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[BGL Ligue] «Il faut du coaching mental pour nos arbitres !»


Fabien Zuili, un président en médiateur pour faire évoluer de manière durable le petit monde de l’arbitrage ? (photo Melanie Maps)

Fabien Zuili, le nouveau président de Schifflange, veut se lancer dans une croisade pour améliorer le niveau de l’arbitrage. Et il a un plan.

Il apparaît que ces derniers mois, vous avez dressé un constat qui vous a poussé à prendre contact avec la fédération pour aborder un sujet dont on entend rarement les clubs se préoccuper ouvertement, si ce n’est pour le critiquer : l’arbitrage.

Fabien Zuili : Je me préoccupe effectivement de l’aide que pourraient apporter les présidents de clubs en vue d’une amélioration de l’arbitrage dans ce pays et d’une incitation des personnes à suivre cette voie. Et je pense que c’est une chose à laquelle il faut réfléchir tous ensemble. J’y inclus les clubs parce que j’entends souvent dire que « dans ce pays, l’arbitrage n’est pas à la hauteur« . Ce à quoi j’aurais envie de répondre : « Très bien, mais que faites-vous pour les aider?« . Moi, j’aimerais ouvrir la porte pour aider nos arbitres à s’améliorer en multipliant les formations. Je trouve injuste qu’ils soient systématiquement critiqués sans que l’on se penche sur l’aide qu’on peut leur apporter. J’aimerais créer une commission de travail qui regroupe le corps arbitral, la fédération, les clubs ainsi que le ministère des Sports. Paul Philipp m’a déjà dit que c’était une bonne idée. Je vais donc prendre très vite rendez-vous avec le ministre des Sports, Georges Mischo, et le patron de l’arbitrage luxembourgeois, Charles Schaack.

Agissez-vous en votre nom propre et en celui de votre club, ou en celui de la Ligue, qui représente l’élite du pays ?

Je suis allé une fois à une réunion de la Ligue, pour un rendez-vous dont s’occupe généralement ma directrice sportive, Sophie Lamorté. J’y ai rencontré des gens courtois, pleins d’idées et de motivation, mais la question de l’arbitrage n’y a pas été abordée, non.

Quelles sont vos premières préconisations ?

Je pense qu’une des premières choses à faire serait de débloquer un budget pour des consultations de formateurs venant de l’étranger, qui viendraient observer et rendre des avis. Sinon, je pense que LA chose essentielle serait d’ouvrir des formations en coaching mental parce que je constate que les arbitres sont souvent bien seuls face à la pression qu’on fait peser sur leurs épaules.

Je pense que déjà en arrivant sur le terrain, il leur est difficile d’être sereins, que les gars se demandent « mais qu’est-ce qu’on va prendre aujourd’hui?« . Je dirais que concernant les arbitres, la préparation psychologique devrait presque représenter 50 % de la formation. Connaître les règles, avoir le physique, c’est essentiel, mais pour avoir travaillé à l’armée, je peux vous garantir que le mental, c’est essentiel. Or eux sont abandonnés à eux-mêmes sur ce point.

Et puis aussi, même si je suis un peu en désaccord avec Paul Philipp, qui m’a dit que la FLF avait déjà fait des efforts sur ce point, il faudrait mettre plus de moyens financiers pour revaloriser les émoluments des arbitres. Ne serait-ce que pour attirer encore un peu plus vers la « profession« .

La question n’est déjà plus de savoir si la VAR arrivera au pays, mais quand et sous quelle forme

Ces mesures coûteraient de l’argent.

Nous restons dans un monde associatif avec des investisseurs qui peinent à s’intéresser au foot, ce qui engendre un manque de moyens. Je pense donc que ce serait à la FLF et au ministère des Sports de mettre la main à la poche. Et aussi pour éviter un conflit d’intérêts. Il n’y a pas beaucoup de solutions sachant que le Luxembourg reste tout de même un vivier assez limité.

La Ligue se soucie-t-elle pour l’heure de l’arrivée très hypothétique de la VAR ?

Oh, mais de notre point de vue, la question n’est déjà plus de savoir si elle arrivera, mais quand et sous quelle forme, sachant qu’on ne l’envisagerait que dans la surface, a priori. Mais là encore, c’est un coût qui devra être supporté par d’autres intervenants que les clubs. D’ailleurs, si c’était nous qui payions, comment gérerait-on les soucis qui naîtraient en cas de panne, éthiquement parlant ? S’il y a un manquement, on ne peut pas commencer à chercher la faute chez les clubs.

Il y a aussi ce point : la technologie, on peut en faire un bienfait ou un désastre. La VAR peut AIDER à la décision, mais elle ne sera pas LA décision. Elle ne se substituera pas au rôle de l’arbitre. Donc il faut aussi régler le problème de la pression sur les épaules des arbitres et leur façon de la gérer.

D’autres réflexions sur le sujet ?

Je me demande si nous ne devrions pas expérimenter aussi, comme en Lorraine, le carton blanc (NDLR : mis en place depuis la saison 2022/2023, même si cette règle existait déjà préalablement). Qui sanctionne de dix minutes d’exclusion toute contestation. Voilà qui aiderait aussi les arbitres. Qui brandissent un jaune pour sanctionner une contestation sans que les supporters ou les dirigeants puissent comprendre qu’il s’agit de cela. Je trouve que ce serait formateur pour les jeunes.

Il faudrait revaloriser les émoluments des arbitres

N’imaginez-vous pas que le corps arbitral puisse être réfractaire à cette main tendue que vous aimeriez lui proposer ? Au sens où les arbitres pourraient se demander « mais de quoi il se mêle » ?

S’il devait y avoir une force d’inertie, je ne pense pas qu’elle viendrait du corps arbitral. Je crois qu’ils sont demandeurs pour avoir discuté avec quelques-uns.

Et vous, que faites-vous pour l’heure à votre échelle, dans votre club de Schifflange ?

Il m’est arrivé plus d’une fois de faire le tour du terrain pour interpeller des gens dont on m’a averti qu’ils invectivaient l’arbitre. Pour leur demander de supporter nos joueurs, à la place. Et pour leur dire que s’ils continuaient, on les sortirait. Vous savez, à l’entrée, nous avons des caissiers qui sont capables de savoir qui ils peuvent laisser entrer ou non, d’un match sur l’autre.

Je crois aussi qu’il faut responsabiliser les joueurs et membres du staff quand ils dépassent les bornes. Nous, les dirigeants, avons une responsabilité vis-à-vis des arbitres. Il y a toute une éducation à faire. D’ailleurs, nous avons aussi intégré à notre comité le responsable de notre section de supporters, pour que ces derniers se sachent reconnus et pour éviter des actions inconsidérées de gens qui ne sentiraient pas qu’ils font partie du club. 

C’est un travail de très longue haleine dans lequel vous souhaiteriez vous lancer ?

Disons que c’est un chantier de moyen terme, oui. On ne réglera pas les problèmes en une saison, c’est certain. Mais réunissons, nous, déjà, collégialement, pour trouver des solutions ensemble et arrêtons de laisser les arbitres se débrouiller seuls dans leur coin.

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