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[Elections européennes] Metty Steinmetz : «Nous voulons une Europe progressiste»


«Ursula von der Leyen a précisé que le PPE n'allait pas coopérer avec des partis qui ne sont ni pro-UE, ni pro-Ukraine, ni pro-démocratie», souligne Metty Steinmetz

Le CSV et son jeune candidat Metty Steinmetz mettent en avant un programme résolument pro-européen pour contribuer à endiguer le virage vers la droite radicale qui s’annonce au scrutin du 9 juin.

Le CSV, de retour au gouvernement depuis novembre dernier, aborde les élections européennes avec confiance. L’objectif est de récupérer le troisième siège cédé en 2019 au DP. La liste chrétienne-sociale mise sur les eurodéputées sortantes Isabel Wiseler et Martine Kemp, qui est, elle, venue suppléer à l’automne dernier Christophe Hansen.

Devenu député à la Chambre, ce dernier vise désormais un siège de commissaire européen. Derrière, le trio composé de Guy Breden, Mélanie Grün et Metty Steinmetz tentera de rafler un maximum de voix.

Selon les sondages, les partis populistes et d’extrême droite pourraient percer lors des élections européennes. Dans quelle mesure le CSV, en tant que représentant de la droite conservatrice, peut contribuer à endiguer ce phénomène ?

Metty Steinmetz : Ce qui nous démarque en tant que CSV au sein de notre groupe, le Parti populaire européen (PPE), est que l’on s’engage très fortement à revenir aux idées de base de notre famille politique, notamment pour éviter de tomber dans le piège des discours simplistes des partis d’extrême droite.

Des lignes très claires ont été dressées, et je suis content que notre tête de liste européenne, Ursula von der Leyen, ait précisé que le PPE n’allait pas coopérer avec des formations qui ne sont ni pro-UE, ni pro-Ukraine, ni pro-démocratie. Nous devons former un contrepoids, car il est dans l’intérêt du Luxembourg que l’UE soit renforcée. Maintenir le bien-être du Luxembourg n’est possible que dans une Europe forte et unie.

À l’intérieur du PPE, on ressent toutefois des tendances à flirter avec les positions des partis populistes et d’extrême droite, notamment dans le domaine de la migration, en mettant en perspective le « modèle Rwanda ». Ne s’agit-il pas d’un jeu dangereux ?

Le CSV s’est clairement opposé à tout genre de modèle Rwanda lors du vote du programme électoral du PPE. Un tel mécanisme n’est pas tolérable. Notre position est très claire à ce sujet.

Vous plaidez à la fois pour des « frontières fortes » et pour des « portes ouvertes ». Ce principe est-il compatible avec le très controversé Pacte migratoire, qui prévoit notamment des filtrages pour entrer dans l’UE?

Il faut se remémorer que l’on a eu besoin de sept, huit, voire dix ans, pour trouver un accord. C’est énormément long. Sachant que les intérêts divergent fortement, le résultat final ne peut pas plaire à tout le monde. Personne ne dit d’ailleurs que le pacte adopté est la solution parfaite.

Mais, à un moment, il faut se demander si on continue de débattre ou si l’on prend cet accord et l’on procède, à terme, à des adaptations. Ce qui doit primer, c’est de réduire la détresse humaine. La solidarité obligatoire entre États membres est un autre élément clé.

Votre programme met aussi l’accent sur un soutien continu à l’Ukraine, tout en plaidant pour le renforcement des capacités de défense de l’UE et de l’OTAN. Faut-il enfin concrétiser le concept d’une armée européenne ?

Je suis très content que le Premier ministre, Luc Frieden, ait insisté lors de sa visite inaugurale auprès de l’OTAN sur l’importance de créer des synergies. Les armées des États membres disposent d’un grand nombre de systèmes et de matériels différents, qui ne sont pas compatibles. Je pense qu’il faut que l’on réussisse enfin à mettre en place une plus grande interopérabilité à l’échelle de l’UE, mais aussi de l’OTAN. Les efforts doivent être complémentaires, car il ne sert pas à grand-chose de gaspiller des ressources en faisant du double emploi. Une de nos revendications est d’intégrer dans le prochain exécutif de l’UE un commissaire européen à la Défense, justement pour mieux coordonner les efforts de défense.

Selon le dernier Eurobaromètre, la lutte contre la pauvreté constitue la principale préoccupation de 41 % des résidents luxembourgeois. Le CSV s’est vu reprocher de ne pas prendre au sérieux ce fléau. Quelles sont les solutions que vous préconisez dans le cadre de ce scrutin européen ?

Le gouvernement n’est en place que depuis six mois. La communication de Luc Frieden à ce sujet a aussi évolué. Il a consulté de nombreux acteurs du terrain. Et il serait aussi un peu démesuré que l’on soit en mesure de résoudre ce problème endéans six mois. Un effort collectif est nécessaire, de la part de la société, de tous les partis et aussi de l’UE.

Les problèmes divergent selon les États membres. Il faut soutenir les gens. Une Europe sociale est nécessaire. Le salaire social minimum à l’échelle de l’UE va dans la bonne direction. Le commissaire Nicolas Schmit a finalisé cette initiative, qui repose toutefois sur le pilier social initié par l’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Cela démontre clairement que les thèmes sociaux importent au CSV.

Le nucléaire n’est pas notre avenir. L’avenir, cela doit être les énergies renouvelables

On reproche au PPE et à sa tête de liste de vouloir diluer le Green Deal pour repêcher des voix d’électeurs moins enclins à faire avancer la transition verte. Cette critique est-elle justifiée ?

Les conséquences du réchauffement de la planète doivent être prises au sérieux. Dans le cadre du Green Deal, il faut continuer à investir dans le développement du réseau ferroviaire afin de créer des alternatives à la voiture. Il faut aussi investir dans le développement des énergies renouvelables. Un autre volet concerne l’industrie, qui est déjà engagée dans la voie de la décarbonation.

Il faut soutenir les entreprises, aussi dans la transition digitale. Dans le même ordre d’idées, il est nécessaire de procéder à une simplification administrative et éviter que tous les mois une nouvelle obligation leur tombe dessus. Si des textes du Green Deal ont été légèrement dilués, il s’agit aussi d’une réaction à une levée de boucliers. Cela démontre qu’on est à l’écoute des gens. Ils ont besoin d’un cadre pour pouvoir travailler et survivre.

Dans bon nombre de textes du Green Deal, l’intention est la bonne, mais comme pour tout texte législatif, il faut pouvoir vérifier si l’objectif souhaité peut être atteint, aussi pour arriver à la neutralité climatique en 2050.

Le CSV souligne clairement dans son programme que l’UE doit massivement miser sur les énergies renouvelables. Une chose est moins claire depuis plusieurs mois : la position de votre parti sur le nucléaire. Êtes-vous pour ou contre cette technologie ?

La toute première des priorités doit être de développer les énergies renouvelables. On voit dans le mix énergétique et en termes de demandes d’aides étatiques que la société luxembourgeoise est prête à s’engager dans cette voie.

Mais, en matière de nucléaire, qu’en est-il des réacteurs de nouvelle génération ?

Le CSV est clairement opposé à la construction de nouvelles centrales. Il existe toujours de nouvelles technologies qui sont développées. Le nucléaire n’est pas notre avenir. L’avenir, cela doit être les énergies renouvelables. Le vent, le soleil et l’eau doivent vraiment être les ressources essentielles dans lesquelles on doit placer tous nos efforts dans les mois et années à venir.

Cela vaut pour les différents États membres et l’UE dans son ensemble. Comme ce fut le cas après le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’UE doit mettre en œuvre un nouveau coup de boost pour les renouvelables afin de renforcer encore son indépendance énergétique.

Dans quelle mesure ces élections européennes peuvent constituer un premier test de popularité pour le CSV et son allié du DP ?

L’enjeu du 9 juin est l’avenir de l’UE. Quelle Europe voulons-nous ? Une Europe du progrès ou du recul ? Nous voulons une Europe forte avec une voix forte du Luxembourg. Nous voulons une Europe progressiste qui va de l’avant. On a très rapidement vu en mars 2020 la vitesse à laquelle les frontières peuvent se refermer.

Il faut pourtant agir ensemble et travailler de manière solidaire pour avancer plus rapidement. L’image d’ensemble doit primer. Et c’est le message que l’ensemble de nos six candidats va porter de plein cœur, contrairement à d’autres partis, où l’on peut avoir des doutes sur leur plein engagement pour l’Europe.

Les six candidats CSV pour les élections européennes. (Photo : Le Quotidien)

Un commentaire

  1. Nous voulons surtout une europe qui nous fiche la paix.
    Ne rien faire, ils savent quand même le faire, les petits hommes gris.

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