés ont terminé de débattre sur l’état de la Nation et ont réglé des vieux comptes. Les querelles électorales ne font que commencer. 

Plutôt que de débattre des perspectives, les députés ont préféré se chamailler sur le passé pour pointer certains immobilismes et rejeter la faute sur l’autre. Une autre vision de l’état de la Nation.

Si le CSV décide de railler la majorité en pointant les ministres successifs qui ont détenu le portefeuille du Logement depuis 2013, il doit s’attendre à se faire taper sur les doigts en retour.

Xavier Bettel, le Premier ministre, avait préparé sa petite chronologie pour citer les ministres chrétiens-sociaux qui avaient en charge le logement social, puis le logement tout court, dans leurs attributions. Tout le monde connaît le résultat aujourd’hui.

Le député Gilles Roth, agacé par cette litanie, l’interrompt pour glisser qu’à cette époque, «on pouvait encore s’offrir un logement». Personne ne relève. Chacun semble plus préoccupé à régler ses comptes qu’à débattre des problèmes dans lesquels le monde est empêtré, et les Luxembourgeois en particulier, puisqu’il s’agit ici de leur donner des perspectives.

Un flot de critiques

La déclaration sur l’état de la Nation fut plutôt une rétrospective de l’action gouvernementale et de sa gestion des crises, avec un Premier ministre en capitaine de navire pris dans la tempête.

Le Luxembourg s’en est mieux sorti que ses partenaires européens, tout en ayant distribué quelque 5 milliards d’euros d’aide aux entreprises et aux particuliers. Le dernier accord tripartite prévoit, à lui seul, une enveloppe de 1,1 milliard.

Le gouvernement a bien tenu la barre. Le flot de critiques émises par l’opposition passe mal, d’autant que «personne n’a demandé de se retrouver dans une crise sanitaire», rappelle Xavier Bettel.  «Nous avons eu trois tripartites pour répondre à ces situations et je crois que ce qui vous dérange le plus, c’est que l’on tombe d’accord entre partenaires, sans problème», analyse le Premier ministre qui ne se considère pas «à côté de la plaque».

Pour répondre au député Fernand Kartheiser (ADR) qui s’inquiète du sort de la liberté d’expression, Xavier Bettel affirme «qu’il n’y a aucun problème de ce point de vue-là». Il estime normal d’être confronté à des avis différents dans une saine démocratie.

L’opposition CSV qui se régale des divergences entre les partenaires de la majorité, ne fait pas trembler le chef de l’exécutif. «Nous sommes trois partis et c’est normal d’avoir trois avis différents tandis que chez vous, c’est trois avis différents dans le même parti», s’amuse-t-il.

La voix de Dan Kersch

Le député socialiste Dan Kersch est la preuve vivante que personne n’est muselé dans la majorité. Il a la solide réputation de livrer le fond de sa pensée sans se soucier de ses partenaires. C’est la tête qui dépasse et l’opposition se l’arrache pour la renvoyer dans le camp adverse. Quand Dan Kersch martèle que l’argent est là pour mener une réforme fiscale, les chrétiens-sociaux sautent dessus pour apporter de l’eau au moulin.

L’intéressé s’interroge sur le sens de ce débat. «Un jour, vous accusez les députés de la majorité d’être uniquement capables d’opiner du chef, sans jamais rien critiquer, et le lendemain, vous vous plaignez quand on dit ce qu’on pense, il faudrait savoir», balance Dan Kersch.

Si le CSV juge que le gouvernement n’a rien fait depuis neuf ans, ce dernier attend lui aussi que l’opposition lui propose un plan pour réaliser la politique qu’il prône. «Il faut avoir le courage de nous le présenter ce plan au lieu de sauter de joie dès qu’une tête dépasse dans la majorité. Vous voulez tout faire sans avoir le courage d’aller chercher l’argent là où il est. Ce n’est pourtant qu’ainsi qu’on fera une autre politique», assure Dan Kersh, une nouvelle fois.

Surveillance des politiciens

Quand tout le monde finit d’alimenter un dialogue de sourds, le président peut soumettre au vote les sept motions déposées tout au long de ce débat sur l’état de la Nation. Celle de l’opposition CSV relative à une reformulation de certains articles de la loi agraire a été adoptée, après que Martine Hansen a lourdement insisté sur l’urgence de ce débat.

Parmi les motions, il a celle de l’ADR qui réclame un projet de loi pour créer une commission de contrôle parlementaire concernant les activités de surveillance des personnels politiques par la police. Ce n’est pas le Service de renseignements qui s’en occupe, mais bien la police et les députés sont en droit de savoir dans quel contexte elle surveille un parti ou un politicien en particulier.

La motion a été rejetée, mais la discussion a intéressé les pirates qui invitent leurs pairs à prendre le sujet très au sérieux.

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