Membre du conseil d’administration de la FLF et patron des arbitres du Grand-Duché, Charles Schaack assume qu’il y a eu des décisions plus que litigieuses, jeudi soir.
S’il y avait bien un homme à aller voir, jeudi, c’était l’homme qui s’est retrouvé bien malgré lui pris entre deux feux : son devoir corporatiste de protéger l’arbitre et son sentiment profond d’avoir vu sa fédération perdre ses chances pour une utilisation douteuse de la VAR. Mais sa réponse est sans ambiguïté : M. Sánchez Martínez n’est pas exempt de tout reproche.
Avez-vous voulu revoir et avez-vous revu les images des décisions litigieuses de jeudi soir ?
Charles Schaack : Oui.
Quelle est votre analyse ?
Il y a d’un côté le cœur d’un membre du conseil d’administration de la FLF et de l’autre les lois du jeu.
Que vous dit votre cœur ?
Que l’arbitrage a mal tourné contre mon équipe.
Et les lois du jeu ?
Elles me disent deux choses. Que sur la faute sur Mica Pinto, c’est clair, net et précis, c’est rouge. C’est très clairement ce qu’on apprend à nos arbitres à la fédération et ces consignes s’appuient notamment sur du matériel que l’on reçoit de l’UEFA et qui est édité pour nos cours. La VAR aurait dû prévenir l’arbitre puisque c’est une situation manifeste de carton rouge. Ils l’ont manquée. Je me demande pourquoi, alors que c’est indiscutable…
Pardon de vous interrompre, mais un membre de la famille des arbitres a-t-il le droit d’aller, ne serait-ce que gentiment, demander des éclaircissements en fin de rencontre ?
Je n’ai pas le droit d’aller aux vestiaires ou même de prendre contact avec l’observateur des arbitres. Je n’ai pas le droit de me mêler de son travail.
Revenons donc à la deuxième situation : celle du but annulé et de l’expulsion de Maxime Chanot.
C’est la situation cruciale du match. Là, on en vient à mon interprétation sans savoir ce que l’arbitre, lui, a pu voir, mais il a bien montré qu’il n’y avait pas de faute et il a dit de continuer à jouer. Ce qui ne l’empêche pas de revenir voir l’action si la VAR lui dit qu’il y a un doute. Ce qui me dérange, c’est l’interprétation qu’il en fait parce que c’est loin d’être flagrant. C’est une application très stricte.
Est-ce gênant d’avoir votre position de chef des arbitres du Luxembourg et de membre du conseil d’administration quand la sélection se retrouve au centre de telles décisions qui doivent agacer tout le monde, du staff aux joueurs en passant par vos collègues du CA ?
C’est gênant, oui. Mais on se doit de rester réaliste et de savoir que les fautes d’arbitrage, ça existe. Même avec des arbitres du top niveau mondial. Je n’aime pas qu’on puisse dire qu’on est arbitrés comme ça parce qu’on est des petits et qu’on est donc désavantagés. Mais cela ne m’empêche pas de dire que je suis d’accord : il a mal arbitré.
Ça m’étonnerait que cela soit volontaire
Mais c’est un lieu commun absolu qui a sa petite vérité propre de dire qu’on n’arbitre pas une grande équipe comme on en arbitre une petite, non ?
Un arbitre doit savoir s’adapter au niveau de toutes les équipes. Un arbitre de Ligue des champions laissera plus jouer parce que cela correspond au souhait des joueurs de ce niveau qu’on n’interrompe pas tout le temps le match. En DN, on demande au contraire de sanctionner toute faute parce que les joueurs ne supportent pas l’injustice et exigent une sanction. L’arbitre doit s’adapter s’il ne veut pas que le match devienne incontrôlable avec tout un tas d’emmerdements. Après, pour revenir à ce Géorgie – Luxembourg, on a le droit de se poser la question, oui, de savoir comment la situation aurait été gérée si les maillots avaient été inversés. Mais ça m’étonnerait que cela soit volontaire.
La FLF demandera-t-elle à ne plus être arbitrée par M. Sánchez Martínez ?
Je ne sais pas si l’UEFA accepterait une telle requête. On le fait au Luxembourg, à la demande des clubs, de tenir l’un ou l’autre arbitre à l’écart de certains stades après de très gros problèmes, pour éviter de faire en sorte que les antécédents créent des problèmes. C’est un petit pays, donc…
Et quid de la VAR au Grand-Duché, après un épisode comme celui-là ? On doute que Luc Holtz puisse en être un grand ambassadeur ?
(Il sourit) Notre président non plus, je crois. Mais on reste ouverts, on regarde, on observe.