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[Cinéma] La «Rocky Horror mania» s’empare de la Cinémathèque


Le public déguisé en personnages de The Rocky Horror Picture Show lors d’une séance participative, à New York, en 1983. À droite, Sal Piro, à l’origine de cette tradition. (Photo : ode records)

La comédie musicale culte The Rocky Horror Picture Show débarque samedi pour une soirée unique à la Cinémathèque. Elle offrira au public la possibilité d’interagir avec le film, perpétuant une tradition vieille de près de 50 ans.

Un saut sur la gauche, un pas sur la droite, mains sur les hanches, genoux rapprochés, et puis, ce coup du pelvis qui rend les gens vraiment fous… The Time Warp, chanson signature du film The Rocky Horror Picture Show, continue d’électriser le public à chaque nouvelle projection à travers le monde. Pour preuve : il est de coutume, à ce moment précis, de se lever de son siège et de se joindre à la danse. Ce n’est là qu’un exemple, car à mesure que le film défile sur l’écran, le spectacle, lui, continue dans la salle. «The Rocky Horror Picture Show, c’est le film le plus emblématique quand on parle de participation du public», assure Nicole Dahlen, programmatrice à la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg, où la comédie musicale culte aura droit à sa séance participative samedi soir.

C’est même le premier à avoir instauré la tradition d’une participation active du public à une projection en salle : lors de sa sortie en 1975, le film réalisé par Jim Sharman – qui avait déjà mis en scène le «musical» de Richard O’Brien The Rocky Horror Show, créé deux ans plus tôt à Londres – fait un flop et est rapidement retiré de l’affiche.

Mais l’année suivante, lors de ce qui devait être une projection unique au Waverly Theatre de New York sous le label «midnight movie», les spectateurs commencèrent à interagir avec l’écran. Leurs réponses aux répliques des personnages en forme de jeux de mots sont drôles, souvent vulgaires, dans l’esprit décalé et transgressif du film, qui parodie les films de série B des années 1950 et 1960 en mettant en scène un jeune couple d’Américains coincés qui trouvent refuge dans un manoir un soir d’orage, pris au piège par des créatures extraterrestres aux mœurs légères, dont le chef, le «gentil travesti» Frank-N-Furter, vient de créer un surhomme tout en muscles et en beauté blonde, le fameux Rocky.

Le Waverly Theatre puis le Tiffany Theater de Los Angeles devinrent immédiatement les hauts lieux du Rocky Horror, qui trouve une nouvelle vie grâce à la participation du public. Les spectateurs lancent du riz sur l’écran lors de la scène de mariage, balancent de l’eau sur leurs voisins quand Brad et Janet traversent la forêt sous l’orage, s’arment de sifflets et de crécelles pour fêter la naissance de Rocky… Et soignent bien sûr leurs costumes pour ressembler aux personnages du film. Le concept a fait des petits partout à travers les États-Unis, à tel point qu’au milieu des années 1980, 200 copies du film circulaient encore pour des projections régulières.

Le concept s’est même rapidement exporté, comme à Paris, où le Studio Galande, niché au cœur du Quartier latin, montre le film tous les week-ends depuis 1978, dans une ambiance survoltée et avec une troupe d’amateurs qui transforme le film en spectacle vivant. «L’équipe de la Cinémathèque sera déguisée, elle aussi, précise Nicole Dahlen, mais nous ne sommes pas aussi rodés qu’à Paris. Eux, ils font ça chaque semaine depuis 45 ans!»

Des animations égayeront tout de même la soirée de samedi, et les spectateurs entreront dans la salle avec leur «fan bag». Distribué à l’entrée, il contiendra tous les objets nécessaires à leur participation ainsi qu’un petit manuel expliquant aux novices quand et comment interagir avec l’écran. Car, même si on vient le découvrir pour la première fois, il y a bien longtemps que Rocky Horror ne se regarde plus simplement ; c’est une expérience collective qui doit être vécue.

L’idée de faire venir l’une des expériences de cinéma les plus inoubliables dans le musée luxembourgeois du cinéma mijote depuis 2015, lorsque The Rocky Horror Picture Show avait été montré – avec, déjà, la participation du public – à l’Open Air Cinema organisé chaque été sur le parvis du Palais grand-ducal.

Quelle tradition est plus exclusive à la salle que The Rocky Horror Picture Show?

«Cette projection était très spéciale, un évènement spectaculaire – les 500 sièges étaient occupés – qui nous est resté en mémoire», se souvient Nicole Dahlen. «On était surpris de voir débarquer plein de gens déguisés, nous qui ne savions pas si le film résonnait encore avec le grand public.» Quant à savoir si les spectateurs joueront à nouveau le jeu samedi, la programmatrice a l’air confiante : «Le public de la Cinémathèque est un peu plus au courant de cette tradition. Si ça se trouve, les gens n’attendent que ça!»

Pour l’équipe de la Cinémathèque, l’évènement autour de ce film culte est «un apprentissage». «Cela demande beaucoup d’organisation et de préparation, mais on sait que l’ambiance sera folle. The Rocky Horror Picture Show, c’est une première, et si l’on prend goût à ça, il est probable que ça nous donne l’envie d’expérimenter d’autres idées. Nous nous intéressons à tout ce qui est lié à l’expérience cinématographique que l’on ne peut pas reproduire à la maison. Et quelle tradition est plus exclusive à la salle que celle-ci?» Samedi, ce sera enfin l’occasion de le chanter pour de bon : «Don’t dream it, be it!»

The Rocky Horror Picture Show,
de Jim Sharman.
Samedi, à 20 h 30.
Cinémathèque – Luxembourg.

 

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