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Deux ans avec sursis requis pour avoir mortellement fauché un jeune sur l’A4


Pour le représentant du parquet, l'homicide involontaire ne fait aucun doute : «C'était une erreur de s'arrêter sur les voies et de sortir de voiture. Mais cela ne dédouane pas le prévenu.» (illustration Julien Garroy)

Le parquet requiert aussi une amende et une interdiction de conduire contre le chauffard qui avait fauché un jeune Français sur la bretelle de sortie près du Monkeler à Esch en 2016 et pris la fuite.

« Quand on prend le volant avec 1,84 g d’alcool par litre de sang et qu’on ne voit pas quelqu’un devant la voiture, rien n’est dû au hasard. C’est une situation qu’on a provoquée délibérément. Celui qui prend le volant en état d’ivresse expose toutes les personnes qu’il croise à un grand risque. » Mercredi matin, en fin du procès de l’accident mortel survenu le 18 juin 2016 à Esch, le substitut principal n’a pas tourné longtemps autour du pot. Il a commencé son réquisitoire en parlant d’un «accident tragique».

Un «accident tragique», pas uniquement parce qu’un jeune homme de 24 ans a perdu sa vie, mais également en raison du malheureux concours de circonstances. «Tout a commencé par une idiotie.» Juste avant le drame, les occupants du véhicule de la victime étaient en colère contre un camionneur qu’ils avaient croisé sur l’A4. Appels de phares, coups de klaxon… d’après le témoignage du routier, ils avaient mis le paquet pour tenter de faire passer leur message. Le chauffeur du camion avait réagi aux signes. Il avait quitté l’autoroute. Dans la bretelle de la sortie menant à la zone Um Monkeler, les deux véhicules s’étaient arrêtés. Et le conducteur de l’Infiniti était descendu, visiblement pour se porter au niveau de la cabine du routier… Et c’est là que le prévenu était arrivé avec son Opel Frontera depuis Lallange sur la voie d’en face. La victime décédera sur le coup.

La défense du prévenu de 48 ans, plaidant l’acquittement, avait remis en question le «fait fautif» du prévenu au moment de l’impact. Mais pour le représentant du parquet, l’homicide involontaire ne fait aucun doute : «C’était une erreur de s’arrêter sur les voies et de sortir de voiture. Mais cela ne dédouane pas le prévenu.»

Certes au moment de l’accident, il faisait nuit, mais sur son chemin d’approche, il aurait dû voir l’obstacle sur la chaussée : «L’obstacle était visible pour tout le monde. Quand deux véhicules sont immobilisés sur les voies de la sortie de l’autoroute, il faut réagir.» Il est vrai que le prévenu aurait réagi en décélérant. Selon les calculs de l’expert, il roulait entre 55 et 65 km/h au lieu des 130 km/h autorisés.

«Il aurait dû voir la victime»

«Comme la Jeep était garée en partie sur la ligne blanche, la victime se trouvait forcément sur la voie du prévenu quand elle est sortie et donc dans son champ de vision, argue le substitut principal. Donc devant lui. Il aurait dû la voir !» Tel ne fut toutefois pas le cas. On se souvient des déclarations du quadragénaire, mardi, à la barre.

Bref, pour le parquet, l’argument de la défense selon lequel l’accident est survenu par un cas fortuit ou cas de force majeure ne tient pas la route. «Le quadragénaire aurait eu le temps de réagir. Mais il n’y a pas eu de réaction : aucun freinage, aucune manœuvre d’évitement», constate le parquetier. Et d’insister sur son état d’ivresse : «Il avait 1,8 g d’alcool par litre de sang lors de l’accident.»

À la conduite en état d’ivresse et l’homicide involontaire s’ajoute le délit de fuite après le drame. En raison de la gravité des faits, le parquet requiert deux ans de prison et une amende. Vu son casier judiciaire sans inscription, il est d’accord que la peine soit assortie du sursis intégral. Pour l’interdiction de conduire d’un total de six ans, il demande néanmoins deux ans d’interdiction ferme au moins.

«C’est un dur réquisitoire», a estimé Me Philippe Penning en fin d’audience. Son client, quant à lui, a une nouvelle fois exprimé ses regrets à la barre : «Je suis profondément désolé pour ce qui s’est passé cette nuit-là.» Depuis ce jour, sa vie est complètement bouleversée, a encore déclaré le quadragénaire actuellement suivi par un psychiatre. Après les faits, il avait passé cinq jours en prison.

La 16e chambre correctionnelle rendra son jugement le 15 novembre.

Fabienne Armborst

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