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Arnaque aux diamants : plus de 300 personnes piégées


Tout ce qui brille n’est pas or ou diamant. (photo archives LQ)

Le principal accusé est décédé. Cinq personnes vont tout de même être jugées dans cette affaire d’escroquerie financière qui a permis d’amasser plus de 25 millions d’euros.

L’affaire est présentée comme une des plus importantes escroqueries financières commises au Luxembourg dans les années 2000. Plus de 200 parties civiles demandent réparation. Le principal accusé, Emmanuel Abramczyk, est décédé le 8 janvier dernier, mais il aurait réussi à récolter 25,8 millions d’euros grâce à une fraude pyramidale de type Ponzi jusqu’en 2019. Il avait proposé par le biais de sa société Rawstone à ses victimes présumées – 336 souscripteurs, selon les enquêteurs de la police judiciaire – des emprunts obligataires rémunérés à 9,9 % et leur avait assuré investir leurs économies dans des diamants. Sauf que les diamants, personne n’en aurait jamais vu la couleur.

La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) est alertée en 2018 à la suite des premières plaintes d’investisseurs qui s’étonnent de ne pas avoir de retombées de leurs investissements. Selon nos confrères de Reporter.lu, les mises allaient de 50 000 à 500 000 euros. Pour garantir les remboursements et les intérêts, le système devait, ont calculé les enquêteurs, afficher un taux de rentabilité de 22,9 %. Une soixantaine d’apporteurs d’affaires, dont la maîtresse d’Abramczyk, ramenaient des investisseurs potentiels à l’entreprise Rawstone Business Holding, spécialisée dans la taille de diamants bruts, en échange de commissions allant de 5 à 7 % des sommes investies. La société n’avait pas d’autorisation de la CSSF pour commercialiser des produits financiers.

L’ancien forain sur les marchés de Normandie, arrivé au Luxembourg en 2006, a bluffé tout le monde. Son épouse, sa maîtresse et deux anciens collaborateurs sont notamment suspectés d’abus de biens sociaux et d’usage de faux. Ils auraient été employés par la société dans le cadre de contrats de travail fictifs et auraient bénéficié de nombreux avantages en nature comme des voyages, des sorties et des bijoux, entre autres.

Les victimes étaient françaises

«Il avait plus de voitures de luxe que d’employés dans sa société», a précisé un des enquêteurs de la police judiciaire à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Toutes les voitures étaient au nom de l’entreprise qu’il aurait montée grâce à de l’argent blanchi en Chine provenant d’un détournement de fonds réalisé par un ancien employé de l’agence luxembourgeoise de la Caixa Geral de Depositos.

L’argent arrivait, selon l’enquête, sur les comptes de la société Loxley Management Group en 2011 avant d’atterrir sur ceux de Rawstone. Selon l’enquêteur, Loxley Management Group aurait acquis et revendu des diamants. Le défunt a prétendu auprès des enquêteurs au moment de l’affaire des détournements de fonds être un courtier indépendant en diamants depuis 25 ans et avoir appris le métier auprès d’un diamantaire parisien.

L’enquêteur a donné l’exemple d’un diamant de 32 carats nommé Koï que le prévenu aurait acheté pour 100 000 dollars et pensait revendre pour 5 millions de dollars. La police n’a jamais retrouvé une trace quelconque de la pierre précieuse ni de preuve d’achat ou de vente. Idem pour les 30 à 80 diamants qu’il aurait vendus au Luxembourg. Si bien que les autorités judiciaires se demandent si les diamants ont bien été en la possession du prévenu.

L’enquête de police a démarré en juin 2018 après une alerte de la CSSF. Elle durera jusqu’en février 2021. Dans un premier temps, les policiers ont découvert que le diamantaire ne disposait pas de beaucoup de capital en son nom propre. Ils réaliseront des écoutes et des perquisitions, saisiront 92 000 euros, découvriront des victimes présumées en Israël, au Luxembourg et en Allemagne, mais principalement en France. L’enquête s’étendra même jusqu’en Chine et aux États-Unis.

Les quatre prévenus – ils étaient cinq mais l’affaire a été disjointe pour l’un d’entre eux – doivent notamment répondre d’escroquerie, de blanchiment, d’abus de confiance, de faux et usage de faux, ainsi que d’infraction à la loi sur l’accès aux professions. Ils seront entendus dans les jours à venir après les témoins et les deux enquêteurs de la police judiciaire.

Un commentaire

  1. Bonjour, j’ai moi même été victime de ce faux placement en 2017. J’ai déposée plainte en Décembre 2017. L’affaire est passé dans les mains de la Brigade de Recherches Criminels de la Gendarmerie (38) et ensuite passée dans les mains d’un juge d’instruction.
    Je n’ai à ce jour aucune nouvelle et une certaines sommes d’argent ce ballade dans la nature…

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