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Blessé aux fesses avec un couteau à pain


Mehrez aurait profité de la nuit pour s’attaquer à sa victime endormie dans la chambre qu’ils partageaient avec un troisième homme.

Un demandeur de protection internationale en a agressé un autre au couteau dans un foyer. La nature de l’arme et la localisation des blessures qui en ont résulté n’avaient rien d’anodin.

L’affaire qui a occupé la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi était peu banale et prêtait à sourire : Mehrez a entaillé les fesses de son voisin de chambrée avec un couteau à pain. Les faits, qui ont eu lieu dans un centre d’accueil pour demandeurs de protection internationale, remontent au 29 juillet 2020. Depuis, l’agresseur et sa victime ont tous deux disparu dans la nature. C’est donc par défaut que le prévenu a été jugé.

Mehrez aurait profité de la nuit pour s’attaquer à sa victime endormie dans la chambre qu’ils partageaient avec un troisième homme. Armé d’un couteau à pain comportant une lame de 20 centimètres, il aurait fondu sur Youssif qu’il a, dans un premier temps, blessé au coude avant de lui entailler le fessier. La victime avait indiqué à l’époque avoir été menacée de mort par Mehrez. À la police, le prévenu avait prétendu que sa victime avait trébuché sur une bouteille qui se serait brisée.

Un médecin légiste appelé à la barre a contredit cette théorie. Les plaies dentelées courant d’une fesse à l’autre ont bien été causées par un couteau à découper le pain. Peu profondes, elles n’étaient heureusement pas de nature à causer la mort. Mais suffisamment graves pour que le médecin légiste estime à une semaine l’incapacité temporaire de travail qui en résultait. En outre, du sang a été retrouvé sur l’arme, selon un des premiers policiers arrivés sur les lieux à 2 h.

«Agression unilatérale»

Des agents de sécurité retenaient Mehrez. L’un d’eux, appelé à témoigner hier, a demandé à la présidente de bien vouloir lui rafraîchir la mémoire. «Il y a tellement d’altercations que je ne me souviens pas de quelle histoire il s’agit.» Une histoire de fesses, il n’en a vécu qu’une seule. «Quand nous sommes arrivés dans la chambre, mes collègues et moi, la victime essayait de fuir son agresseur en passant par la fenêtre, mais elle n’est pas parvenue à l’ouvrir. L’autre le retenait par le col», s’est immédiatement rappelé l’agent de sécurité. «Mes collègues et moi les avons séparés avant de désarmer l’agresseur.»

Le témoin ne comprend pas ce qui a bien pu passer par la tête de Mehrez. «Ils étaient amis tous les deux et sortaient souvent se promener ensemble.» «À l’époque, vous aviez évoqué la piste d’un règlement de comptes à la police», lui répond le procureur. Aucun des deux protagonistes n’ayant répondu aux convocations, la raison de cette «agression unilatérale», telle que le magistrat l’a qualifiée dans son réquisitoire, reste mystérieuse.

Une chose est certaine et également confirmée par les témoins, dont le troisième occupant de la chambre, le prévenu a brandi un couteau à pain. Il a occasionné des blessures à sa victime alors que celle-ci, attaquée dans son sommeil, tentait de se libérer de son emprise. Pour le procureur, Mehrez avait bien l’intention de blesser son voisin de chambrée. Un doute subsiste cependant quant à son intention de donner la mort à sa victime. Le prévenu est, entre autres, accusé de tentative de meurtre et de coups et blessures volontaires.

La 13e chambre criminelle doit, selon lui, ne retenir que cette dernière qualification avec la circonstance aggravante de l’incapacité temporaire de travail. Le magistrat a expliqué son raisonnement : «Les blessures infligées se trouvaient loin des parties vitales du corps», «leur nombre est limité» et la nature même du couteau utilisé exclut une rage meurtrière. «La pointe du couteau est arrondie. C’est peut-être suffisant pour blesser, mais cela ne permet pas au couteau de pénétrer suffisamment profondément sous les tissus.» Sans les témoignages des principaux protagonistes, affirmer le contraire est compliqué.

Quant aux menaces de mort que le prévenu aurait proférées contre sa victime, aucun témoin ne les aurait confirmées. «Je laisse à votre chambre criminelle le soin d’apprécier si menaces il y a eu ou s’il s’agissait d’insultes», a conclu le magistrat avant de requérir une peine de 2 ans de prison contre Mehrez et de se rapporter à prudence du tribunal en ce qui concerne sa condamnation à une amende.

Le prononcé est fixé au 28 mars.

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