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Cannabis médical : « un droit fondamental » pour ceux qui ont en besoin


Le texte actuel prévoit que seuls les patients atteint d'un cancer, d'une sclérose, d'une maladie neurodégénérative ou d'une maladie chronique et douloureuse puissent avoir recours au cannabis pour soulager leurs souffrances. (illustration AFP)

L’ASBL Cannamedica salue les amendements du gouvernement au projet de loi sur le cannabis médical, ainsi que le travail du Conseil d’État, mais elle estime que le texte ne va pas encore assez loin.

Si l’ASBL dit saluer «les récentes initiatives prises par le gouvernement», ainsi que le «travail exemplaire» et «rapide» des Sages, Cannamedica estime que le texte est largement perfectible. Et ce, bien que l’ASBL se félicite que la première mouture du texte ait été amendée, à la suite du premier avis de la Haute Corporation, afin de conférer le droit à tous les médecins – généralistes y compris – de pouvoir prescrire, une fois la loi entrée en vigueur, du cannabis médical.

Cela étant, l’ASBL formule encore plusieurs doléances, en vue d’amender à nouveau le texte.

«Élargir la liste des maladies»

Le texte actuel limite les cas dans lesquels du cannabis médical pourra être prescrit. Il prévoit que seuls les patients atteint d’un cancer, d’une sclérose, d’une maladie neurodégénérative ou d’une maladie chronique et douloureuse puissent avoir recours au cannabis pour soulager leurs souffrances.

Or l’ASBL Cannamedica considère que «l’accès au cannabis médical est «un droit fondamental». De plus, l’association rappelle qu’elle représente des patients souffrant de maladies qui ne sont pas incluses sur la liste, telles que le VIH. L’association indique d’ailleurs «soutenir les députés qui souhaitent élargir ladite liste de maladies» et invite Lydia Mutsch à prendre cette revendication en compte. Dans l’absolu, l’ASBL souhaiterait que «toutes les personnes qui peuvent atteindre un soulagement grâce au cannabis médical puissent y avoir accès».

Toutes les pharmacies

Sur un deuxième point, l’ASBL est d’avis que toutes les pharmacies du Grand-Duché – locales et régionales – puissent avoir la prérogative de délivrer du cannabis médical, «facilitant ainsi l’accès (…) pour les patients à mobilité réduite». Il est prévu, dans le texte provisoire, que seules les pharmacies des quatre hôpitaux du pays seront habilitées à délivrer du cannabis thérapeutique.

«Soutenir la production nationale»

Alors que le projet de loi indique que le Grand-Duché s’approvisionnera auprès de l’agence du cannabis du Canada, l’ASBL appelle la ministre de la Santé à «soutenir la production nationale». L’argument se base sur le fait que, selon Cannamedica, «l’approvisionnement exclusif en cannabis médical provenant de l’étranger est une stratégie risquée et défavorable pour garantir un accès au cannabis médical durable aux patients». L’association se base sur les «difficultés d’approvisionnement» que Allemagne a déjà dû affronter, ainsi que sur «les obstacles rencontrés par les autorités allemandes pour lancer leur appel d’offres afin de faire démarrer la production locale en cannabis qui aurait dû permettre de commencer la production nationale en 2019».

De plus, Cannamedica est d’avis que «la culture du cannabis permettra une diversification de (notre) agriculture et assurera une certaine indépendance de l’approvisionnement national». Par extension, l’ASBL considère qu’«une diversification véritable et durable de notre économie pourrait résulter d’initiatives de recherche et d’entrepreneuriat visant à établir au Luxembourg une culture scientifique et d’innovation permettant de faire de notre pays un des pays phares dans ce secteur en plein développement».

Statut à part pour le cannabidiol

Cannamedica milite pour une «approche moins restrictive» concernant le cannabis médical ayant une teneur faible en THC (tétrahydrocannabinol) et riche en CBD (cannabidiol)». En ce sens, l’association invite les politiques à «exempter la prescription de ce type de cannabis de l’obligation de respecter la liste des maladies éligibles». L’ASBL estime, en effet, que le CBD est le cannabinoïde «le plus prometteur pour le traitement de nombreuses maladies» et, donc, qu’il «mérite un statut à part dans la nouvelle législation».

Cannamedica cite l’exemple de la teinture de CBD pour étayer ses propos. «Déjà facilement accessible par internet et produite localement par un producteur engagé, (la teinture de CBD) est un remède très apprécié par de nombreux patients déçus des traitements standards inefficaces, qui le consomment sans effets psychotropes et sans effets secondaires notables», dixit l’association.

Remboursement

En ce qui concerne le remboursement, point sur lequel des discussions sont en cours entre le ministère de la Sécurité sociale et la CNS, Cannamedica revendique que ces discussions aboutissent «à un remboursement de prestations aussi large que possible, à l’image de ce qui se fait notamment en Allemagne».

Personnes âgées

L’association s’interroge sur la prescription de cannabis médical aux personnes âgées. Selon l’ASBL, elles «devraient pouvoir accéder au cannabis médical d’une manière non restrictive pour pouvoir adoucir les souffrances liées à leur âge et, ainsi, augmenter leur qualité de vie. Le cannabis médical peut jouer un rôle en tant que substitut ou complément aux traitements thérapeutiques conventionnels dans les maisons de retraite, comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années en Israël», souligne l’association.

Claude Damiani

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