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Dès 2026, l’école obligatoire jusqu’à 18 ans


Le ministre Claude Meisch a été sévèrement critiqué par Martine Hansen, la cocheffe de fraction du CSV. (photo archives LQ/Julien Garroy)

L’obligation scolaire va passer de 16 à 18 ans. La mesure, validée jeudi par la Chambre des députés, doit permettre de mieux lutter contre le décrochage scolaire. Différentes options seront mises en place.

Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch (DP), avait pris tout le monde de court en annonçant, à la rentrée 2021/2022, vouloir augmenter l’obligation scolaire de 16 à 18 ans. Au bout d’un long bras de fer, la mesure, visant prioritairement à endiguer le décrochage scolaire, a finalement été validée jeudi par une courte majorité à la Chambre des députés. Même les 31 élus de la majorité n’ont pas voté de gaieté de cœur cette nouvelle loi. La précision du rapporteur Gilles Baum (DP) selon laquelle le but n’est pas «de forcer les jeunes à rester assis deux ans de plus sur un banc d’école, mais de vraiment encadrer individuellement les jeunes en difficulté» afin d’obtenir un diplôme, n’a pas eu le don de convaincre les nombreux opposants à cette mesure.

Accord sur l’objectif, pas sur les moyens

«On est d’accord avec l’objectif de réduire le décrochage scolaire, mais cela ne sera pas possible en augmentant l’âge de l’obligation scolaire», fait remarquer Martine Hansen (CSV). Tout comme la cheffe de fraction du principal parti de l’opposition, les orateurs de déi Lénk et du Parti pirate ont insisté sur le fait qu’il aurait été préférable de mettre davantage l’accent sur une modernisation du système scolaire, qui «ne tient pas compte de l’hétérogénéité et la diversité de la population scolaire».

«Les inégalités sociales ne font que s’accroître», déplore encore Myriam Cecchetti. «Dès l’enseignement fondamental, il faut mettre en place un meilleur encadrement des élèves afin d’identifier plus rapidement les problèmes rencontrés et leur offrir une perspective professionnelle claire. Ici, la seule intention est d’embellir les chiffres», ajoute Sven Clement.

Ils sont 88 % sans occupation

Parmi les décrocheurs, seulement 12 % exercent un emploi rémunéré. Les 88 % d’élèves décrocheurs restants sont des «NEET» (un sigle anglais), c’est-à-dire qu’ils ne sont ni employés ni inscrits dans une école ou une formation continue. Ce chiffre interpelle plus particulièrement le ministre.

Le Statec livre d’autres chiffres marquants. Les personnes avec un niveau secondaire inférieur affichent le taux de chômage le plus élevé, 8,5 %. Ce taux descend à 5,5 % pour les détenteurs d’un diplôme de fin d’études secondaires. Le risque de pauvreté guette 26,5 % des personnes faiblement qualifiées, contre 16 % de ceux qui ont décroché un diplôme.

«Il ressort d’études internationales qu’une scolarisation plus longue et une instruction de qualité permettent aux jeunes d’acquérir les bases qui (…) contribueront au développement de leur éducation (…) et leur permettront par la suite une meilleure employabilité et intégration sociale», avance, dans son rapport, le député Gilles Baum.

Même le LSAP et déi gréng, qui siègent tous les deux dans la majorité, restent sceptiques. «On est convaincus que la seule augmentation de l’obligation scolaire à 18 ans n’est pas suffisante. Le système scolaire doit changer en revalorisant les critères de promotion, en adaptant l’apprentissage des langues ou en encourageant l’alphabétisation en français», énumère la députée socialiste Francine Closener. L’élue verte Djuna Bernard a, elle, déploré les «nombreuses controverses en raison des malentendus générés par l’annonce-surprise de cette loi».

Une chose reste toujours peu claire : ce à quoi vont exactement ressembler les Centres d’insertion socio-professionnelle (CISP) chargés de prendre en charge les élèves en décrochage ou en difficulté scolaire. «On est censé acheter un chat dans le sac, sans savoir ce qu’il en adviendra d’ici 2026. Le CSV n’a pas assez de confiance dans ce ministre pour lui accorder un chèque en blanc», renchérit Martine Hansen.

L’entrée en vigueur de la loi est, en effet, décalée à la rentrée 2026/2027. «L’État se donne l’obligation de mettre en place, endéans trois ans, des structures mieux adaptées aux besoins de ces jeunes», rétorque Claude Meisch.

La concession du ministre Meisch

Fred Keup (ADR) estime, lui, que «tout le pays est opposé à l’obligation scolaire à 18 ans, sauf le ministre et les élus de la majorité». Il fait référence aux avis très critiques émis sur le projet de loi. Le Conseil d’État, la Chambre de commerce, la Chambre des salariés et même la Conférence nationale des élèves (CNEL) doutent ouvertement que la mesure prise permette d’atteindre l’objectif défini.

Le ministre de l’Éducation nationale se dit toutefois convaincu que «nous devons nous occuper de ces jeunes. Il n’est pas suffisant de miser sur la prévention», réclamée par les autres partis. «La lutte contre le décrochage nécessite un effort permanent. Je suis d’accord : il faut continuer à travailler sur les points d’amélioration cités lors du débat», admet pour finir Claude Meisch.

Les futures «obligations scolaires»

ÂGE À partir de la rentrée 2026/2027, l’obligation scolaire sera augmentée de 16 à 18 ans.

CONDITIONS Il faudra être obligatoirement inscrit dans une école, au Luxembourg ou à l’étranger, ou suivre des formations spécifiques, proposées par les Centres d’insertion socio-professionnelle (CISP). L’enseignement à domicile est une autre option.

DISPENSES Les jeunes qui entament dès 15 ans leur apprentissage professionnel ne sont pas concernés par la nouvelle clause d’âge. Il en va de même pour les jeunes qui, à 16 ans, sont en possession d’un contrat de travail.

SANCTIONS Si l’obligation scolaire n’est pas respectée, une mise en demeure est envoyée aux parents. Sans reprise des cours ou de la formation au bout de huit jours, le Tribunal de la jeunesse sera saisi par le ministère de l’Éducation nationale. Une nouvelle absence non justifiée après la mise en demeure aura la même conséquence.

Une «perte» de 1 736 élèves

Les derniers chiffres disponibles datent de 2020/2021. Lors de cette année scolaire, le ministère a enregistré 1 736 décrocheurs scolaires. Parmi eux se trouvaient 647 élèves âgés de moins de 18 ans, soit 37,27 %. La moyenne annuelle des mineurs quittant l’école sans diplôme varie entre 500 et 650. La plupart appartiennent à la catégorie des 16-18 ans.

Le taux global de décrochage se chiffrait en 2021 à 9,3 % de la population scolaire. La moyenne européenne s’élevait à 9,7 %.

«Les raisons qui poussent les élèves à quitter l’école avant d’obtenir une qualification sont multiples et diverses. Le manque de motivation, le manque ou le mauvais choix de formation, la mauvaise orientation ou encore des problèmes de santé sont en tête de la liste invoquée par les adolescents», renseigne le rapport de Gilles Baum. «Par ailleurs, il s’agit souvent de jeunes issus de milieux défavorisés ou de jeunes ayant des problèmes de discipline», poursuit l’élu.

 

Un commentaire

  1. l'observateur

    interessant il n’y a pas de solution miracle
    il pourrait etre instructif bien que difficile de faire une comparaison avec le systeme canada/Québec a 3 niveaux sans réelle limite d »age quant a l’entrée sur le marché du travail on parle pour certains en parallele de scolarité d’enfants de 12 ANS !! En apprentissage pro/metier
    c’est radicalement différent de ce qui se fait en europe