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[Communales] Käerjeng : la fin des constructions


D’importants travaux sont à prévoir sur l’avenue de Luxembourg, avec un fort impact sur le trafic dans Käerjeng. (photo Fabrizio Pizzolante)

Michel Wolter, le bourgmestre sortant, annonce la fin de l’ère des grandes constructions et bataille avec l’opposition sur le thème de la cohésion.

Avec 6,5 points de pourcentage supplémentaires par rapport à 2011, pour un total de 40,4 %, le Parti chrétien-social et son député-maire sortant, Michel Wolter, étaient les grands vainqueurs à Käerjeng, lors des dernières élections de 2017. Ils glanaient ainsi sept sièges, laissant un LSAP en perte de vitesse qui parvenait malgré le résultat à conserver ses cinq sièges. Les verts, eux, réalisaient une bonne opération en gardant leurs deux sièges, alors que le DP réussissait à protéger son unique siège. 

À l’aube de ce nouveau scrutin, si l’animosité entre Yves Cruchten, le candidat LSAP, et Michel Wolter restent à l’ordre du jour, le bourgmestre se veut confiant. «Après douze ans, toutes les promesses faites aux habitants de Clemency et de Bascharage pour moderniser les structures de la commune ont été remplies. Chez nous, les enfants peuvent faire toutes leurs activités en se déplaçant à pied. On a tenu parole, on vit la fin d’un cycle. Je suis très content qu’on ait tenu promesse quant à nos projets», se félicite l’ancien ministre de l’Intérieur. 

Depuis 2012 et la fusion entre les deux communes pour créer Käerjeng, c’est une politique de grands travaux comme les habitants n’avaient alors jamais connu qui a été mise en place. Avec de nombreux chantiers pour dynamiser le centre de Clemency dont notamment une école, une salle des fêtes et un parking, mais aussi la construction d’une nouvelle école avec maison relais à Bascharage, l’entretien des infrastructures sportives et culturelles et le réaménagement des routes, dont l’important boulevard J.-F.-Kennedy, la commune a dépensé sans compter piochant dans la manne octroyée par l’État à la suite du rapprochement, soit près de 25 millions d’euros. 

Cohésion et qualité de vie

L’opposition menée par Yves Cruchten a porté ce dynamisme en votant et en acceptant ces projets. «Je dois dire que la fusion entre les communes de Bascharage et Clemency est un succès», avoue le candidat aux prochaines élections. «Mais au sujet de la cohésion sociale, je ne vois pas les efforts de la commune pour l’améliorer. Construire des infrastructures, c’est une chose mais les remplir avec de la vie et les animer, c’en est une autre.» La priorité pour Yves Cruchten est de se positionner pour une politique en faveur des familles et du milieu scolaire. «Il est grand temps d’assurer une place pour chaque enfant aussi bien dans le précoce que dans les maisons relais. Elles sont pleines à craquer et doivent refuser des enfants. Ils sont en train de construire une nouvelle école préscolaire et d’ajouter des places pour la maison relais. Mais ça ne suffira pas. La demande restera toujours forte.»

Les temps des grands projets de construction sont terminés

Ces arguments, déjà mis sur la table en 2017, ne sont pour Wolter, sûr de ses investissements, que «des slogans». Cela ne l’empêche pas de placer «l’amélioration la qualité de vie au sein des différents villages»parmi ces chantiers les plus urgents. Pour le bourgmestre sortant, «les temps des grands projets de construction sont terminés». Mis à part le réaménagement de l’avenue de Luxembourg, dont le réseau souterrain est devenu obsolète, il est, selon lui, essentiel d’agir pour le bien-être des habitants. Pour ce faire, il compte bien s’intéresser au trafic routier. Si le projet de contournement de Bascharage patauge de plus belle depuis quelques semaines (voir encadré), l’ancien ministre a, en ligne de mire, un projet d’ensemble qui réunirait réduction de la circulation en nombre de trajets et réduction de la vitesse au sein de la commune. Des idées partagées par l’opposition : «L’apaisement du trafic à l’intérieur de nos localités fait aussi partie de nos priorités. Nous voudrions éteindre les zones limitées à 30 km/h et créer un espace où les différents types de transport se rencontrent et où la vitesse est très réduite». Pour mettre en pratique ces chantiers, la gestion des finances sera l’une des clés. «Les moyens financiers sont moindres que par le passé, il faudra composer avec», appuie Wolter. 

Rester seul ou coopérer

La gestion financière du bourgmestre avait déjà animé la précédente élection. «Elle n’a pas été une préoccupation majeure de la majorité sortante. Il faudra pourtant s’y plier car désormais, il falloir entretenir tout cela…», soulignait en 2017, Gary Kneip, le candidat du DP. Six ans plus tard, en jetant un œil dans le rétroviseur, le bourgmestre sortant s’attriste du manque d’aides de l’État pour cette région du Grand-Duché. Le projet de construction d’un Centre d’intervention avec la commune de Pétange a été annulé, idem pour l’idée d’un parking à proximité de la gare et enfin, grand symbole des difficultés : le contournement à nouveau retardé.

«Rien n’a été fait ou ça a été repoussé. Ici, finalement, on ne peut compter que sur nous-mêmes. On est fort seul. Je ne peux pas dire que le gouvernement actuel nous ait aidé durant les dernières années. Ce n’était pas une priorité que d’investir dans notre région.» Replié sur lui-même, le bourgmestre en a peut-être oublié la possibilité de collaborer avec ses voisins. Un point sur lequel appuie Cruchten. «Notre région, le bassin de la Chier (Käerjeng, Pétange, Differdange et Sanem), a tout intérêt à coopérer au mieux pour développer son propre centre d’intérêt et pour ne pas être oublié par la politique nationale.» Sans aucun doute, l’une des clés du prochain scrutin. 

Le contournement
en six dates

2015 : Le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, confirme aux bourgmestres de Käerjeng et de Sanem que le contournement se fera bel et bien. Objectifs : améliorer le trafic dans le sud-ouest du pays, désemplir la route de Luxembourg et lutter contre les taux élevés d’oxyde d’azote à Käerjeng. Le bourgmestre de Sanem, Georges Engel, montra au créneau contre ce projet.

2016 : Plusieurs variantes sont proposées et c’est finalement la variante 2 «Bobësch» qui est choisie par le gouvernement. Celle-ci se connecte à la collectrice du Sud A13. Ensuite, elle continue direction Nord-Est pour passer au-dessus de la piste cyclable et rentrer dans le massif forestier «Bobësch». La route parcourt cette forêt sur toute la longueur avant de passer le CR110 (par tranchée couverte ou passage supérieur). Puis, elle continue parallèlement à la voie de chemin de fer en limite nord du Zämerbësch et se poursuit jusqu’à la connexion avec la N5. Cette variante a une longueur d’environ 4 200 mètres et comporte cinq ouvrages d’art principaux et différents bassins de rétention.

2018 : Le Conseil de gouvernement valide le tracé du nouvel axe Käerjeng-Sanem. En juillet, son financement est approuvé par les députés : 139 millions pour une durée de travaux estimée à 3-4 ans.

2020 : L’initiative citoyenne de Sanem BIGS, le Mouvement écologique Régionale Sud et natur&ëmwelt revendiquent un moratoire au sujet du projet de contournement de Bascharage. Ils accusent le projet d’être basé sur de faux chiffres en pointant, notamment, les taux d’oxyde d’azote.

2022 : À partir de juillet, la forêt du Bobësch, espace naturel situé dans une zone Natura 2000, est occupée par le collectif Bobibleift qui dénonce le projet de contournement. Malgré cette mobilisation, en décembre, cinq arbres centenaires sont abattus par l’administration des Ponts et Chaussée en vue du début des travaux.

2023 : François Bausch et Joëlle Welfring, la ministre de l’Environnement, présentent une nouvelle approche du tracé «réduisant la perte d’espaces végétaux vitaux contribuant à contrer le dérèglement climatique et la perte de la biodiversité». Il est question d’un tunnel sous la forêt du Bobësch. La réaction de Michel Wolter ne se fait pas attendre : «Ce n’est plus normal, on tombe dans l’irrationnel!».

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