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Action citoyenne à Bascharage : il faut sauver le Bobësch


Les militants estiment que le périmètre déboisé est plus important que prévu sur les plans qu’on leur a montrés. (Photo : tania feller)

Passerelle à gibier ou pas passerelle à gibier, des arbres ont été abattus samedi et cela ne plaît pas à la BIGS qui y voit une supercherie des Ponts et Chaussées.

La Biergerinitiativ Gemeng Suessem (BIGS), un collectif citoyen, a assisté impuissant à l’abattage d’arbres samedi. «Nous continuerons à nous opposer à la destruction de grandes parties du Bobësch et du Zämerbësch par le projet de contournement encore en cours d’élaboration et nous continuerons à demander un sursis moratoire pour ces plans», expliquait dimanche la BIGS dans un communiqué. «Bien que ce gouvernement ait approuvé un grand nombre de plans nationaux concernant la protection du climat, de l’environnement et de la nature, l’objectif de limiter au maximum l’impact sur la nature de chaque projet d’infrastructure n’est guère pris en compte, comme on le voit clairement dans le cas des gazoducs.»

Pour rappel, cette action de déboisement est motivée par l’administration des Ponts et Chaussées par l’enfouissement plus profond de conduites de gaz et d’Air liquide à hauteur de la route traversant les deux forêts sur une longueur de 100 mètres entre Bascharage et Sanem. Cela dans le cadre de la création du contournement de Bascharage et en prévision de l’installation d’un nouveau four par l’entreprise Guardian Luxguard installée non loin de là. Ou de la construction d’une passerelle à gibier.

Cinq arbres centenaires disparus

Cette action «inopinée» a entraîné la disparition de cinq arbres centenaires et mettra en péril les habitats d’espèces animales protégées – des chauves-souris, notamment – sur un périmètre de 0,115 hectare dans cette zone classée Natura 2000. Ces travaux ont été autorisés par la justice qui a, le 2 décembre dernier, rejeté la demande introduite par le collectif citoyen pour les suspendre.

La zone en question a donc été déboisée de part et d’autre de la route samedi malgré la présence d’une cinquantaine d’opposants au projet grâce à un permis du 19 novembre 2020 de la validité duquel le tribunal administratif devra décider aujourd’hui. Les militants écologistes et habitants des deux communes se sentent dupés.

Des alternatives étaient possibles

«Ce qui se passe ici est purement arbitraire, puisqu’aucune raison valable n’a pu être présentée qui justifierait l’abaissement de la conduite de gaz seulement à cet endroit précis ! Hormis peut-être… la fiction d’une passerelle à gibier – dont il n’existe toujours pas de plan, même après deux ans – ou bien le projet d’un contournement, qui d’après les nouveaux plans présentés n‘impliquerait plus d’abaissement du CR110», dénoncent les militants soutenus par le Mouvement écologique et par natur&ëmwelt. Pourtant, des alternatives auraient été possibles, selon les militants.

Le collectif citoyen se sent abusé. «Une autorisation a été demandée il y a deux ans pour procéder à l’abattage des arbres dans le cadre de la construction de la passerelle à gibier. Nous avons introduit des recours en référé pour tenter de l’empêcher. Le tribunal les a rejetés en raison de l’impact limité du projet sur la nature», explique Patricia Arendt. Or, il s’avère que la surface boisée entamée est plus importante que prévu, selon la BIGS qui s’est également opposée à d’autres abattages dans le cadre du projet de contournement de Bascharage dont elle met la nécessité en doute depuis de nombreuses années.

Déterminés à se battre

«Si nous n’avions pas lu dans presse que la route allait être fermée à la circulation, nous n’aurions pas su que les Ponts et Chaussées allaient procéder à l’abattage avant la décision de justice», explique un autre militant. «Ils ne nous ont jamais montré le vrai plan. Pas non plus en justice. (…) Quand ils parlent de cinq arbres, ce sont cinq arbres protégés et beaucoup d’autres.» Des chênes et des charmes.

L’affaire est complexe et comporte de nombreuses facettes. «En deux ans, tout a changé. Il n’est plus question d’abaisser la route parce qu’un rond-point va être construit. Il n’est plus non plus question de passerelle à gibier», explique le militant. «C’est la confusion totale! Leur argumentation ne tient plus debout», s’emporte Patricia Arendt. «Ils ont utilisé l’excuse du gazoduc pour créer un fait accompli. François Bausch a lui-même reconnu lors d’un débat au Parlement que les travaux n’avaient rien à voir avec la passerelle ou le contournement. Alors dans ce cas, pourquoi enfuir le gazoduc plus profondément seulement à cet endroit? Ce n’est pas logique.»

Nous restons déterminés à nous battre

L’incompréhension règne du côté du collectif citoyen. Le fait est que la végétation a été rasée et qu’elle mettra des années à repousser. «Il ne s’agit pas d’être défaitistes, même si nous ne sommes pas parvenus à l’éviter en utilisant des moyens normaux. Mais nous restons déterminés à nous battre pour la conservation du Bobësch», explique Patricia Arendt qui compare la surface déboisée à une cicatrice dans cette longue bande verte.

La BIGS est remontée. «Le ministère se cache derrière l’étiquette écologique du projet pour certifier que la nature sera sauvegardée. C’est pervers! La route devait être abaissée dans le cadre du contournement de Bascharage, pas pour construire une passerelle à gibier fictive», note le militant. D’autant plus, ironise Patricia Arendt que «quand ils auront fini, il n’y en aura plus besoin».

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