Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’hypnologue Jean-Charles Dupet et le mentaliste Erik Fearson tentent de battre un record : faire arrêter de fumer le plus grand nombre de personnes. Dimanche, ils étaient au Casino d’Amnéville. Thierry et Marilin ont tenté l’expérience.
Le spectacle Halte au tabac démarre dans dix minutes au Seven Casino. Devant les portes tambours de l’établissement, ils sont des dizaines à griller leur cigarette, un peu fébriles. Et si jamais ça marchait ?
Marilin et Thierry, 48 ans tous les deux, semblent échapper au stress ambiant. Venus spécialement de Saint-Dié-des-Vosges pour assister au show gratuit de l’hypnothérapeute Jean-Charles Dupet et du mentaliste Erik Fearson, ils en ont profité pour se payer un week-end délassant sur le site thermal d’Amnéville : « On est allé au Luxembourg acheter des cartouches. On a tellement fumé pendant deux jours qu’on est un peu écœuré », s’amusent-ils. Il n’empêche, eux aussi ont écrasé la « clope du condamné » avant de pénétrer dans la salle obscure.
Le kit et un kilo de noix
Lui a commencé à crapoter à 14 ans en taxant « les plus grands. Puis on fume trois, puis 10 et aujourd’hui plus d’un paquet par jour. La cigarette n’est pas vraiment un problème pour moi », assure-t-il. « Mais je me suis dit, pourquoi pas tenter l’hypnose puisqu’on l’utilise en médecine … » Marilin fume davantage que son mari : « J’ai eu un cancer de la thyroïde et dès qu’ils m’ont dit, à l’hôpital, que ce n’était pas la cigarette, j’ai filé fumer dehors. Mon frère est décédé d’un cancer du poumon, mais rien n’y fait, je n’ai pas envie d’arrêter. J’accompagne seulement mon mari ».
Lumière. Jean-Charles Duplet parle vite, il raconte sa vie d’avant sur les plateaux TV avec Dechavanne, la convention passée avec les Casinos du groupe Tranchant et leur tentative de record qu’ils veulent inscrire au Livre Guinness. « Avec vous, 3 800 personnes auront fait l’expérience. » Sur l’écran, le mentaliste fait défiler les diapos Power point. Les notions passent en revue : motivation, conscient et inconscient « manipulé par la pub », les habitudes et les croyances, dépendance physique et psychologique. Pas un bruit dans la salle, à part quelques toux de fumeurs et de petits rires nerveux quand il évoque « le petit monstre au fond du ventre qui allume la mèche du grand monstre dans votre tête ».
« Changez d’habitude ! Troquez la cigarette contre deux noix que vous masserez dans votre main. Après chaque repas, brossez-vous les dents autant de temps que mettrait une cigarette pour se consumer. » C’est la pause avant l’hypnose, l’orateur autorise une dernière cigarette. Applaudissements et soulagement accueillent cette annonce.
Sous la pluie, devant le Casino, chacun tire sur sa tige : « C’est de l’éducation, ce n’est pas de la pression, ça me va », commente Bertrand, un ami du couple. « Il n’y a plus qu’à acheter le kit (vendu en fin de séance) et un kilo de noix. Parce que je vais avoir faim, moi ! », rigole Thierry.
Noir. C’est l’heure de « la détente hypnotique ». Les yeux fermés, les fumeurs progressent près d’une rivière. Sur le pont, ils jettent à l’eau leur fardeau avant de choisir entre la route goudronnée et le chemin bucolique.
Marilin et Thierry semblent revenir de loin. « Les suggestions mettent au moins 20 minutes à prendre forme », a prévenu l’orateur. Ils se donnent trente minutes de réflexion. Deux heures après, alors qu’ils rejoignent Saint-Dié, ils n’ont toujours pas fumé…
