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Crise du gaz : «Un hiver très rude nous attend»


Une douzaine de pays de l’UE subissent déjà une réduction, voire une rupture, de leur approvisionnement de gaz en provenance de la Russie. Pour l’instant, cela n’a pas de conséquences sur le Luxembourg.

Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a lancé, hier, un appel pour réduire au plus tôt la consommation de gaz naturel. Le «joker» que constitue la connexion au réseau belge pourrait s’avérer insuffisant.

La part de gaz russe dans le mix énergétique du Luxembourg tourne, selon les derniers chiffres disponibles, aux alentours de 13 %. En cas de coupure par la Russie de ses exportations vers l’Europe de l’Ouest, ce taux, fortement réduit par rapport à d’autres pays bien plus dépendants de Moscou, pourrait quand même constituer un problème pour le Grand-Duché. Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, n’exclut plus que Vladimir Poutine ferme le robinet pour de bon : «Il faut nous préparer à un scénario où la Russie ne fournira plus aucun gaz.»

Pour l’instant, aucune alerte particulière n’est encore déclenchée. En tout état de cause, les citoyens ne devraient pas être menacés de froid à l’intérieur de leurs habitations. La menace est plus grande pour l’industrie ainsi que les PME. «La situation qui nous attend est très sérieuse», avance Claude Turmes, qui est venu, hier, faire le point sur les préparatifs du gouvernement pour éviter le pire. Le ministre déi gréng estime même qu’«un hiver très rude nous attend, que ce soit au Luxembourg ou à travers l’Europe».

Moins de consommation, plus de sécurité

Avant de songer à des déconnexions du réseau, la priorité doit être de réduire au plus vite la consommation d’énergie en général et de gaz en particulier. «Tout ce qui peut dès à présent être épargné en gaz permet de remplir davantage les réservoirs. Cela augmente non seulement la sécurité d’approvisionnement en prévision de l’hiver, mais soulage aussi le portefeuille et contribue à la protection du climat», développe Claude Turmes.

Tout un chacun pourrait, sans sacrifices majeurs, réduire sa consommation de gaz de 10 %, avance le ministre. Des conseils sont listés sur le site www.energiespueren.lu en attendant une plus large campagne de sensibilisation qui sera lancée après l’été «au moment où les chauffages vont être relancés».

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Mieux vaut prévenir…

Les mêmes efforts de réduction de la consommation de gaz sont entrepris auprès de l’industrie. Des pourparlers sont engagés avec la Fedil. Pas question pourtant de spéculer sur l’ordre de déconnexion des sites industriels si cette mesure s’impose. «Il est dangereux d’affirmer que DuPont de Nemours est plus important que Guardian ou Ceratizit», souligne le ministre de l’Énergie. Un plan de délestage concret existe pourtant.

En ce moment, l’accent serait à mettre sur l’épargne d’énergie. Cet appel est lancé en dépit de l’existence du marché gazier Belux, très peu dépendant du gaz russe. «Ce marché commun avec la Belgique constitue un important joker. Mais il faut être conscient que dans un cadre européen d’entraide plus large, la Belgique est un potentiel candidat d’exportation de gaz. La Belgique, et aussi le Luxembourg, devront alors se montrer solidaires», indique Claude Turmes.

Aucune alerte sur le marché Belux

Sur les 80 térawattheures de gaz arrivant au port de Zeebruges, le Luxembourg consomme 2,5 térawattheures. La Belgique a un besoin variant entre 35 et 45 térawattheures. Les flux de gaz arrivant sur la côte belge arrivent «massivement» de Norvège et du Royaume-Uni.

«On ne reçoit rien de l’Est», précisait samedi, dans les colonnes du Soir, Laurent Remy, le porte-parole de Fluxys, société exploitant le réseau de gaz belge. «Nous sommes au début de la chaîne, ce qui nous confère une très grande sécurité d’approvisionnement», ajoute-t-il. Un térawattheure arrive jusqu’à présent depuis l’Allemagne.

En parallèle, le Luxembourg dispose d’une réserve stratégique de 15 % de son besoin en gaz naturel, stockée dans un réservoir d’Encevo en Rhénanie-Palatinat. «Il est très bien rempli. On n’est pas très loin du seuil nécessaire», commente Claude Turmes.

Tout cela ne change rien au fait que ce sont «surtout les ménages aux plus petits revenus qui vont trinquer». Dans ce contexte, le ministre déi gréng a, une nouvelle fois, vanté l’apport, de la hausse de l’allocation de vie chère et du crédit d’impôt énergie.

Les ménages «protégés» contre les coupures de gaz

Rien n’est à exclure. Néanmoins, les ménages, tout comme les infrastructures critiques (hôpitaux, centrales de production d’électricité, etc.), font partie des «consommateurs protégés» de gaz naturel.

En d’autres termes : en cas de pénurie extrême, ce seront les clients privés qui vont, selon le ministre Turmes, «être déconnectés en tout dernier lieu» du réseau de gaz.

L’industrie et les PME vont, le cas échéant, être privés en premiers de gaz. Il existe un plan de délestage avec une liste des sites industriels et entreprises qui resteront en priorité connectés au réseau de distribution.

Le ministre de l’Énergie refuse toutefois de spéculer sur les noms retenus.

3 plusieurs commentaires

  1. >Michel Broucke

    Nous subissons les conséquences de la soumission totale de l ‘ UE et de notre support tout azimut aux USA, qui comme le mentionnait Zbigniew Brzezinsky dans son livre LE GRAND ECHIQUIER paru en 1997, veut se rendre maître du monde en occupant le pivot de l’ Eurasie qu’est l’ Ukraine. Cette guerre qui sous un faux prétexte de défendre un Etat souverain et indépendant, ce qu’il n’est plus depuis le coup d’ Etat de 2014, nous entraine dans une guerre qui ne dit pas son nom et qui n’est pas la nôtre, contre un pays toujours ami qu’est la Russie. Il faut plaindre les citoyens ukrainiens et les minorités qui y vivent, mais aussi les russes et tout citoyens européens dont les intérêts ne sont pas pris en compte.
    Le mythe de la construction européenne qui, on le sait aujourd’hui, est une construction administrative et financière entièrement américaine, instaurée par F Roosevelt et Truman, nous démontre plus que jamais par notre engagement dans cette guerre, que nous ne sommes qu’une colonie de Washington.

  2. vu que Turmes n’ a ni manières , ni savoir-vivre en public, cf obsèques du grand-duc Jean, ou il n’ a même pas mis de cravatte devant le cerceuil ouvert!, la fin de son mandat sera aussi rude, très rude…

  3. La faute en incombe, pour l’essentiel, aux dirigeants européens qui ont fait passer leur vertu effarouchée avant l’intérêt des citoyens européens dont ils sont censés assurer le bien être.
    Mais avec les incompétents qui sont au pouvoir, aucun espoir que le bon sens reprenne le dessus.

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