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[Communales] Luxembourg-Ville : le CSV en ordre de bataille pour détrôner le DP


La tête de liste nationale du CSV, Luc Frieden, s’est imposée dans la campagne locale du candidat Serge Wilmes. (Photo : hervé montaigu)

2023 pourrait bien sonner la fin du règne des libéraux dans la capitale après 54 ans aux commandes, alors que les chrétiens-sociaux ne sont qu’à deux sièges du sacre.

Des semaines que leurs visages tapissent panneaux électoraux et posters disséminés en ville, mais à l’issue du scrutin le 11 juin, un seul s’installera au Knuedler dans le fauteuil de bourgmestre. Entre les neuf partis politiques en lice – dont cinq sortants – le combat fait rage, suivi de près en haut lieu, les élections dans la capitale étant les plus «nationales» de toutes les communales.

Luxembourg-Ville regroupe à elle seule 20 % de la population du pays – soit 133 000 habitants – et 40 % des emplois. Ce qui pose de nombreux défis, notamment en termes de mobilité, avec plus de la moitié du trafic journalier provenant hors des murs.

La commune, qui compte 70 % de résidents de nationalité étrangère, est aussi marquée par des inégalités qui s’amplifient dans ce pôle de richesse où vivent 22 % de travailleurs pauvres. Voilà pour le contexte.

27 sièges pour neuf partis

Autour de la table du conseil communal, 27 sièges sont à pourvoir : à charge aux 44 716 électeurs de départager les candidats des listes présentées par le CSV, le DP, le LSAP, déi gréng, l’ADR, les pirates, déi Lénk, Fokus, et Mir d’Vollek.

Alors que le DP détient les clés de l’hôtel de ville depuis 1969 et l’élection de Colette Flesch, c’est Lydie Polfer qui dirige la commune depuis fin 2013, moment où Xavier Bettel lui avait cédé sa place de bourgmestre pour prendre la tête du gouvernement.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, dix ans après sa prise de fonction, les critiques fusent, y compris de la part des verts, ex-partenaires de coalition éjectés en 2017.

Benoy décrit une bourgmestre «résistante au changement»

«On a fait partie de la majorité auparavant, aux côtés du bourgmestre Paul Helminger qui avait une vraie vision pour la Ville. Une mandature au cours de laquelle nous avons pu réaliser de grands changements», relate François Benoy, cotête de liste pour déi gréng.

«Ensuite, ça a été plus compliqué. On voulait avancer sur nos dossiers, mais on nous a freinés : Lydie Polfer est plus conservatrice et résistante au changement», considère le chef de file des verts sortant.

«Une coalition, ce sont des compromis» dit Wilmes

La collaboration a été meilleure avec le CSV qui a rejoint la majorité libérale au sein du collège échevinal il y a six ans, fort des deux sièges supplémentaires raflés aux élections : «La base, quand on est aux responsabilités, c’est une bonne entente entre élus. Et ça s’est très bien passé avec le DP», assure Serge Wilmes, propulsé premier échevin de la capitale à 34 ans.

«Une coalition, ce sont des compromis, il faut l’accepter. Mais à aucun moment je n’ai eu le sentiment qu’on ne pouvait pas mettre en œuvre nos priorités.»

Devenir bourgmestre me semble tout à fait réaliste

Certes, la confiance a été mutuelle et la bonne entente évidente dès le départ avec Lydie Polfer, mais cette fois, le jeune loup du CSV, qui vient de fêter ses 41 ans, ambitionne de passer au premier plan.

«Devenir bourgmestre me semble tout à fait réaliste. C’est deux sièges, soit notre score de 2017. Si je me suis lancé dans ces élections, c’est pour en sortir renforcé : on ne part pas jouer une Coupe du monde pour arriver deuxième, mais pour décrocher le titre», sourit le champion local des chrétiens-sociaux, confiant.

Wilmes prêt à renoncer à un poste de ministre

Il pense défendre «un bon bilan et une vraie ambition pour la Ville», porté par une liste soudée qui a fait le choix de se ranger derrière un unique meneur, contrairement aux concurrents.

«Un seul poste de bourgmestre, un seul candidat tête de liste, les choses sont claires», glisse-t-il, assurant qu’en cas de victoire de son parti aux communales, puis aux législatives cet automne, il restera vissé place Guillaume-II. «C’est déjà tranché. Si je suis élu bourgmestre, je le resterai pour les six ans à venir.»

Les verts et le LSAP espèrent intégrer le collège échevinal, tandis que le CSV vise le plus haut poste. Photo : fabrizio pizzolante

 

Des législatives qui parasitent les campagnes locales, notamment celle de Serge Wilmes. Comme lors de la présentation officielle de sa feuille de route pour la Ville début mai, où Luc Frieden, tête de liste nationale qui rêve d’un come-back en tant que Premier ministre, a joué l’invité-surprise, déroulant son argumentaire pour octobre.

D’ailleurs, la proposition phare des chrétiens-sociaux à Luxembourg – une police municipale – est 100 % conditionnée au retour au gouvernement de leur parti.

Des jeux de pouvoir qui plombent les débats locaux

Un mélange des genres qui a souvent plombé les débats au conseil communal, à cause des jeux de pouvoir en place. En effet, les partis d’opposition en ville (verts et LSAP) gouvernent le pays au sein de la coalition, quand le CSV, copilote de la capitale, est dans l’opposition au niveau national.

De quoi transformer les élus en funambules lors de leurs prises de position impliquant un ministre de leur bord politique – sur la police, le gardiennage privé ou la mendicité, pour ne citer que celles-là.

La majorité DP-CSV se défausse sur le gouvernement

«Dès que les choses ne vont pas dans son sens, la majorité DP-CSV se défausse sur le gouvernement et tance les conseillers de l’opposition», rapporte Gabriel Boisante, cotête de liste des socialistes. «Or, le Premier ministre est bien DP que je sache.»

De son côté, la bourgmestre DP Lydie Polfer assume ses bras de fer avec les ministres Kox et Tanson, encartés chez les verts, ou plus récemment avec la ministre Bofferding (LSAP). «Je soutiens ce gouvernement, mais je l’interpelle aussi souvent, car les décisions prises au niveau national ont des répercussions pour les communes», estime-t-elle.

Polfer rejette les accusations de populisme

«Quand certains font preuve de mauvaise foi, je le dénonce. Quand des problèmes persistent, parce qu’il n’existe aucun texte ou parce que la loi n’est pas respectée, je le dénonce aussi», revendique la candidate à sa réélection, rejetant en bloc les accusations de populisme.

Il appartient désormais aux électeurs d’arbitrer le match avec leur bulletin de vote. Verdict dans les urnes au soir du 11 juin.

Un commentaire

  1. Sophie Thomas

    Pour qui roule Le Quotidien? Depuis plusieurs jours, je vois apparaître des articles prédisant que le CSV va détrôner le DP…???
    Tentative d’influence??
    Dommage que le manque de neutralité soit si flagrant! Ou tant mieux, finalement!
    Ça permet de lire les différents articles avec une autre perspective !

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