Alex Kirsch va découvrir la Grande Boucle du haut de ses 30 ans et fort d’une déjà longue expérience dans la mission qui sera la sienne.
Le petit Nicolas gazouille auprès de son cycliste de père, afféré à préparer sa valise. Alex Kirsch profite des derniers jours en famille avant de rejoindre ses coéquipiers au Danemark pour le grand départ du Tour. L’annonce de la participation du coureur luxembourgeois est venue le matin même…
Votre première participation au Tour de France est, on l’imagine, une grande nouvelle pour vous…
Alex Kirsch : D’un côté, j’ai été bien sûr soulagé. En début de saison, je devais participer au Giro avec l’idée d’épauler Giulio Ciccone, qui avait des ambitions pour le classement général. Puis, pendant la saison des classiques, Mads (Perdersen) a prouvé sa valeur et j’étais à ses côtés pour le soutenir.
Donc, il y a eu par la suite des changements de programme, puisque Mads faisait ensuite du Tour un objectif pour des succès d’étapes. L’annonce de ma sélection m’a soulagé. Bon, j’avoue que je stresse un peu, je n’ai pas envie de tomber malade ou attraper le covid. Je serai très content lorsque la course sera partie…
Le Tour, vous le répétiez souvent, était pour vous, coureur cycliste professionnel, la course que vous teniez à faire. Expliquez-nous.
Oui, car c’est la question que des gens pas tournés vers le sport nous demandent toujours lorsqu’on dit qu’on est coureur cycliste. « Vous faites le Tour de France? » Cela semble un peu bête, mais si on répond non, alors on a l’impression de ne pas être vraiment un coureur professionnel. Dans une carrière, c’est important d’y participer, au moins une fois.
J’avais donc dix ans et j’étais allé avec mon père au Parc Hotel où logeaient des coureurs pour récupérer des bidons
Quels souvenirs personnels avez-vous du Tour de France, enfant?
Je me souviens que durant mon enfance, je suivais les frères Schleck et Kim Kirchen. Suivre le Tour, c’était impressionnant de mon point de vue d’enfant, puis d’adolescent. Puis je me souviens du grand départ 2002 à Luxembourg. J’avais donc dix ans et j’étais allé avec mon père au Parc Hotel où logeaient des coureurs pour récupérer des bidons.
Ensuite, vous n’êtes plus retourné voir le passage du Tour de France à tel ou tel endroit?
Non, je n’en ai pas le souvenir. Ensuite, j’étais dans le vélo et on doit s’entraîner, et tout devient différent.
Avant de vous élancer, quelle idée du Tour avez-vous?
Je ne suis pas stressé, cela reste un grand tour, pas plus dur qu’un autre (NDLR : il a déjà participé deux fois à la Vuelta, en 2019 et en 2021). Par contre, par rapport à ce que j’ai connu sur la Vuelta, c’est sur le plan médiatique. Et au niveau stress à l’intérieur du peloton, cela changera sûrement.
Mais l’aspect physique, je pense que je le connais déjà. Cela ne devrait pas me surprendre à mon âge (NDLR : 30 ans). J’ai eu une bonne préparation sur le plan physique.
Cette édition 2022 qui part de Copenhague est particulière pour votre équipe, puisque vous avez un directeur sportif danois (Kim Andersen) et votre leader, Mads Pedersen, se montre ambitieux à domicile…
Oui, si on regarde la sélection de plus près, on compte beaucoup sur Mads (Pedersen) et les premières étapes. On a tout misé là-dessus, sur une équipe de classiques.
On sera libre de se faire plaisir, mais j’y penserai une fois que mon boulot d’équipier sera fait
Il y a notamment cette étape de pavés, le mercredi 5 juillet, entre Lille et Arenberg. Vous l’avez reconnue?
Oui, on l’a reconnue lundi passé (NDLR : au lendemain de la dernière étape du Tour de Belgique). Ce sera une belle étape, avec une approche assez facile et ça ira crescendo, cela deviendra de plus en plus dur. Je pense que cela offrira un beau spectacle sans devoir faire craindre trop de dégâts pour les coureurs de classement général. Un leader de classement général qui aurait des problèmes, on ne devrait pas perdre trop de temps, je pense.
Votre équipe aura en tête l’idée de prendre le maillot jaune dans cette première semaine?
Oui, ce sera l’objectif. Tactiquement, ce sera plus facile, car comme nous n’avons pas de coureur pour le classement général, nous n’aurons sans doute rien à défendre dès que la montagne sera abordée. On se concentre donc sur la première semaine. On a les coureurs qu’il faut.
Cela demandera beaucoup d’énergie et en deuxième semaine, ce sera aux grimpeurs (Giulio Ciccone et Bauke Mollema) d’essayer d’aller gagner des étapes. On sera libres de se faire plaisir, mais j’y penserai une fois que mon boulot d’équipier sera fait.
L’idée de partir un jour en échappée sur le Tour, et tenter votre chance, vous y pensez?
Oui, j’aimerais bien essayer dans la mesure du possible.
Avez-vous déjà regardé l’une ou l’autre étape?
Oui, il y a une étape où j’aimerais bien tenter quelque chose, si c’est possible, c’est la 16e étape, entre Carcassonne et Foix, où il y a une chance en fin de Tour que l’échappée aille au bout. On n’est pas très loin d’Andorre et je suis passé là, près de chez nous désormais.
C’est sûr que sportivement, la première semaine me convient bien, mais il y aura zéro liberté pour moi, il ne faut même pas y penser avec le travail que j’aurai. Après il y a l’étape de Longwy, qui est proche du Luxembourg. Mais là encore, on va rouler pour Mads, c’est très important…
Vous redoutez la haute montagne du Tour de France?
Non, je pense que je devrais bien passer, j’ai eu une bonne préparation en Andorre. Je m’entraîne beaucoup dans les montées. Après, on peut toujours avoir une défaillance, être malade un jour ou l’autre, connaître l’infortune de chuter évidemment, mais je ne redoute pas cela. Je suis plein de confiance.
De toute façon, ces trois semaines de course seront dures. Il ne faut jamais s’attendre à ce que ce soit facile. On s’est préparés pour ça et au niveau physique, je pense que ça va bien se passer. Je me suis bien préparé. C’est juste la gestion du stress et de la récupération que je ne connais pas.