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CNS : déséquilibre financier pour 2021


Romain Schneider a annoncé que pour l’exercice 2021 les dernières estimations montrent un déséquilibre financier pour les opérations courantes de l'ordre de 107,9 millions d'euros. (photo Didier Sylvestre)

Les dépenses vont progresser plus rapidement que les recettes et 2021 marquera la fin des bénéfices habituels. Mais la réserve de la CNS reste enviable.

Le gros matelas constitué par l’assurance maladie-maternité (AMM) a permis de mieux rebondir par ces temps de crise sanitaire. Le comité quadripartite qui s’est réuni mercredi sous forme de visioconférence a évoqué les chiffres et l’impact de la pandémie sur le budget de la sécurité sociale.

Financièrement, elle se porte encore assez bien avec un bénéfice estimé à 6,7 millions d’euros pour 2020, alors que l’exercice précédent s’était soldé par un surplus de 102 millions d’euros au niveau des opérations courantes. En revanche, le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider a annoncé que pour l’exercice 2021 les dernières estimations montrent un déséquilibre financier pour les opérations courantes de l’ordre de 107,9 millions d’euros.

Les recettes ne couvriront plus les dépenses courantes et le solde global cumulé diminuerait ainsi à 870 millions d’euros, soit 24,4 % des dépenses courantes estimées pour 2021. Il faudra dès lors avoir recours à la réserve qui devrait encore atteindre les 971,7 millions en 2020.

La crise économique a eu des répercussions sur l’évolution de l’emploi et les recettes n’ont augmenté que de 4,3 % contre les 5,6 % estimés en 2019.

Les inconnues posées par la deuxième vague

Les dépenses progressent en 2020 de 20 % contre 7 % habituellement, bon an mal an. Elles atteignent 3,7 milliards d’euros cette année. C’est aussi l’AMM qui a financé les mesures liées à la crise sanitaire, comme par exemple la prise en charge du congé pour raisons familiales mais aussi le congé pour soutien familial nouvellement introduit, et la prise en charge de l’indemnité pécuniaire de maladie par l’assurance maladie-maternité à partir du premier jour d’incapacité de travail pour la période du 1er avril au 30 juin 2020.

Il y a un mois, un projet de loi a été déposé qui prévoit la participation financière de l’État à hauteur de 386 millions qui seront versés à l’AMM. Ce remboursement s’étalera sur trois ans avec un premier versement de 200 millions en 2020. «Avec la deuxième vague d’infections et les inconnues qu’elle comporte, on ne sait pas si les 386 millions ne seront pas vite dépassés», indique Carlos Pereira, le représentant de l’OGBL à la quadripartite Santé.

Tirer un bilan de la crise

«Le principe de solidarité qui est au centre du système de sécurité sociale et plus précisément de l’assurance maladie-maternité a permis de constituer ces dernières années une réserve considérable, et a contribué donc à atténuer l’impact de la crise sanitaire actuelle sur les assurés», a souligné le ministre. Pandémie ou pas, les améliorations et nouvelles prestations qui concernent les aides visuelles, dentaires et les remboursements en psychothérapie seront concrétisées comme prévu.

L’OGBL s’en réjouit, mais attend des mesures concrètes au printemps prochain quant à la mise en place de ces améliorations. Le syndicat attend aussi un bilan de la crise du Covid-19 et de ses conséquences sur le système de santé luxembourgeois lors d’une prochaine réunion quadripartite.

Pour Carlos Pereira, «cette analyse des conséquences du Covid-19 devra permettre de trouver les leviers à actionner pour que le Luxembourg soit équipé comme il le faut afin de pouvoir faire face à une éventuelle nouvelle pandémie, sans mettre en péril l’organisation des hôpitaux et sans épuiser les personnels soignants».

« Besoins de moyens »

Les moyens sont là, estime le représentant de l’OGBL qui insiste encore une fois sur le débat à mener quant à la prise en charge du congé de maternité qu’il aimerait voir retourner dans le budget du ministère de la Famille, comme c’était le cas avant la réforme initiée par l’ancien ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo.

«Nous avons besoin de tous les moyens pour soutenir le système de santé, mais on aimerait bien ne plus se voir imposer des dépenses qui n’ont rien à voir avec le sujet. Le congé de maternité en fait partie et nous coûte 161 millions actuellement alors que l’État ne nous reverse toujours que 20 millions pour compenser», critique Carlos Pereira.

L’OGBL réclame davantage d’investissements en vue d’améliorer les conditions de travail du personnel hospitalier et recruter du personnel soignant qualifié, afin de garantir une prise en charge de qualité de tous les patients.

Geneviève Montaigu

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