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Chantage en ligne : des photographies compromettantes comme moyen de pression


Toutes les victimes connues du prévenu étaient à peine sorties de l’enfance.

L’affaire a éclaté à la suite du passage à tabac de Sébastien. Pendant des années, il a menacé des jeunes mineurs de dévoiler des photographies compromettantes pour obtenir leurs faveurs.

Pourtant soutenu par ses amis, un jeune homme s’écroule en pleurs dans la salle d’audience quand la représentante du parquet dévoile le calvaire qu’il a vécu pendant trois ans. Il a été le premier à porter plainte contre Sébastien le 1er juillet 2020.

Mardi et hier, il a à nouveau «eu le courage de l’affronter» au tribunal. Quatre autres jeunes ont suivi son exemple. Comme lui, l’un d’entre eux, aujourd’hui également âgé de 19 ans, a réclamé la somme de 100 000 euros pour les dommages subis. Après avoir crié au complot, prétendu que ses victimes étaient consentantes et fait des aveux partiels, le prévenu a finalement reconnu les faits et présenté ses excuses à la barre.

En juillet 2017, Sébastien, 17 ans à l’époque, a contacté sa première victime connue, alors âgée de 13 ans, par le biais d’un réseau social. Rapidement, comme avec ses différentes victimes, il insiste pour qu’elle lui envoie une photographie de son pénis après lui en avoir envoyé une du sien.

Si ses victimes obtempéraient, le piège se refermait sur elles. «Il fonctionnait toujours selon le même mode opératoire avec des victimes du même âge. Chaque fois, il en réclamait plus et menaçait de publier la photographie en ligne», a expliqué la magistrate. «Le tout pour assouvir ses besoins sexuels.» Quand les adolescents refusaient les actes sexuels, le prévenu leur soutirait de l’argent.

Jusqu’au 28 juin 2020, sa principale victime devra, sous la menace et parfois les coups, satisfaire les moindres désirs sexuels du prévenu et subir des attouchements. Ce jour-là, Sébastien lui avait donné rendez-vous dans des toilettes publiques, avait filmé sa victime en train de s’exécuter et diffusé les images en direct.

Un jeune de la localité dont ils étaient originaires a reconnu l’adolescent et identifié les lieux. Il y a débarqué avec une dizaine d’autres adolescents pour secourir leur ami. Sébastien est passé à tabac. Le lendemain et le surlendemain, il subira des représailles des jeunes de la commune. Les messages d’insultes et de menaces à son encontre affluent.

«Ils n’ont pas su se défendre»

Hier, Sébastien a expliqué timidement avoir «eu peur de demander de l’aide» et que «ses hormones ont pris le contrôle» après avoir reçu une longue leçon de choses de la part de la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Vous aviez votre plaisir et, de temps en temps, un peu d’argent de poche», conclut la juge.

Elle lui reproche de ne pas avoir suivi les avertissements des enquêteurs du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire à qui il avait déjà eu affaire lors d’une précédente histoire du même genre en 2016 alors qu’il était encore mineur.

Même son passage à tabac n’a pas été dissuasif. L’enquêteur a trouvé des discussions postérieures avec de jeunes mineurs dans lesquelles il se faisait passer pour un adolescent de 16 ans – alors qu’il en avait 20 – dans sa messagerie.

Trois de ses victimes connues ne se sont pas laissées intimider et ont fini par rapidement bloquer Sébastien sur leurs réseaux sociaux. Pas les deux autres qui, selon la représentante du parquet, «n’ont pas su se défendre contre lui» et ont subi «l’inimaginable».

«Je ne suis pas certaine que le prévenu ait conscience de la gravité de ses actes et de leurs conséquences sur la vie de ses deux jeunes hommes», indique-t-elle avant de souligner sa «froideur». «Il savait ce qu’il faisait et son jeune âge au moment des faits n’excuse rien», a estimé la magistrate avant de requérir une peine de 8 ans de prison à son encontre pour attentat à la pudeur, viol, détention et création de matériel pédopornographique, coups et blessures volontaires et menaces. Elle a demandé au tribunal de les assortir du sursis probatoire pour lui permettre de suivre une thérapie.

Son avocat, Me Stroesser, a reconnu que Sébastien doit apprendre à gérer ses fantasmes et ses pulsions. «Ce trait de personnalité», son attirance pour les très jeunes adolescents, reflèterait une certaine immaturité qui peut être traitée pour que «l’inqualifiable» ne se reproduise plus.

Un expert psychiatre a estimé qu’une thérapie pouvait s’avérer bénéfique pour sa sexualité future. Aussi, et à cette condition, il demande au tribunal de bien vouloir suivre le réquisitoire du parquet et de condamner Sébastien à un sursis probatoire intégral.

Le prononcé est fixé au 24 avril prochain.

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