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Braquage de G4S : trois fois 22 ans requis en appel


Les traces ADN des prévenus Cihan G. et Dogan S. avaient été recueillies sur les bouchons des deux bidons d'essence saisis à Garnich. (photo police grand-ducale)

Le parquet général demande la confirmation du premier jugement : trois condamnations et un acquittement.

Dans la nuit du 2 au 3 avril 2013, une bande lourdement armée d’au moins six personnes avait violemment attaqué le siège du transporteur de fonds G4S à Gasperich. Les auteurs n’avaient pas hésité à mitrailler les policiers pour couvrir leur fuite. «On peut qualifier les actes de véritables actes de guerre», a considéré le parquet général, mardi après-midi.

Trois heures n’avaient pas suffi à l’avocat général Serge Wagner pour venir à bout de son réquisitoire lors de l’audience la semaine passée. Mardi après-midi, le ministère public s’est concentré sur le faisceau d’indices concernant le troisième prévenu Anouar B. « Il est faux de prétendre qu’il n’y a pas d’autres indices que l’ADN. Il est important de ne pas se borner à analyser les indices un à un. Il faut les mettre tous ensemble », a martelé la représentante du ministère public venue à la place de l’avocat général malade.

Selon le parquet général, les auteurs du braquage ont commis des erreurs le soir des faits. Ainsi, sur le site de G4S, les enquêteurs avaient retrouvé entre deux caravanes une batterie de 12 volts. Batterie qui avait recueilli les traces ADN d’Anouar B. Dans ses plaidoiries, la défense avait évoqué l’hypothèse d’un transfert indirect. Sans exclure cette possibilité, l’experte en génétique avait toutefois fortement penché vers un transfert direct. « Je prie votre Cour de retenir qu’il y a eu transfert direct », conclut le ministère public, qui estime que l’hypothèse la plus probable est qu’Anouar B. a déposé son ADN lors du braquage dans la nuit du 2 au 3 avril 2013.

Outre les traces ADN, le dossier contient différentes informations de sources policières belges. L’une présentait Anouar B. comme l’artificier. « C’est seulement neuf mois plus tard que la présence de son ADN a été établie. L’information est donc confirmée », a soulevé le parquet général avant de battre en brèche l’alibi d’Anouar B. Comme Cihan G., ce dernier avait fini par déclarer avoir regardé le fameux match de Champions League entre le Paris Saint-Germain et le FC Barcelone le 2  avril 2013 à 20h45.

« Cet alibi a si bien réussi à Cihan G. Après plusieurs mois de détention préventive, il a présenté cet alibi. Et en octobre 2014, la Chambre du conseil a ordonné sa mise en liberté provisoire. Anouar B. veut donc profiter de la même faveur », constate la représentante du ministère public. Or elle estime que les témoins de la défense n’ont pas réussi à fournir un alibi tenant la route.

Leur ADN retrouvé à 150  km de leur domicile

Bref pour le parquet général, « il y a un faisceau d’indices précis et concordants » prouvant que les prévenus Anouar B. (36  ans), Cihan G. (32  ans) et Dogan S. (45  ans) ont participé directement aux faits à Gasperich et Garnich. Il qualifie de « farfelues » les explications livrées par les deux derniers quant à la présence de leurs traces ADN sur les bouchons des deux bidons saisis à Garnich, lieu où avait eu lieu la deuxième fusillade avec les policiers. « Alors qu’ils prétendent ne pas se connaître et être étrangers aux faits, qu’est-ce que leur ADN faisait à 150  km de leur domicile, à 5  cm l’un de l’autre, à proximité du lieu du crime? » Le parquet général demande de retenir la culpabilité des trois prévenus et de confirmer le jugement prononcé en première instance, à savoir 22  ans de réclusion ferme.

En ce qui concerne le quatrième prévenu, Simon S. (27  ans), il demande de confirmer l’acquittement  : « Il n’y a pas d’éléments dans le dossier indiquant qu’il aurait matériellement participé aux faits .»

Lors de leurs répliques qui se sont étirées sur près de trois heures, les huit avocats de la défense ont de nouveau développé leurs arguments et demandé l’acquittement. Sept audiences auront finalement été nécessaires pour boucler les débats du procès en appel des prévenus du braquage G4S. Jusqu’au bout, les quatre auront clamé leur innocence.

La Cour d’appel rendra son arrêt dans cette affaire le 7 février.

Fabienne Armborst

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