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Cargolux prête à reprendre LuxairCargo : «Une bonne nouvelle sur le papier»


Après des mois de questionnement, certaines inquiétudes des 1 250 agents de LuxairCargo se dissipent. (Photo : archive/tania feller)

Luxair laisse tomber sa branche Cargo : l’activité de fret aérien devrait revenir à Cargolux dès cet automne. Au Cargocenter, les sentiments oscillent entre soulagement et craintes.

Les rumeurs se faisaient de plus en plus pressantes au Cargocenter, comme nous l’avaient confié plusieurs employés, rencontrés il y a près d’un an : Luxair pourrait laisser tomber sa branche Cargo pour se concentrer uniquement sur l’Airlines, bien plus rentable économiquement pour le groupe.

Une hypothèse désormais confirmée selon nos confrères de Reporter.lu : Cargolux a formalisé un projet de reprise des activités de manutention de fret aérien au Findel opérées jusqu’ici par LuxairCargo. Si la nouvelle suscite un certain soulagement parmi les 1 250 employés du Cargocenter, ils ne cachent pas leurs craintes pour l’avenir, et notamment les conditions dans lesquelles leur contrat de travail va être transféré.

Luxair jette l’éponge

C’est via une nouvelle filiale, baptisée LuxCargo, que la compagnie Cargolux a répondu à l’appel d’offres européen publié en avril pour la reprise d’une des deux licences d’assistance en escale – ou handling – remises sur le marché par Lux-Airport pour la période 2024-2031.

Licence pour laquelle Luxair ne s’est tout simplement pas portée candidate. Priorité stratégique au renouvellement de sa flotte, qui nécessitera «entre 500 millions et un milliard d’euros», selon le directeur général, Gilles Feith.

Dans un entretien accordé au Quotidien en septembre dernier, en plein conflit social, il estimait que l’avenir du groupe passerait forcément par un bouleversement.

«Si Luxair n’arrive pas à avoir un modèle propice, ça ne va pas aller. (…) Ça ne va certainement pas aller en faisant moins, en innovant moins, ou en gardant le modèle en place, car on a déjà toutes les preuves qu’il ne marche pas. Depuis des années d’ailleurs.»

«On s’est sentis trahis»

Il aura pourtant soutenu jusqu’au dernier moment que le Cargocenter ne serait pas cédé : «Au mois de mai, il nous a assuré que Luxair ne se séparerait pas de l’activité Cargo. Une semaine après, il appelait la délégation pour leur annoncer que c’était fini», raconte Pascal*, agent chez LuxairCargo depuis plus de 20 ans.

«On s’est sentis trahis, alors que ça faisait des mois qu’on supportait un lourd climat d’incertitude. Il aurait dû nous le dire tout de suite, au lieu de nous dénigrer en parlant de shithole. Nous, on a toujours été là pour la société, même aux pires moments», insiste-t-il.

«On souffle un peu»

Le fait que le nom de Cargolux soit officiellement sur la table pour la reprise de l’activité apaise le stress au sein des équipes : «On a eu très peur que ce soit un opérateur inconnu. Alors on souffle un peu en sachant que ce sera Cargolux.»

«Ils ont toujours reconnu notre travail, en nous accordant des primes parfois, alors qu’ils n’étaient pas obligés», souligne Pascal, qui ne cache pas son inquiétude quant aux conditions dans lesquelles le départ de Luxair va maintenant s’organiser.

Des acquis à sauver

«La question est de savoir comment Luxair va se débarrasser de nous. Est-ce qu’on pourra sauver nos années d’ancienneté? Nos avantages? Le système qui nous permet de voyager quasiment gratuitement avec nos familles nous sera-t-il retiré?», interroge-t-il, encore dans le flou, lui qui était convaincu de finir sa carrière chez Luxair, à quelques années de prendre sa retraite.

«Une bonne nouvelle sur le papier»

Rémi* travaille lui aussi au Cargocenter. Après plusieurs CDD, il a fini par accepter un CDI, malgré un rythme de travail qui fait fuir même les intérimaires : sept jours d’affilée, à peine un jour et demi de repos – en finissant sur un poste de nuit – et un seul week-end de libre par mois. Tout ça au salaire minimum ou presque.

Il décrit également une forme de soulagement après une longue période de questionnement : «Quand on additionne les rumeurs, les différentes versions au fil des mois, et le manque de communication avec la direction, ça donne un climat difficilement supportable.»

«Les syndicats venaient régulièrement nous rassurer, mais ça a été dur. Bien sûr, on a évoqué la piste d’une reprise par Cargolux, et c’était de loin notre préférée, alors qu’on redoutait de voir arriver les Chinois ou le Qatar», explique le jeune homme.

«Cargolux, on les connaît, on sait que c’est une entreprise fiable, ça paraît une bonne nouvelle sur le papier. Il faut voir maintenant dans quelles conditions exactement on va basculer chez eux», pointe-t-il à son tour, dans l’expectative.

Une rencontre avec des membres de la délégation du personnel devrait se tenir fin août. Les choses devraient alors un peu plus s’éclaircir pour les salariés du groupe, en attendant l’attribution officielle des licences attendue cet automne.

Déterminés à se défendre

Ils se disent d’ores et déjà déterminés à défendre leurs droits et n’excluent pas une nouvelle manifestation, après celle de septembre 2022 au pied du ministère de la Mobilité qui avait mobilisé 800 personnes. Mais quoi qu’il arrive, ils ne bloqueront pas le Cargocenter, tranche Pascal : «On ne veut pas pénaliser notre nouvel employeur».

*prénoms d’emprunt

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