Le service météorologique luxembourgeois nous a ouvert ses portes, entre deux prévisions, pour nous montrer l’envers du décor.
C’est au dernier étage de l’administration de la Navigation aérienne que tout se passe. Depuis 1947, l’unique service météorologique du Luxembourg, MeteoLux, y prédit la pluie et le beau temps, avec une vue privilégiée sur l’aéroport du Findel et ses pistes d’atterrissage.
Dans ces deux petits bureaux, où trônent une vingtaine d’écrans d’ordinateur, prévisionnistes, météorologues et climatologues se relaient, jour et nuit, pour assurer un suivi des conditions météo. À la fois pour les pilotes d’avion et pour le grand-public. «Sans météo, on ne vole pas», glisse à ce propos Luca Mathias, météorologue, qui nous fait faire le tour du propriétaire. Ici, pas de gros moyens à la Météo-France, mais plutôt une «expertise manuelle», dont le jeune homme est plutôt fier. «Le facteur humain est très important dans notre métier, nous ne pouvons pas tout automatiser non plus», explique-t-il.
Nébulosité, pression ou encore direction du vent : les observateurs de MeteoLux enregistrent un certain nombre de critères et envoient un message codé toutes les 30 minutes aux pilotes d’avion. Une missive contenant beaucoup d’informations, mais rédigée de «manière concise», détaille Luca Mathias en nous montrant les différents écrans présents dans la pièce principale.
Difficile au premier coup d’œil de comprendre réellement de quoi il s’agit : une suite de chiffres et de lettres danse sous nos yeux, «ELLX 03132 OZ WIND…» sans même créer de phrases concrètes. Mais pas de quoi inquiéter les météorologues présents, qui maîtrisent, eux, parfaitement ce langage. «Nous faisons des prévisions courtes, pour les prochaines heures, mais aussi pour les prochaines nuits, afin d’aider les pilotes qui atterrissent à lux-Airport.»
Deux autres bulletins météo sont envoyés chaque matin et après-midi pour, cette fois, informer le grand public. Le jour de notre visite, une alerte jaune «grand froid» avait été déclarée le matin même et actualisée au cours de la journée, selon les données visibles par MeteoLux. «Nous avons des images satellites, mais aussi différents radars qui nous permettent d’émettre ce genre d’alerte», rapporte le météorologue.
Des centaines de carnets de données
Juste à côté de la salle d’observation se trouve le bureau d’Aline Freyermuth, climatologue, dont l’un des rôles principaux est l’archivage des données. Devant elle, à l’intérieur d’une immense armoire, plusieurs centaines de carnets sont stockés. Ils contiennent à eux seuls toute la documentation météorologique du Luxembourg depuis 1946. Car la seule station synoptique du pays a été créée au même moment que l’aéroport, il y a 76 ans. «Mon rôle est d’étudier le passé pour évaluer le présent et prévoir l’avenir», s’amuse Aline, qui ne cache pas son enthousiasme à nous montrer une petite pépite.
Après quelques minutes de fouille dans son armoire à données, la jeune climatologue sort un carnet très précieusement et l’ouvre devant nous : il s’agit du tout premier cahier de relevés météorologiques du Luxembourg, qui recense, pour chaque jour de l’année, quel temps il a fait dans le pays, heure par heure. Une vraie mine d’or pour un climatologue. Aujourd’hui encore, ces données sont enregistrées par Aline, toujours à la main, dans des carnets, avant d’être numérisées et classées sous format PDF et dans des tableaux Excel, pour plus de sûreté.
Un parc rénové en 2021
Notre visite dans les locaux de MeteoLux se termine sur un petit balcon qui donne directement sur le tarmac de l’aéroport. Là, tout le long de la piste, divers instruments de mesure permettent à Luca et son équipe de réaliser leurs prédictions. D’autres outils se situent non loin de là, de l’autre côté de l’aéroport. Le parc météo a été complètement changé en 2021, pour disposer d’appareils plus performants et précis.
Mais un instrument particulièrement curieux attire très vite notre attention. Une sorte de sphère, disposée tout au bout du balcon… «Il s’agit d’un héliographe», commente Luca Mathias en souriant malicieusement. «C’est un outil qui nous permet de mesurer le temps d’ensoleillement.» Cette boule de cristal d’environ dix centimètres de diamètre est ainsi exposée au soleil et brûle la feuille de papier située juste en dessous de sa surface : la partie brûlée de la feuille indique les moments de la journée où le soleil a brillé sans nuages.
C’est une méthode qui date de 1853, mais qui est toujours utilisée par l’équipe de MeteoLux actuellement. «Je me sers aussi de repères visuels : la fumée qui s’échappe de Cattenom par exemple…», confie Luca Mathias.
Des méthodes un peu vieille école, mais qui n’empêchent pas l’équipe de se moderniser : MeteoLux a lancé dernièrement sa propre application mobile, qui recense déjà plus de 17 000 utilisateurs actifs. Et une nouvelle mise à jour l’été prochain.