L’international Diogo Pimentel s’en fait pour le Fola, incapable de continuer à le payer et qui n’a pas eu d’autre choix que de lui trouver un nouveau club cet hiver : Strassen.
Cet hiver, le Fola a décrété unilatéralement une nouvelle saignée dans son effectif face à de nouveaux problèmes financiers. Vous l’aviez senti venir?
Diogo Pimentel : Par rapport à d’éventuels problèmes financiers? Non! Parce que les salaires ont continué à être versés. Ils ont vraiment été très corrects et je pars alors qu’ils ne me doivent absolument rien. On ne pouvait donc pas se douter qu’ils demanderaient à de nouveaux joueurs de partir. L’été dernier, oui, on savait : Mirza Mustafic, Grégory Grisez… c’est parce qu’ils ne pouvaient plus les payer qu’ils ont été voir ailleurs. Mais là, non.
Je ne sais pas ce que les dirigeants auraient fait si je n’avais pas voulu partir… Parce que moi, j’avais prolongé à de meilleures conditions juste avant mon départ pour six mois au Danemark (NDLR : en D2, à Jammerbugt). Mais là, ils m’ont dit qu’ils ne pourraient pas continuer à me payer sur la deuxième partie de saison, qu’ils devaient se débarrasser des gros salaires. Mais je crois qu’ils ont quand même trouvé des accords avec Julien Klein et Jules Diallo.
Comment cela s’est-il passé, concrètement?
Ils nous ont annoncé devant le groupe, au lendemain du dernier match de l’année, contre le RFCU, que ça allait devenir financièrement encore plus difficile, que certains sponsors avaient dégagé, qu’il y avait eu le covid et maintenant la guerre en Ukraine… Et aussi qu’ils avaient espéré passer un tour en Coupe d’Europe en été, qui aurait rempli un peu plus les caisses. Cela nous a tous un peu bouleversés. C’était très inattendu.
Et pour votre cas particulier?
Eh bien, je n’en ai même pas parlé avec Stefano (NDLR : Bensi), qui a dû l’apprendre quasiment en même temps que nous, puisqu’il m’a téléphoné pendant les fêtes pour me demander s’il pouvait encore compter sur moi ou pas.
Finalement, c’est le seul reproche que je puisse faire au club : la communication. On aurait peut-être pu jouer un peu plus la carte de l’ouverture entre le comité et les joueurs. J’ai même appris la démission de M. Olk, le nouveau président, une semaine après qu’elle a eu lieu!
Mais bon, pour le reste, les dirigeants ont pris contact avec mon agent, qui a cherché des solutions. Sachant que je n’avais alors pas de piste à l’étranger. J’ai donc joué la sécurité en signant vite en DN.
Quel effet cela vous fait-il de voir le club dans cet état, alors qu’il était champion il n’y a même pas deux ans?
Depuis que je suis arrivé au Luxembourg en provenance du Portugal, je l’ai toujours connu à la lutte pour le titre et en tout cas européen. C’est dur de le voir comme ça, complètement à l’envers. Nous, les joueurs, on ne comprend pas comment les finances peuvent être en aussi mauvais état après autant d’années à jouer des tours de Coupe d’Europe. Des joueurs comme Julien Klein ou Stefano Bensi, ils ont toujours joué l’Europe! Tout le temps!
Je comprends que louer le stade national ou payer les déplacements, ça coûte de l’argent et vraisemblablement pas seulement 1 000 euros. Mais l’argent, il devait y en avoir puisqu’on a quand même touché des primes quand on jouait l’Europe et qu’on a atteint les barrages de la Conference League (NDLR : en 2021/2022, éliminé par le Kaïrat Almaty après avoir sorti Soligorsk et Linfield)…
Nous, les joueurs, on ne comprend pas comment les finances peuvent être en aussi mauvais état après autant d’années à jouer des tours de Coupe d’Europe
Êtes-vous inquiet pour le maintien, vu l’effectif qui reste à la disposition du coach?
Je ne les imagine pas tomber. On a eu beaucoup de malchance sur certains matches, en première partie de saison. Mais ils peuvent encore faire le boulot : cette équipe ne manque pas de talent, juste d’expérience maintenant.
Et de votre côté, avec l’UNA, que comptez-vous faire sur cette deuxième partie de saison?
De ce que je vois à l’entraînement depuis mon arrivée, il y a beaucoup plus de qualité que ce que dit le classement. On peut faire mieux! Même si on commence avec quatre matches très difficiles dont Differdange, le Swift et le F91. Si on fait des points à ce moment-là…
Pour vous, l’enjeu sera aussi de durer en sélection nationale dans ce nouvel environnement.
Ah ça par contre, je ne sais pas. Il va y avoir le retour de Christopher Martins… Leandro, Sébastien et Mathias (NDLR : Barreiro, Thill et Olesen) qui sont à un sacré niveau, supérieur à ce qui se fait en BGL Ligue en tout cas. Après, je garde espoir et je ne dirai jamais non à une convocation. Mais bon…