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Conduire un tram : «Il y a eu beaucoup de choses à apprendre»


Entrevue formateur à la conduite, Thomas Vadey (photo: Le Quotidien)

Est-ce parce que les premiers tramways de la capitale étaient tirés par deux chevaux de 1875 à 1908 que Thomas Vadey a changé de carrière? Pas sûr, mais le cavalier ne regrette pas d’avoir changé de monture.

Quel est votre rôle, aujourd’hui, chez Luxtram?

Thomas Vadey : Je suis formateur à la conduite. C’est-à-dire que j’accompagne les conducteurs qui sont aux commandes des trams. Avec mes deux collègues, nous concevons les documents qui sont utilisés pour la formation des conducteurs, puisque, désormais, nous les formons nous-mêmes. Je suis également conducteur, bien sûr, mais je ne serai pas tous les jours sur la ligne. Seulement en soutien, si besoin est, et pour ne pas perdre la main.

Quelle profession exerciez-vous auparavant?

Pendant 20 ans, j’étais cavalier professionnel en France, puis en Belgique et enfin au Luxembourg. J’enseignais l’équitation et je travaillais avec des chevaux d’élevage et de propriétaires. Cela faisait un petit moment que je réfléchissais à faire autre chose et lorsque j’ai vu l’annonce pour ce poste de formateur, ça a été le déclic. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je pose ma candidature. Un peu moins de six mois plus tard, je signais mon contrat et j’ai commencé à travailler en octobre 2016.

Ce sont deux univers complètement différents. Avez-vous été effrayé devant la masse de connaissances nouvelles à assimiler?

Il y a eu beaucoup de choses à apprendre, puisque je n’avais jamais effleuré ce monde-là auparavant! Mais j’ai eu l’avantage d’arriver tôt et, à l’époque, tout le monde était un peu dans le même cas. Luxtram se mettait en place et il n’y avait encore pratiquement rien de concret. La découverte des différents systèmes s’est donc faite progressivement.

Comment s’est déroulée votre formation?

Il a fallu d’abord travailler la théorie dans les livres, puisque rien n’était encore réalisé ici, mais je ne crois pas que cela a été un désavantage. Ensuite, nous avons passé notre habilitation en quatre semaines sur le réseau de trams de Nantes, qui est notre partenaire. Quand nous sommes retournés à Luxembourg, nous avons travaillé sur l’ensemble des systèmes et des réseaux et nous avons créé les documents pour mettre en place notre propre formation à partir de zéro. Les formateurs de Nantes nous ont également accompagnés pendant cette phase.

Les conducteurs sont formés à la conduite, bien sûr, mais ont-ils également acquis des compétences plus techniques sur le fonctionnement du tram?

Oui, ils doivent connaître les infrastructures et le matériel pour pouvoir se débrouiller en cas de panne mineure. Si le tram n’avance plus, la ligne est bloquée et le conducteur doit avoir un minimum de compétence pour régler un problème simple. Ce qui complique la tâche, dans ces moments-là, c’est la pression du public qui voudrait que la rame reparte le plus vite possible…

Combien de conducteurs sont actuellement formés?

Nous sommes 25, sans compter ceux qui ont été formés pour les essais de cet été qui se déroulaient uniquement au centre de remisage.

Parmi les conducteurs, est-ce que les anciens chauffeurs prédominent?

Nous avons quelques chauffeurs de bus et chauffeurs routiers, mais il n’y a pas de majorité qui se dégage. Les profils sont très diversifiés.
Comment les conducteurs ont vécu les marches à blanc, ces tests en condition réelle de fonctionnement. On imagine que les premières sorties dans l’espace public étaient assez stressantes…
Oui, le début a été un gros stress : on avait un peu l’impression d’être au milieu d’une foule qui ne nous voyait pas et qui ne comprenait pas les panneaux! Il faut dire que la situation était compliquée entre les barrières de chantier, les passages piétons et les arrêts de bus qui changeaient de place… Cela faisait beaucoup de nouveautés en même temps. Heureusement, nous avons constaté que les comportements des gens changeaient, petit à petit. Plus le temps passe et plus ils font attention et plus ils sont concernés.

Est-ce qu’il y a des endroits de ce premier tronçon où vous vous dites que, là, il pourrait y avoir des problèmes?

Il faudra que tout le monde fasse bien attention à la station Weicker, devant Auchan. Il y aura à la fois beaucoup de monde et beaucoup de distraction. Mais plus généralement, ce sont les carrefours qui sont bien sûr les endroits les plus sensibles. Dans certains d’entre eux, à cause des bâtiments, on trouve des angles morts. Même avec la signalisation, il faudra être prudent pour anticiper ceux qui pourraient griller les feux rouges.

Globalement, est-ce que l’image que vous vous faisiez de votre nouveau métier avant de commencer correspond à votre quotidien aujourd’hui?

Oui, cela ressemble à ce que je m’imaginais. C’est très riche : il y a beaucoup de données, de règlements techniques… Et je dois dire que participer à cette évolution du transport public est gratifiant. J’ai l’impression d’apporter ma petite pierre à l’édifice d’une meilleure fluidité à Luxembourg.

Erwan Nonet

Retrouvez l’intégralité de la page consacrée à la conduite du tram dans votre Quotidien du vendredi 8 décembre.

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