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Nelson Loyola, médaillé des JO au service des escrimeurs eschois


Nelson Loyola, le nouveau maître d'armes du Cercle Escrime Sud, avec la photo de sa médaille de bronze à Sydney en 2000. (Photos HG et DR)

L’olympisme est une belle histoire, voici la nôtre : celle de Nelson Loyola, gamin de Cuba devenu médaillé à Sydney. L’épéiste est désormais maître d’armes au Cercle Escrime Sud d’Esch-sur-Alzette. Il vit en Belgique.

Quand on arrive chez lui, à Arlon, le champion est concentré devant sa télé. Les JO de Rio lui rappellent des moments forts, qu’il a vécus de près. «L’olympisme est une gloire ultime, lâche-t-il. Les Jeux d’été se déroulent tous les quatre ans, mais pour les sportifs de haut niveau, ils représentent le travail d’une vie.»

Le Cubain, recrue inespérée du Cercle Escrime Sud d’Esch-sur-Alzette, a fini médaillé de bronze à Sydney en épée par équipes. Seize ans sont passés, mais les souvenirs sont intacts. Défiler derrière le porte-drapeau cubain, tout d’abord. Javier Sotomayor, sauteur en hauteur emblématique des années 90, qui avait tout gagné. «Le pays nous permettait de réaliser un rêve, il fallait lui rendre», se rappelle Nelson. Au milieu du stade, perdu parmi 199 nations, l’escrimeur dépeint une atmosphère profondément pacifiste. «Il y avait de tous les drapeaux, de toutes les croyances, de toutes les traditions. Je n’ai pas de définition du mot paix, à part ce souvenir.»

En 2000, les épéistes cubains sont très attendus. «Nous avions fait 3e à la Coupe du monde de 1999, nous avions de l’ambition.» Nelson se souvient d’un travail de concentration intense. «L’effervescence médiatique régnait à Sydney, il fallait rester focalisés sur nos objectifs, rester forts au niveau du mental.» L’équipe d’épéistes déroule un parcours parfait. Jusqu’à la terrible demi-finale perdue contre les Français : «45 à 40, commente Nelson. On était tombés face à plus fort que nous.» L’esprit olympique est là : pas d’amertume, il faut sortir la tête haute.

Connaître victoire après défaite

D’une voix calme, Nelson raconte comment son équipe a trouvé les ressources pour décrocher le bronze. «Ce n’est pas facile de se remettre dans un match après une défaite. Le bronze est terrible car c’est la dernière marche du podium, la dernière chance de ramener une médaille.» On pense immanquablement au poème de Kipling : «Si tu peux rencontrer triomphe après défaite / Et recevoir ces deux menteurs d’un même front / Si tu peux conserver ton courage et ta tête /Quand tous les autres les perdront.» La troisième place se joue contre la Corée du Sud. Nelson affronte l’adversaire le plus redouté des trois, les Cubains l’emportent 45 à 36. «Je n’ai montré ma joie à aucun moment, mais lors de ma dernière touche, j’ai exulté !» Ne reste plus qu’une photo et une médaille conservée précieusement à Cuba. «Quelle fête ça avait été au retour… les voisins, les amis, la rue : tous s’y étaient mis pour célébrer notre podium.»

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Cuba avait ramené 29 médailles de Sydney, se classant à la 8e place dans le concert des nations. «Pas mal pour un petit pays ?», fait semblant de questionner Nelson. D’aventures en aventures, le voici de nouveau dans un «petit pays». Après dix années au sein de la fédération d’escrime belge, Nelson Loyola vient d’être recruté en tant que maître d’armes (entraîneur) par le Cercle Escrime Sud. Il a officié dès la fin de la dernière saison. «J’aime transmettre ma passion. Que ce soit avec des escrimeurs confirmés ou débutants. Il y a un truc avec ce sport, quelque chose qui m’a aidé dans la vie, et je voudrais que ce soit le cas pour d’autres enfants aussi.» La psychologie d’une discipline exigeante, qui forge le corps et l’esprit. Il avait commencé à Cienfuegos, dans le sud de Cuba, avec peu de moyens, mais du cœur. «Tout le monde peut faire du sport, c’est comme un droit de l’homme chez nous.»

En 2017, comme l’ensemble des escrimeurs eschois qui s’entraînent en ville pour le moment, il officiera dans une salle flambant neuve aux Terres Rouges. En attendant, il a la tête à Rio, comme toute la planète. Finalement, c’est ça qui est beau.

Hubert Gamelon

Journée découverte de l’escrime le 12 septembre, entre 17h et 20h, au Centre national d’escrime à Luxembourg-Limpertsberg. Tél. : 691 49 19 67.