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Libye : le gouvernement d’union nationale rallie de nombreux soutiens


Dix villes de l'ouest de la Libye ont rallié le gouvernement d'union nationale, dont le chef Fayez al-Sarraj tente d'installer son pouvoir à Tripoli avec le soutien de la communauté internationale. (photo AFP)

Le gouvernement d’union nationale en Libye a réussi à rallier rapidement de nombreux soutiens, dont celui de milices et de villes, suscitant l’espoir que cette autorité appuyée par la communauté internationale puisse sortir le pays du chaos.

Le chef de ce gouvernement Fayez al-Sarraj a débarqué mercredi d’un navire militaire libyen dans la base navale de Tripoli, suscitant l’ire du gouvernement et du Parlement non reconnus installés à Tripoli et liés à la coalition de milices de Fajr Libya, qui l’ont sommé de partir ou d’en assumer les conséquences.

Alors que son arrivée a été marquée par une forte nervosité dans la capitale libyenne avec la fermeture de routes et des tirs faisait craindre aux habitants de nouvelles violences, M. Sarraj a néanmoins déjoué les pronostics en recevant de multiples soutiens.

Portant un coup aux autorités liées à Fajr Libya qui contrôlent Tripoli et les villes de l’ouest libyen depuis août 2014, des milices de la capitale ont fait allégeance à M. Sarraj, de même que les autorités de dix villes de l’ouest jeudi.

M. Sarraj a également reçu le soutien de gardes d’installations pétrolières. Et quelque 300 Libyens, défiant le déploiement sécuritaire, ont manifesté dans le centre de Tripoli, aux cris de « Le peuple veut le gouvernement d’union! Dégage Ghweil! », en allusion au chef du gouvernement non reconnu Khalifa al-Ghweil.

Dans un communiqué, les municipalités de dix villes, situées entre Tripoli et la frontière tunisienne dont Sabratha, Zawiya et Zouara, ont appelé à « soutenir le gouvernement d’union » à qui ils ont demandé de « mettre fin immédiatement aux conflits dans le pays ».

« Pas de cash »

Depuis la chute du régime du dictateur Mouammar Kadhafi tué après une révolte en 2011, la Libye est plongée dans le chaos où les milices font la loi, sur fond de luttes de pouvoir et de violences sanglantes qui ont favorisé l’émergence du groupe jihadiste Etat islamique (EI) responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers en Occident.

Les soutiens à M. Sarraj semblent s’expliquer par la lassitude des Libyens du chaos et par l’espoir que suscite le gouvernement d’union qui a promis d’unifier le pays, bâtir une armée forte et améliorer l’économie exsangue marquée par une profonde crise de liquidités. Pour Hussein Dawwadi, le chef de la municipalité de Sabratha, « la situation est mauvaise, la vie est devenue beaucoup trop chère, il n’y pas de cash ».

« Nous avons estimé qu’il est temps de soutenir ce gouvernement (…) Il ne va pas changer les choses immédiatement mais nous sommes confiants qu’il commencera au moins à régler les problèmes un à un », a-t-il dit vendredi.

Depuis des mois, la communauté internationale appelle de ses voeux à une autorité unifiée avec laquelle elle peut travailler pour stopper l’influence jihadiste, la crise migratoire et relancer la production pétrolière.

Même si M. Sarraj n’a pas quitté la base navale depuis son arrivée avec plusieurs membres de son gouvernement, il a rencontré des personnalités politiques et économiques dont le gouverneur de la Banque centrale avec qui il a évoqué « le manque de liquidités ».

Depuis des semaines, les habitants de Tripoli, confrontés à une cherté de vie d’un niveau inégalé, font la queue devant les banques pour retirer un montant d’argent limité.

« Effet d’entraînement »

« C’est l’effet de l’entraînement que beaucoup espérait », a dit Mattia Toaldo de l’European Council on Foreign Relations, pour expliquer les ralliements successifs au gouvernement d’union. Ce dernier et « les forces (locales) qui le soutiennent ont réussi à convaincre une grande partie de ce qui formait Fajr Libya de le rejoindre ».

« Mais des temps difficiles demeurent. Le défi immédiat est de mettre fin à la crise des liquidités. Pour le moment, le gouvernement d’union semble avoir prouvé qu’il est le seul (choix) réaliste », a-t-il poursuivi.

Pour aider son protégé, l’Union européenne a imposé jeudi des sanctions à des responsables liés à Fajr Libya mais aussi au président du Parlement de Tobrouk (est), Aguila Saleh, qui n’a pas encore réagi à l’arrivée de M. Sarraj.

Les Etats-Unis ont souligné la nécessité de soutenir ce gouvernement face à l’EI. Et la France a estimé que la communauté internationale devrait l’aider s’il le demande, y compris militairement.

Ce gouvernement a été mis en place après un accord politique signé fin 2015 au Maroc, sous l’égide de l’ONU, par des députés des deux Parlements rivaux, et ce malgré l’opposition des chefs de ces institutions.

Pour être investi, le gouvernement devait obtenir la confiance du Parlement de Tobrouk mais faute de quorum, il a finalement annoncé son entrée en fonction le 12 mars sur la base d’un communiqué de soutien d’une centaine de parlementaires.

 

Le Quotidien / AFP