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[C’était mieux avant] Raphaël Stacchiotti : «J’ai nagé à côté de Michael Phelps»


Sa plus grande victoire? «Si je dois en choisir une, ce seraient les Euro juniors» en 2009 et 2010. (Photo : administration communale de Bissen)

Désormais retraité des bassins, Raphaël Stacchiotti, qui commentera les finales de l’Euro Meet (du 27 au 29 janvier) pour RTL, revient sur son incroyable carrière.

Le nageur le plus célèbre que vous ayez affronté?

Raphaël Stacchiotti : Sans hésitation, Michael Phelps. J’ai nagé à côté de lui une fois. C’était en 2010 à l’Open de France à Paris en série du 200 m 4 nages. Je me rappelle qu’il est arrivé très tard en chambre d’appel avec ses écouteurs Beats sur les oreilles. Bon, il avait mis des autocollants pour cacher la marque mais tout le monde savait que c’étaient des Beats. J’ai tenu 20-25 m, car je fais toujours de bons départs. Et puis il est parti.

Aujourd’hui

Désormais âgé de 30 ans et papa de deux petites filles, Raphaël Stacchiotti est désormais responsable des sports à la commune de Bissen où il est chargé de coordonner tout ce qui concerne le sportif.

S’il ne nage plus vraiment, sauf pour se mettre à l’eau avec ses filles, il ne s’interdit pas de reprendre un peu à Ettelbruck, voire de rendre service pour un relais en cas de besoin lors des prochains championnats nationaux.

Le plus gentil?

Le plus adorable que tu puisses trouver, c’est Marco Koch. Il n’est pas forcément très connu du grand public, mais c’est quelqu’un de très apprécié dans le cercle des nageurs. Comme un Florent Manaudou, qui est devenu un peu le papa de la natation. Ben Proud est quelqu’un de très humble et très timide. Laszlo Cseh est super aussi. En fait, il y a des rivalités, des embrouilles de temps en temps, mais ça reste un sport de gentlemen.

L’entraîneur qui vous a le plus marqué?

Jacqueline Mailliet. C’est elle qui m’a formé dans comme en dehors du bassin. Quelqu’un de très strict, mais j’ai quand même réussi en tant que gamin à en faire une personne douce et rigolote. C’est ma deuxième maman. Elle m’a énormément aidé avec l’école. Je n’ai pas assez de mots pour lui dire merci.

Votre plus grand exploit?

Je vais dire Gwangjiu en 2019. J’avais annoncé aux copains que je sortirais en larmes quoi qu’il se passe : résultat, je me qualifie pour les JO, je passe pour la première fois sous les 2 minutes et je me qualifie pour la première fois pour une demi-finale aux championnats du monde.

Bon après, je n’ai pas du tout respecté les codes de la récupération, je répondais à tout le monde. J’avais atteint mon objectif en carrière et, ce jour, j’étais ingérable. J’ai mis beaucoup de temps avant d’aller dormir un peu pour ma demi-finale le soir. Finalement, je nage six dixièmes plus lent que le matin et je me dis que si j’avais mieux fait ma récup, j’aurais pu aller plus vite peut-être aller chercher un 1’59«  bas, voire un 1’58″…

À Londres, j’ai acheté 11 casquettes : une par centième qui me manquait pour aller en demies

Votre plus grand regret?

Je ne dirais pas un regret, mais une déception : Londres-2012. J’avais toutes les cartes pour finir en demi-finale. Il me manque un dixième à cause d’une erreur : je bois la tasse au virage dos-brasse, je n’ai pas pris d’air avant, je rate mon premier coup de bras, je passe au-dessus de la surface de l’eau. Bref, je précipite trop la brasse, je me flingue et je finis en vrac en crawl. À l’Euro Meet, je nage 2’00« 22 à cinq centièmes de la qualif et à Londres je passe au 100 m une seconde plus vite que mon record, mais je perds plus d’une seconde au second 100 m.

J’ai 20 ans et, à cet âge, on a parfois des idées farfelues. Alors pour chaque centième raté, j’ai acheté une casquette. J’en ai acheté 11. Je me rappelle d’ailleurs une photo où je montre mes casquettes au Grand-Duc. J’ai les ai toujours. Et maintenant, mes filles les mettent de temps en temps pour s’amuser.

Votre plus grande victoire?

Si je dois en choisir une, ce seraient les Euro juniors. La première (NDLR : à Prague en 2009) était une surprise, j’ai profité d’un groupe de nageurs qui n’était pas là et moi j’explose mon record. Mais je suis vraiment très fier de celle de 2010 à Helsinki, où je parviens à défendre mon titre alors qu’il y avait un Anglais avec un bien meilleur temps d’engagement que moi.

J’aurais aussi pu parler de mes 17 titres en 17 courses aux championnats d’hiver ou de ma compétition exceptionnelle aux championnats à Dudelange en 2015 où je nage des records nationaux à chaque course.

Votre pire cauchemar?

Forcément, les accusations de dopage contre moi. J’étais à table avec deux célèbres cyclistes et je reçois un coup de fil de ma mère, qui me dit que j’ai reçu une lettre rouge évoquant un dopage aux glucocorticoïdes lors des championnats du monde juniors de Monterrey en 2008. Elle me demande ce que j’ai fait, je lui ai répondu rien.

Tout le monde a été très protecteur, j’ai reçu énormément de soutien de mes parents, du Dr Urhausen, de l’école. On m’a juste dit : « fais ton job, ton école, ton entraînement et ne t’occupe pas du reste.«  C’est ce que j’ai fait. J’ai été suspendu à titre provisoire pendant six mois, je pouvais m’entraîner, mais pas participer aux courses. Donc pas d’Euro Meet, j’avais juste fait un time trial à la pause de midi, j’avais fait mon meilleur temps sur 100 crawl, donc je me suis dit que j’étais sur les bons rails.

Finalement, j’ai été totalement blanchi, on m’a juste dit en gros « désolé, on s’est trompé« . Pour mon retour à Berlin, j’explose le record national de Luc Decker sur le 200 m 4 nages. Je commence à regarder les rankings européens juniors et partout, j’étais bien classé. Du coup, je me suis dit que j’allais commencer à me mettre au 4 nages. Et en été, je gagne le titre juniors.

Rio-2016, la meilleure soirée de ma vie

Votre plus grand souvenir de l’Euro Meet?

En 2012. Je gagne le 200 m 4 nages avec un record du meeting en battant de très bons nageurs. Et je fais record national sur le 100 m nage libre dans le même temps que Ian Thorpe, qui a nagé juste à côté de moi.

Votre plus grosse fête?

Rio-2016. C’était légendaire. C’était la toute dernière course de Phelps. Il est presque minuit quand la compète s’achève, tout le monde applaudit Phelps. Et ensuite, il y avait une soirée spécial nageurs, pour y entrer, il fallait avoir « swimming«  sur l’accréditation ou montrer une médaille olympique. C’était à Ipanema Beach, avec piscine et un DJ qui a joué jusqu’à 9 h 30.

J’ai fini la soirée avec James Magnussen (NDLR : surnommé « Le missile« , l’Australien a été triple champion du monde et recordman du monde du 100 m nage libre) qui est devenu un bon pote. On est rentrés dans le même taxi au village vers 11 h. C’est la meilleure soirée de ma vie.

Ses faits d’armes

Véritable prodige de la natation luxembourgeoise, Raphaël Stacchiotti commence à faire parler de lui dès l’âge de 9 ans, quand il commence à s’emparer de toutes les meilleures performances de sa catégorie d’âge (il en détient d’ailleurs toujours une kyrielle).

L’Ettelbruckois participera à quatre JO (Pékin, Londres, Rio, Tokyo), dont il sera deux fois le porte-drapeau (Pékin et Rio), il décrochera deux titres de champion d’Europe juniors (Prague-2009 et Helsinki-2010). Demi-finaliste aux championnats du monde de Gwangjiu en 2019, il est le Luxembourgeois le plus médaillé aux JPEE avec 40 breloques en or et toujours détenteur d’un très grand nombre de records nationaux.

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