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Circulation : une trottinette électrique plus rapide que prévu


«Vous avez acheté une bombe», a commenté le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi.

Délits de fuite et trottinette électrique plus rapide que prévu figuraient à l’agenda de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, vendredi matin.

Dirk a acquis une trottinette électrique sur un site de vente en ligne. Une fois celle-ci livrée, il s’est élancé avec l’engin dans la rue. Jusqu’à ce que sa route croise celle de policiers. Ils ont constaté que la trottinette n’était pas assurée et ont estimé que Dirk ne disposait pas du bon permis pour conduire ce type de véhicule. De plus, la trottinette n’était pas bridée. Testée par la police de la route, elle a atteint 47 km/h au lieu des 20 km/h maximum annoncés par le vendeur.

«Vous avez acheté une bombe», a commenté le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg vendredi matin. «Je n’ai jamais atteint cette vitesse. Je suis monté jusqu’à 25 km/h avec le vent dans le dos», répond le prévenu. «Vous entendez par là que quelqu’un de plus mince que vous pourrait avancer plus rapidement?», poursuit le juge.

Dirk assure avoir consulté les informations données par le vendeur avant l’achat ainsi que la Société nationale de circulation automobile (SNCA) et avoir été persuadé d’être dans son bon droit. «Peut-être qu’en Chine, ou là où votre trottinette a été produite, ils n’ont pas le même code de la route», lui a lancé le président.

Le procureur, quant à lui, accepte de croire en la bonne foi de Dirk. S’il requiert son acquittement pour défaut de permis valable, estimant qu’une telle trottinette pouvait être conduite avec un permis de catégorie A1, il retient toutefois le défaut d’assurance jusqu’à preuve que la trottinette n’en avait pas besoin et demande que le prévenu soit condamné à une interdiction de conduire de 9 mois assortie du sursis intégral ainsi qu’à une amende.

L’avocat de ce dernier explique, avant de plaider l’acquittement, que la trottinette, ne disposant ni d’un numéro de châssis ni d’un endroit où fixer une plaque d’immatriculation, il était dès lors difficile de l’immatriculer et de l’assurer.

Il soulève également le fait que l’appareil de mesure de la police de la route n’est peut-être pas adapté au test d’un véhicule aussi léger qu’une trottinette électrique. Les résultats des tests pouvant être faussés. L’argument fait mouche.

Le président de la chambre correctionnelle suggère que l’affaire soit remise au 15 mars pour permettre à un policier de s’expliquer sur les méthodes de mesure. «Il existe peut-être une zone grise quant à la légalité de ces trottinettes électriques et de leur mise en circulation», a-t-il estimé. «Ce sera l’occasion de mieux comprendre les règles en la matière.»

«J’avais bu, j’ai eu peur»

«Nous lui avons demandé de ne pas faire de bêtise et de revenir, mais il est remonté en voiture et est parti», raconte un témoin. Gil venait de foncer sous ses yeux dans une voiture en stationnement. «Il a mis la marche arrière, s’est arrêté à une cinquantaine de mètres, est sorti de sa voiture, en a fait le tour, est remonté à bord et est reparti.» Le témoin a eu la présence d’esprit de noter la plaque d’immatriculation de la voiture et a prévenu la police.

Gil n’a pas entendu le conseil du témoin. «J’ai eu peur parce que j’avais bu, donc je suis parti», reconnaît le jeune homme, qui avait fêté son anniversaire la veille des faits. «Faire la fête n’est pas une mauvaise idée. La mauvaise idée était de prendre la fuite», soulève le procureur.

D’autant plus qu’il circulait dans une voiture qui ne lui appartenait pas et qu’un innocent risquait d’être accusé à sa place. Il requiert contre lui une amende ainsi que deux interdictions de conduire de 18 mois pour délit de fuite et conduite en état d’ivresse. Il ne s’oppose pas à un large sursis de 30 mois.

«Un court-circuit dans ma tête»

Sébastien aussi a pris la fuite alors qu’il avait bu. «Une dizaine de bières chez un ami à Arlon», a-t-il reconnu. «Sur la route du retour, une amie m’a téléphoné et m’a proposé de la rejoindre dans une boîte de nuit à Luxembourg.»

Le jeune homme n’a pas hésité longtemps. À Strassen, à deux heures du matin, un policier lui fait signe de s’arrêter. «J’ai eu comme un court-circuit dans ma tête et je ne me suis pas arrêté», explique-t-il. Il a contourné le contrôle de police en empruntant une voie de bus.

«Des gens ont déjà été tués pour un refus d’obtempérer. Mieux vaut perdre son permis de conduire pendant 18 mois que se faire tirer dessus», note le juge, faisant notamment référence à l’affaire de Bonnevoie. «C’est une attitude dangereuse pour vous et pour le policier, qui ne sait pas pourquoi on cherche à l’éviter et qui se trouve dans la voiture : un dangereux criminel, un trafiquant de drogue ou un ravisseur.»

«On se demande ce qui vous est passé par la tête», enchaîne le représentant du parquet avant de se lancer dans ses réquisitions. Une amende correctionnelle d’abord, trois amendes de police pour avoir emprunté une voie de bus, refusé d’obtempérer et circulé à vitesse élevée, ainsi que des interdictions de conduire de 17 mois pour conduite en état d’ivresse (1,71 gramme d’alcool par litre de sang), de 9 mois pour refus d’obtempérer et de 6 mois pour avoir circulé à une vitesse trop élevée. Le magistrat ne s’oppose pas à un sursis et à une exception pour les trajets professionnels.

Les prononcés sont fixés au 21 décembre.

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