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[Cinéma] Luc Schiltz chez les Lulus


Avec le réalisateur, «dès les premières minutes, ça a matché! Je pense qu’il a quand même regardé la série «Capitani», histoire de savoir à qui il avait affaire. (Photo : Thibault Grabherr, Christine Tamalet)

Cette semaine, on retrouve l’acteur luxembourgeois sur grand écran, qui incarne un soldat allemand dans la production familiale La Guerre des Lulus. L’ex-flic de Capitani raconte l’expérience et son rapport vis-à-vis du cinéma.

En attendant l’automne et le western «prometteur» de Loïc Tanson (Läif a Séil) ainsi qu’une pièce signée Ian De Toffoli, programmée aux Capucins (Léa et la théorie des systèmes complexes), Luc Schiltz lance son année en fanfare avec le film La Guerre des Lulus, divertissement «intelligent» de Yann Samuell tiré d’une BD.

Au milieu d’Isabelle Carré, Didier Bourdon, François Damiens ou encore Alex Lutz, l’acteur luxembourgeois y incarne un soldat qui déserte le conflit mondial pour retrouver sa femme à Berlin.

Après le succès de Capitani sur Netflix, il raconte là son lien au cinéma et au théâtre, le jeu avec les enfants, le bilinguisme et ce titre qui, au pays comme dans la Grande Région, peut induire en erreur. Entretien.

On peut difficilement aborder ce film sans parler du titre. Il peut porter à confusion, non? 

Luc Schiltz : (Il rit) Bizarrement, au départ, je n’y ai pas pensé. C’est seulement durant la promotion que j’en ai eu conscience, car tout le monde me faisait la même remarque. C’est assez drôle : j’imagine depuis les gens aller au cinéma en pensant qu’il s’agit d’un film sur des fonctionnaires luxembourgeois qui partent en guerre. Ils vont être déçus!

Est-ce pour cela que vous avez été retenu? 

Tout à fait! On en rigole, mais il y a vraiment de cela. Avec les coproductions, ça marche ainsi : en tant qu’acteur, on a souvent de petits rôles. Et comme on n’est pas 500 sur le marché… Bon là, je m’attendais quand même à quelque chose d’autre, de plus formel  : c’est un gros film, et il est question d’un personnage charnière de l’histoire. Mais au final, ça s’est passé tranquillement.

Capitani, ça reste une carte de visite idéale

C’est-à-dire?

J’ai reçu un coup de téléphone, et je suis monté directement à Paris pour y rencontrer le réalisateur. Avec Yann (Samuell), dès les premières minutes, ça a matché! Bon, je pense qu’il a quand même regardé la série Capitani, histoire de savoir à qui il avait affaire.

Mais c’était avant tout une belle rencontre, à dimension humaine, à hauteur d’yeux. De toute façon, moi, je ne crois pas à cet acharnement à trouver, coûte que coûte, la perle rare. Le plus important, c’est le tête-à-tête, et l’alchimie qu’il peut y avoir entre deux personnes.

Y a-t-il, pour vous, un avant et un après Capitani

Je ne le ressens pas au nombre de propositions. Disons, pour faire court, que le téléphone ne sonne pas tout le temps! Mais ça reste une carte de visite idéale : tout le monde a Netflix à la maison, et un cinéaste peut se faire un avis immédiat de vos compétences.

D’une certaine façon, oui, ça accélère le processus. Pour ce qui est des coproductions, par exemple, je pense que ça m’aide. J’évite alors de passer par certaines étapes : le casting, les essais…

Dans La Guerre des Lulus, vous incarnez Hans, un soldat allemand déserteur. Comment voyez-vous ce personnage?

Humainement, c’est un homme qui a la main sur le cœur. Il s’enfuit, car sa femme attend un enfant à Berlin. Il préfère être à ses côtés que de mourir sur le champ de bataille. La rencontre avec les Lulus, tous orphelins, le met alors dans une situation de père de substitution. Et en même temps… Bon, j’arrête, sinon je vais dévoiler la fin du film (il rit).

Le bilinguisme, c’est quelque chose qui vous aide pour décrocher des rôles? 

Tout à fait. C’est même carrément une niche que je remplis tout seul! Déjà à l’époque, à Bruxelles, c’était le cas : dès qu’il y avait un rôle au théâtre où il fallait sortir deux mots d’allemand, c’était pour moi. Aujourd’hui, ça m’ouvre les portes du cinéma français. C’est paradoxal, mais je prends!

Quand on joue avec des enfants, on est tout le temps remis à notre place

Est-ce la première fois que vous vous aventurez dans un film « familial« ?

Non, j’ai déjà deux expériences du genre – Invisible Sue (2018) et Himbeeren mit Senf (2022). Ça me plaît, car quand on joue avec des enfants, on est tout le temps remis à notre place. Ils sont tellement directs, justes, authentiques et naïfs, dans le sens noble du terme, que nous, en tant qu’adultes, formés et déformés, on a bien du mal à leur tenir tête! J’adore m’y confronter, car, humainement et professionnellement, on en sort grandi.

En leur compagnie, les tournages sont-ils différents?

Oui, particulièrement ici où ils sont presque de tous les plans. À côté de ça, ils suivent aussi l’école, avec un instituteur sur place. Du coup, j’avais l’impression que l’on était au cœur d’un village, dans une ambiance de grande famille. Les gamins, eux, étaient géniaux et toujours à fond. Un pur bonheur!

Il faut aussi saluer le mérite du réalisateur, qui a tenu son projet d’une main de maître, malgré certaines séquences plus complexes avec plein de figurants. Il avait déjà connu une expérience similaire avec La Guerre des boutons. Il savait quel film il voulait faire. C’est certes quelqu’un d’exigeant, mais surtout de chaleureux et à l’écoute de tous.

Au vu de l’atmosphère, les relations avec les autres acteurs et actrices sont-elles alors détendues?

C’est difficile à dire. J’ai juste eu à jouer une petite scène avec Alex Lutz, mais je n’ai pas côtoyé les autres, comme Didier Bourdon ou François Damiens. Cela dit, quand je suis arrivé à Saint-Quentin pour y tourner le lendemain, Isabelle Carré était déjà là. On en a alors profité pour dîner ensemble, ce qui était très agréable. Quand on discute avec de telles pointures, on n’en sort jamais plus idiot!

Le format « familial« , est-ce un bon moyen, aussi, de se montrer à un public plus large? 

C’est sûr, La Guerre des Lulus a le potentiel pour attirer du monde. La BD est même au programme de certaines écoles. Ce serait mentir de dire que l’on n’y pense pas, mais dans les faits, la plupart des gens qui viennent dans les salles le font surtout pour se divertir, apprendre des choses, être émus… C’est d’ailleurs pour cela que l’on fait ce métier. Je ne m’imagine pas quelqu’un devant l’écran se dire : « Tiens, il est pas mal ce Luxembourgeois! ».

Vous allez cette année sur vos 43 ans. Est-ce que réussir au cinéma reste toujours une ambition? 

Mais ça n’a jamais été mon but, même quand j’étais jeune et fougueux. Je suis quelqu’un de consciencieux : je donne tout dans mes projets, aussi bien pour l’équipe que pour le public. Mais je suis aussi quelqu’un qui n’arrive pas à se vendre. Je n’ai pas d’agent et je gère ma carrière tout seul, par exemple. Le cinéma, ça n’a jamais été un objectif ultime!

Après, si de belles rencontres se produisent, avec un réalisateur ou un producteur, ça ne se refuse pas! J’ai toujours fonctionné comme ça : toute expérience est bonne à prendre. Mais je n’ai jamais voulu percer au point de m’en rendre malade!

Le théâtre a-t-il donc votre préférence?

Le cinéma, j’ai appris à l’adorer, mais en effet, je ne pourrai jamais lâcher le théâtre : être devant le public, sans filet, c’est magique, comme une drogue. Si le cinéma, c’est la cocaïne, alors le théâtre, c’est de l’opium! (il rit).

La Guerre des Lulus
de Yann Samuell.
Actuellement sur les écrans.

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