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Elle-même greffée, Nadine Everling veut sensibiliser au don de moelle


L’infirmière anesthésiste a retrouvé le sourire grâce au don de moelle osseuse de son fils aîné. (photo Alain Rischard]

À l’occasion des journées de sensibilisation au don de moelle osseuse qu’elle a organisées aux HRS, Nadine Everling témoigne. Atteinte d’une leucémie, elle a pu bénéficier des cellules souches saines de son fils.

En découvrant un matin d’octobre 2021 ses jambes tapissées de bleus et de pétéchies, Nadine Everling sait immédiatement ce qu’elle a. Elle se rend aussitôt aux Hôpitaux Robert-Schuman, où depuis 30 ans elle travaille, d’abord en tant qu’infirmière anesthésiste, puis comme responsable de service. Elle fait une prise de sang dont les résultats viennent confirmer son diagnostic. Avec un taux de leucocytes bien trop élevé, elle est, à 50 ans, atteinte d’une leucémie myéloïde aiguë, un cancer du sang dont l’origine est un dysfonctionnement de la moelle osseuse.

Dire que le ciel lui tombe sur la tête est un euphémisme. Il y a bien eu quelques signes avant-coureurs de la maladie : une grande fatigue – mais comment ne pas l’être quand on travaille à l’hôpital en pleine pandémie de covid – et quelques bleus inexpliqués apparus par-ci par-là sur ses jambes quelques semaines avant ce fameux matin. «Je ne fumais pas, je mangeais sainement, faisais du sport…», tient-elle à préciser comme si une justification s’imposait alors que ce type de cancer, c’est «vraiment la faute à pas de chance».

Rendez-vous est alors pris au CHL où quatre cycles de chimiothérapie sont programmés. Concrètement, explique-t-elle, «cela signifie passer, pour chaque cycle, une semaine de chimiothérapie en continu, puis cinq semaines d’attente en quarantaine à l’hôpital. Pas question de sortir ni de recevoir de la visite, c’est très dur.»

Son oncologue est confiant, c’est un type de leucémie qui se guérit bien avec de la chimiothérapie, lui assure-t-il. Et au bout de deux cycles seulement, cela se vérifie : les résultats sont bons, un troisième et dernier cycle de chimiothérapie devrait permettre de venir à bout du cancer. Une délivrance. «Fin janvier 2022, je pouvais rentrer chez moi, j’ai recommencé à travailler le 1er avril», se rappelle Nadine Everling.

Un don indolore

Bien sûr, elle doit se soumettre à des tests réguliers et c’est au cours du deuxième, au mois de mai, que la mauvaise nouvelle tombe : «On remarque qu’il y a de nouveau des cellules cancéreuses. Je ne m’y attendais pas du tout», soupire-t-elle. Changement de traitement : une transplantation de cellules de moelle osseuse saines est sa seule chance de guérison.

Après examens médicaux, ses deux fils de 20 et 25 ans, Frédéric et Maurice, ainsi que sa sœur se révèlent compatibles. Une chance inouïe, s’exclame la mère de famille. C’est Maurice qui sera finalement choisi, parce que contrairement à Frédéric qui fait ses études en Autriche, lui se trouve dans le pays à ce moment-là. En plus, les médecins préfèrent que le donneur soit un homme, le fait d’avoir eu plus de deux grossesses diminuant les chances de réussite.

Après avoir suivi pendant une semaine un traitement pour stimuler sa moelle osseuse, qui lui donnera quelques maux de tête et nausées, Maurice se rend en juillet dans l’un des sites du CHU de Namur, à l’hôpital de Mont-Godinne, habitué à gérer ce type de greffe. Là, il est relié à une machine qui lui prélève son sang, le trie et en sépare les cellules souches.

Si le procédé peut sembler invasif, il n’en est rien : Maurice a donné ses cellules de moelle osseuse sans ressentir plus d’inconfort que lors d’un don du sang traditionnel. (photo DR)

Le prélèvement dure moins de quatre heures et est aussi indolore qu’un classique don de sang, assure Nadine Everling. Les quelques centaines de millilitres de cellules prélevés sont ensuite congelés (photo). Le 17 août, elles sont enfin injectées à Nadine Everling, qui a auparavant subi une nouvelle chimiothérapie pour débarrasser son corps de toutes ses cellules cancéreuses, mais aussi de sa propre moelle osseuse. Il faut à présent attendre le résultat, pour voir si la greffe a bien pris. Une attente loin d’être de tout repos, car malheureusement, la tout nouvellement transplantée fait un graft versus host disease, autrement dit, un rejet partiel des nouvelles cellules, pour lequel elle prend d’ailleurs encore un traitement antirejet.

Toutefois, au bout d’un mois, le «chimérisme est complet» : les caractéristiques de la moelle osseuse de Maurice sont identiques à la sienne. «Je suis ce que l’on appelle une chimère, sourit Nadine Everling, j’ai deux ADN maintenant.» Comment se sent-elle à présent? «Très bien», répond-elle. «Je me repose davantage, j’arrive à dire non plus facilement et j’écoute les signaux que m’envoie mon corps – un peu trop même», glisse-t-elle dans un grand sourire. Puis son ton se fait plus sérieux : «Une personne sur trois au Luxembourg n’a pas la chance que j’ai eue d’avoir un donneur compatible.»

D’où l’idée d’organiser ces journées de sensibilisation aux HRS, avec l’ASBL Plooschter Projet, une expérience qui sera sans nul doute reconduite l’année prochaine. Trouver des donneurs potentiels, «c’est ma façon de remercier la chance d’avoir eu trois personnes compatibles quand j’ai été malade», conclut-elle.

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