Accueil | A la Une | Elle campe devant la Chambre des députés : «Ce gouvernement se fiche des pauvres»

Elle campe devant la Chambre des députés : «Ce gouvernement se fiche des pauvres»


Militante de déi Lénk, la jeune Nora Schneider veut dénoncer le virage sécuritaire entamé par le nouveau gouvernement. (Photo : hervé montaigu)

Ce vendredi, premier jour de l’entrée en vigueur de l’interdiction de la mendicité dans la capitale, une jeune militante s’est installée au pied du Parlement pour protester. Elle compte revenir tous les jours.

Impossible de la rater, assise au sol au milieu de ses pancartes étalées au pied des escaliers de la Chambre des députés : Nora Schneider, 20 ans, a décidé de s’installer là tous les jours, sur les pavés, en signe de protestation contre l’interdiction de la mendicité dans les rues de Luxembourg.

«Ce règlement contre les mendiants est inacceptable, c’est vraiment monstrueux. Ces gens n’ont rien et doivent faire face au froid glacial de l’hiver qui s’installe», dénonce la jeune femme, dont le visage n’est pas tout à fait inconnu puisqu’elle a été candidate pour le Centre aux dernières élections législatives, sous la bannière déi Lénk.

«C comme Chasse aux mendiants»

Elle pointe notamment le fait que cette mesure, adoptée fin mars par le conseil communal avant d’être annulée par l’ex-ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, reçoive subitement le feu vert de son successeur, le chrétien-social Léon Gloden.

Sur les documents plastifiés qu’elle a disposés autour d’elle, on peut d’ailleurs lire les attaques de son parti en lettres noires et rouges : «CSV, C comme copinage, C comme Chasse aux mendiants.»

«Mettre la pression sur le gouvernement»

Engagée activement dès son adolescence au sein du collectif Rise for Climate dont elle bénéficie aujourd’hui du plein soutien, Nora compte bien mobiliser l’opinion publique sur le sujet et souhaite afficher sa détermination auprès des élus du pays.

«On veut mettre la pression sur le gouvernement. On ne compte pas s’arrêter, ce n’est qu’un début», affirme-t-elle, les joues rosies par le froid.

Elle ne comprend pas que les autorités puissent réagir à la précarité en la stigmatisant : «Je suis quasiment tous les jours en ville et je n’ai jamais été menacée par un sans-abri. S’ils demandent de l’argent, c’est pour s’acheter à manger et pouvoir se payer une place où dormir le soir.»

Inquiète face au risque d’un «État policier»

Nora fustige également l’hypocrisie du règlement en question, qui permet la mendicité seulement entre 22 heures et 7 heures. «Ça n’a aucun sens, on sait très bien que les rues sont désertes la nuit», glisse-t-elle en haussant les épaules.

«Ce gouvernement se fiche des pauvres. Il se concentre sur les entreprises et les couches de la population les plus privilégiées. Ce n’est pas le monde dans lequel je veux vivre», confie-t-elle, ne cachant pas son angoisse face à ce qu’elle identifie comme un glissement vers «un État policier».

«Tout indique qu’on va dans cette direction puisqu’il est question de renforcer davantage la répression et même d’équiper les forces de police avec des Tasers», se désole-t-elle.

Des actions ces prochaines semaines

Alors que des passants viennent la voir, discutent et l’encouragent, Nora pense déjà à la suite : «J’ai prévu de revenir ici tous les jours, en tout cas tant que mes forces me le permettront. D’autres jeunes de déi Lénk me relaieront si besoin», assure-t-elle en réajustant son bonnet trempé par la pluie.

Car après les nombreuses réactions médiatiques des élus de l’opposition ces derniers jours, la riposte s’organise du côté des militants cette fois : «On a planifié une série d’actions ces prochaines semaines, incluant de la sensibilisation et la distribution de nourriture aux plus démunis à différents endroits de la ville.»

Plus vite que la justice

Rappelons que dans ce dossier brûlant – qui fera l’objet d’une heure d’actualité mardi prochain à la Chambre à la demande de la fraction socialiste – le tribunal administratif, saisi au mois d’août par la Ville de Luxembourg, n’a toujours pas rendu sa décision.

Taina Bofferding a ainsi estimé qu’«en agissant de la sorte», Léon Gloden avait tout bonnement «enlevé le choix aux juges».

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.