Après 18 ans passés en tant que bourgmestre, Pierre Mellina rend un dernier bilan financier des plus impressionnants avant de passer la main.
Avec ces élections communales, un imposant chapitre de l’histoire de Pétange prendra fin. Bourgmestre depuis 2004, Pierre Mellina a annoncé courant 2018 que ce troisième mandat serait son dernier. «Il est temps qu’il y ait de nouvelles idées, de nouvelles personnes, un renouveau», affirme-t-il. En presque vingt ans à la tête de la commune, l’homme expose un bilan, notamment financier, plus qu’enviable. Lors de son arrivée à hôtel de ville, Pétange affichait 37 millions d’euros de dettes, pour une réserve quasi nulle.
«Aujourd’hui, on est à deux millions d’euros d’endettement communal et 16 millions de réserves», annonce, fièrement, le gestionnaire. «On pourrait rembourser intégralement les emprunts !». Sa recette secrète ? «Ce qui est important, c’est de regarder les dépenses ordinaires. Elles définissent tous les frais. Ensuite, il ne faut pas tout investir sans faire des sélections précises. Et ça, je crois que c’est la raison pour laquelle on a une telle situation financière», sourit le bourgmestre chrétien-social.
Mais si Pétange économise énormément, elle investit tout autant. Sur la période 2011-2017, la commune avait établi un record à 121 millions d’euros d’investissements. Celui-ci a été pulvérisé au cours du mandat 2017-2023 avec plus de 200 millions d’euros investis, selon les chiffres du LSAP.
Construction et rénovation d’écoles et de maison relais, entretien et constructions d’infrastructures sportives variées (construction d’une nouvelle tribune au stade Jos-Philippart à Rodange et remplacement de l’ancienne tribune), construction d’une nouvelle école de musique, d’un nouveau logement social à Lamadelaine, renouvellement et entretien des routes, construction du troisième plus grand parking-relais du pays à Rodange (1 600 places)… Les projets se sont accumulés, enchaînés.
Une nouvelle opposition
À l’occasion de cette échéance électorale et pour prendre la suite de Pierre Mellina, c’est Jean-Marie Halsdorf qui conduira la liste CSV à Pétange, aux côtés d’André Martins Dias. Actuellement échevin, il a déjà occupé le poste de bourgmestre de la Cité ferroviaire de 2000 à 2004. Il maintient qu’il marchera dans les pas de son prédécesseur. «Nous allons continuer à mener une politique budgétaire prudente, à avoir des réserves et nous allons, à nouveau, présenter des budgets pluriannuels.» «Picsou» Mellina ne sera pas bien loin, puisqu’il siégera toujours au conseil communal. Et si on lui demande, il répondra évidemment présent pour «donner des suggestions sur le programme financier».
Je ne suis pas serein du tout
En 2017, le CSV avait écrasé la concurrence avec 41,26 % des suffrages. Seul le Parti pirate, avec Marc Goergen, provoquait des remous en réalisant une entrée remarquée au conseil communal, glanant deux sièges pour sa première participation. «Avant que les pirates arrivent, il n’y avait pas d’opposition à Pétange. Mais depuis, nous travaillons sur une opposition forte. Ils n’avaient pas l’habitude.»
En 2020, la population de la commune a dépassé la barre des 20 000 habitants, avec pour conséquence de faire monter de 17 à 19 le nombre de sièges au conseil communal. Le 11 juin, les électeurs auront le choix entre huit listes. Romain Mertzig, candidat du LSAP, qui accompagne les mesures du CSV à Pétange depuis 2011, annonce sans prendre trop de risques que «les cartes vont être redistribuées». Halsdorf se dit «pas serein du tout», tout en s’appuyant sur le bilan positif des derniers mandats pour conquérir la confiance des électeurs. Tandis que Marc Goergen se réjouit d’une telle situation et rappelle que les pirates seront «les seuls à pouvoir garantir une communication avec le Parlement».
Gérer le dynamisme
Par son dynamisme et sa position géographique, Pétange attire. L’évolution exponentielle de sa population (20 563 habitants en 2023, selon le Statec) et une densité de plus en plus forte (3e ville la plus dense du pays avec 1 723 habitants/km2, selon le Statec) mettent en lumière la principale critique faite à la commune : le manque de place.
Le territoire communal ne compte que 47 % de surface bâtissable. «Peu d’endroits sont disponibles pour créer des structures plus grandes que des habitations bifamiliales», explique Romain Mertzig. Via le PAG approuvé en 2018, «la possibilité de construire de grandes résidences est à son strict minimum : moins de 10 % du territoire de la commune de Pétange», confirme Pierre Mellina.
Le collège échevinal a favorisé, durant ces dernières années, la maison unifamiliale ainsi que l’émergence de commerces en rez-de-chaussée d’immeuble. Sur ce point, peu de critiques se font entendre. Seuls les pirates lèvent la voix face aux préférences de la commune pour quelques promoteurs. «Si on regarde tous les projets de logements, on constate que deux ou trois promoteurs ont eu toutes les autorisations».
Victimes de cette densité : les structures d’accueil et, notamment, les maisons relais. «Pour une commune comme la nôtre, il en faut quatre ou cinq, tout en tenant compte des contraintes budgétaires», souffle le candidat du LSAP. Elles sont aujourd’hui quatre dispersées entre Rodange, Pétange et Lamadelaine. Mais ne cessent d’être agrandies. Pierre Mellina souligne le manque de terrain pour en construire. Un sujet pour lequel Marc Goergen, le candidat des pirates, offre une solution alternative : «Il ne faut plus construire de grandes écoles, car cela coûte trop cher et prend trop de temps. Je souhaite construire de plus petites écoles où on peut aller à pied et qui sont construites plus vite. Je rappelle qu’il manque 600 places dans les maisons relais.»
Autres sujets sensibles, le trafic routier toujours plus important dans la commune et la nécessité de proposer des lieux de stationnement. «Le trafic est très élevé sur la nationale 5. Comme c’est une route d’État, nous sommes très limités», constate Jean-Marie Halsdorf. «On voudrait que le contournement de Pétange soit amélioré.» Quant aux parkings, si six lieux existent, dont l’un des plus grands du pays, le problème persiste. «On va faire encore des parkings supplémentaires dans les trois localités», promet Halsdorf, avant de se reprendre sur les constructions à Pétange : «Maintenant il faut un peu freiner et gérer la situation.» Reste à pouvoir ralentir.
Projet hôtelier à Rodange,
que disent les politiques ?
En février, la publication d’un permis de construire suscitait une véritable levée de boucliers parmi les habitants. Il concerne un hôtel de 3 000 m2 et 59 chambres. L’établissement va s’implanter au lieu-dit «Am Doihl» à Rodange, aux côtés d’un centre de bien-être auquel il sera relié par un passage souterrain. Il sera exploité par la chaîne autrichienne JUFA. Spécialisée dans les séjours famille et business, elle compte plus de 60 hôtels dans cinq pays. C’est la commune qui sera aux commandes du centre de bien-être attenant.
Lire sur ce sujet : Projet hôtelier à Rodange : «Ils ont déraillé»
Face à ces réactions, les candidats du CSV et du LSAP font front. «Nous avons rempli toutes les conditions. Maintenant, nous ne pouvons plus faire marche arrière. Les citoyens avaient la possibilité de faire des réclamations avant, mais rien n’a été fait. Dans la forme, nous n’avons pas fait de faute», affirme Romain Mertzig.
«Pour ma part, je dois dire qu’on a bien fait notre boulot, ajoute Jean-Marie Halsdorf. Certains réclament d’autres études, alors que ces gens étaient assis au conseil communal et n’ont rien dit.» Pour Pierre Mellina, «le conseil communal a décidé trois fois de suite, à l’unanimité, de construire cet hôtel à cet endroit (NDLR : en 2011, 2017 et 2019). Je reste persuadé que ce projet est l’un des plus intéressants qu’on ait réalisés à Pétange.»
Nageant à contre-courant, le candidat des pirates assure qu’il est possible de trouver un autre emplacement : «Si nous sommes élus, nous chercherons un nouveau site, sans impact sur la nature. Nous sommes d’avis qu’il doit y avoir un hôtel à des prix moyens, mais sur un autre site que sur la réserve naturelle.»
Mr promesse sous sont sourire d’hypocrites se cache un dangereux personnage, près à tout même au pire, on devrait pas appeler ce parti chrétien mais plutôt radin.
Ah, le sens perpétuel de l’humour des politiques!…
Le bourgmestre sortant: «Il est temps qu’il y ait de nouvelles idées, de nouvelles personnes, un renouveau»
Résultat: « c’est Jean-Marie Halsdorf qui conduira la liste CSV à Pétange (…) Actuellement échevin, il a déjà occupé le poste de bourgmestre de la Cité ferroviaire de 2000 à 2004 »
MDR