Largement majoritaire à la CSL, l’OGBL aborde le double scrutin du 12 mars avec l’objectif de rester «plus que jamais» la «force syndicale incontournable» au Luxembourg. La campagne bat son plein.
On entame aujourd’hui la dernière ligne droite de notre campagne, en présence de ceux qui s’élanceront aux élections sociales. Cela ne pouvait pas être autrement», clamait Nora Back, mardi matin, dans la grande salle de réunion de la Maison du peuple, garnie par plusieurs dizaines de candidats qui vont tenter, le 12 mars prochain, de «consolider et renforcer» la position de l’OGBL comme premier syndicat du pays. «Plus que jamais, on doit être incontournable. En ces temps difficiles, nous sommes la seule force qui a le courage et la capacité de s’opposer aux attaques du camp politique et patronal contre les intérêts des salariés», renchérit la présidente de l’OGBL, qui est également la présidente sortante de la Chambre des salariés (CSL).
Lors des cinq dernières années, le Luxembourg dans son ensemble, «mais, plus particulièrement encore, les travailleurs et leurs familles», ont été confrontés à de nombreuses crises. La pandémie de covid a été suivie par la crise énergétique et inflationniste, provoquée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Grâce à la force de frappe que les électeurs lui ont conféré lors des élections sociales de 2019 (35 élus sur 60 à la CSL, 3 788 délégués du personnel), l’OGBL aurait réussi à sauvegarder les intérêts essentiels des quelque 600 000 salariés et pensionnés, résidents et frontaliers confondus. Car, souligne Nora Back, «le poids de l’OGBL face au gouvernement ou au patronat n’est pas lié à sa présidente ou à son bureau exécutif. Le rapport de force est défini par notre présence à l’intérieur des entreprises et au Parlement du travail qu’est la CSL».
Sauvegarde intégrale de l’index, plafonnement des prix de l’énergie, adaptation partielle du barème d’imposition à l’inflation, réindexation des allocations familiales, hausses régulières du salaire social minimum et une réduction du temps de travail (un jour de congé et un jour férié supplémentaires) sont les acquis que soumet l’OGBL aux électeurs.
Sans surprise, Nora Back a tenu à revenir, mardi, sur la manipulation de l’indexation des salaires et pensions, décidée par la tripartite au printemps 2022, sans l’aval de l’OGBL. «La lutte fut rude, mais grâce aussi au grand soutien que nous avons obtenu, on a réussi à rétablir le mécanisme dans son intégralité. Sans l’OGBL, les salariés et pensionnés n’auraient pas eu droit au pouvoir d’achat supplémentaire dont les autres acteurs de la tripartite voulait les priver», martèle la présidente de la confédération syndicale indépendante.
En vue de la prochaine législature – politique et sociale – Nora Back et l’OGBL tiennent à faire passer un message clair : «Pas question de manipulation, de report, de plafonnement ou de changement du panier de la ménagère. On ne touche pas à l’index». Le discours est tout aussi clair sur l’attaque présumée que prépareraient CSV et DP contre le système de pension public et solidaire.
«On se trouve face à un nouveau gouvernement conservateur-libéral dont bon nombre de priorités sont à l’opposé des nôtres », fait savoir la cheffe de file de l’OGBL, qui vise aussi à conserver son mandat de présidente de la CSL. En fin de compte, les élections sociales seraient au moins aussi importantes pour la démocratie que les élections législatives. «On parle beaucoup de démocratie, du modèle luxembourgeois et de l’importance du dialogue social. Il n’y a rien de plus important que les élections sociales pour défendre ces valeurs sociétales», termine Nora Back, en espérant que le taux de participation à ce «scrutin le plus démocratique du pays» soit à la hausse.
En 2019, seuls 32,6 % des salariés et pensionnés avaient fait entendre leur voix.
«On est opposés à toute
détérioration des pensions»
L’invitée surprise de ces élections sociales est le système des pensions. Nora Back admet avoir été «un peu soulagée» que cette thématique n’a pas été évoquée par les partis en lice pour les législatives du 8 octobre dernier. «Or, très vite, après le scrutin, on a pris en pleine figure des annonces comme quoi il fallait mener une discussion sur notre système de pension, qui reste un des meilleurs au monde», fustige la présidente de l’OGBL.
Elle rappelle que la réserve de 24 milliards d’euros n’est pas à négliger. En aucun cas, le débat qui s’annonce, «que l’OGBL est prêt à mener», devrait avoir pour conclusion «toute détérioration» des prestations de pension, ancrées dans «notre fort système publique et solidairement financé». Ce genre d’«attaque» reste intolérable aux yeux du premier syndicat du pays, qui redoute un «système à deux classes» si l’État finirait par soutenir davantage les pensions privées et complémentaires, au lieu de renforcer les pensions légales.