Les Roud Léiwen ont tant à analyser et confirmer contre un autre adversaire à leur mesure, après la Slovaquie, que l’ogre du groupe arrive trop tôt.
L’ambiance est un peu curieuse autour de la sélection luxembourgeoise. Et les conversations, embarrassantes. Holtz et ses gars sont revenus de Slovaquie avec un point et des sentiments extrêmement confus, partagés entre cette certitude de n’avoir pas du tout été au niveau de ce qu’ils savent faire dans la construction et celle de ne pas s’être immédiatement rendu compte à quel point ils avaient été, malgré tout, au même niveau que l’adversaire.
Intransigeant et monocorde après la rencontre, «pas satisfait par la manière» un point c’est tout, le sélectionneur a depuis revu sa copie : «Je suis nettement moins critique sur notre prestation.» C’est un peu la raison qui reprend ses droits, car les Roud Léiwen, à Trnava, n’ont jamais été mis en difficulté par autre chose que leurs propres approximations. Et il était évident qu’ils avaient de la marge. Francesco Calzona, son homologue, a ainsi admis que «si ce match s’était joué en septembre, on l’aurait perdu 4-0».
Fatalement, quand Luc Holtz a pesté de nouveau sur le «manque de variation des courses», l’absence d’initiatives visant à «chercher derrière les lignes en jouant aérien plutôt que toujours au sol», mais aussi «l’imprécision et les mauvais choix alors qu’il y avait des récupérations intéressantes», quand il a encore poursuivi en disant que «ce scénario nous servira la prochaine fois», on s’est dit : mais oui, ce serait bien de rejouer immédiatement un outsider!
C’est le grand retour de la «bête»
Une Islande ou une Bosnie, voilà ce qu’il aurait fallu, comme calendrier. Dans ce groupe où tout ou presque semble possible – ce qui ne veut pas dire que ça le soit –, cerner le niveau réel de cette équipe et déterminer les aspirations qu’elle peut (ou doit) avoir en 2023 aurait pu trancher bien des débats stériles du moment. Dont celui, essentiel… parce qu’inutile, du nombre de points à envisager. Le Portugal arrive trop tôt. Pour nos joueurs en tout cas. Ils auraient eu besoin de trancher la question du niveau par rapport aux nations qui valent un top 50 mondial. Y sont-ils presque? Visiblement, cela les perturbe un peu.
Pour le public, aujourd’hui, la question n’existe même pas. Elle est parasitée par l’événement. Le court terme prime sur le moyen terme et tout le Grand-Duché regarde ailleurs. On ne peut pas lui parler du niveau de son équipe quand ses supporters, surexcités, pensent match de gala. On ne peut pas lui soumettre une analyse sur le jeu de sa sélection quand il n’est travaillé que par l’émotion du retour de la «bête».
Voilà en effet que revient le monstre Cristiano Ronaldo, orgueil national du Portugal, entré un peu plus au panthéon du ballon rond par la grâce de sa 197e sélection, jeudi, contre le Liechtenstein. Elle fait de lui le joueur le plus capé, tous sports confondus, de l’histoire. Du monde. Et même, tiens, de l’histoire du monde. Comment l’intérêt sportif national pourrait-il peser contre une légende qui continue de s’écrire et va passer une nouvelle fois par Luxembourg? Eh bien, en déboulonnant la statue, tiens! En créant l’exploit! Car si ce n’en est plus un d’accrocher la Slovaquie chez elle, c’en serait un de le faire contre la Seleçao à la maison. À condition qu’il ne soit pas trop tôt.