Un comité de pilotage sur le projet d’A31 bis sera installé en avril, associant les collectivités locales aux études. Restera alors à rapprocher les points de vue.
Pour voir le jour dans les plus brefs délais (à l’horizon 2025?), l’A31 «optimisée» devra être concédée. In fine, l’usager paiera sur tout ou partie de son tracé, entre Gye et la frontière luxembourgeoise. Et ce, conformément aux trois scénarios de mise en concession présentés lors du débat public. Sur ce point, la copie d’Alain Vidalies a le mérite de la clarté. En confirmant lundi le principe d’un aménagement «progressif» de l’A31, le secrétaire d’État aux Transports ouvre la porte à une vaste concertation préalable à la déclaration d’utilité publique.
Objectif : redimensionner une infrastructure quotidiennement empruntée par 70 000 véhicules dont 10 000 poids lourds. Pour un coût global estimé entre 1,1 milliard d’euro et 1,4 milliard d’euros.
En écho, Stéphane Fratacci, préfet de la région ACAL, annonçait, mardi, la mise en place d’ici avril d’un comité de pilotage. Outre ses homologues de Moselle et de Meurthe-et-Moselle, celui-ci associera les collectivités locales concernées par le projet. « Le comité de pilotage sera chargé d’assurer la cohérence d’ensemble du projet, tant dans sa dimension temporelle et financière que du respect des équilibres de trafics », note ainsi le préfet Stéphane Fratacci aussitôt applaudi par la profession des travaux publics de Lorraine.
«Discrimination à l’égard des frontaliers»
Tout comme par Roger Cayzelle, vice-président du Ceser d’ACAL : « Il s’agit bien d’une nouvelle étape qui s’ouvre aujourd’hui vers la mise en œuvre d’une infrastructure moderne dont la Lorraine a absolument besoin. Elle doit s’effectuer dans la concertation en respectant les dimensions environnementales et humaines .» Lequel insiste sur la prise en compte des alternatives au tout routier.
A contrario, la députée Marie-Jo Zimmermann (LR) et le sénateur Jean-Louis Masson (DVD) défouraillent et opposent une fin de non-recevoir à toute remise en cause de la gratuité de l’A31, à l’instar des associations d’usagers. Notamment entre Thionville et la frontière : « Il s’agit d’une véritable discrimination à l’encontre des Mosellans qui frapperait tout particulièrement les travailleurs frontaliers », s’insurge ce dernier.
Voilà qui augure de l’âpreté des discussions à venir. D’autant que le projet d’A31 bis comporte, avec le barreau Gye-Dieulouard et le contournement ouest de Thionville via la possible traversée de Florange, deux autres pôles de crispation. Sans compter qu’à ce stade, le dossier élude une quelconque requalification de la rocade est de Metz permettant de capter le transit poids lourd de l’agglomération messine.
« Le seul point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est qu’il faut faire quelque chose. Personne en revanche ne s’entend sur quoi », ironise Jean-Pierre Masseret. Lequel confiait son scepticisme, quelques heures avant de prendre connaissance de la décision du ministre Vidalies. « Si les collectivités refusent de mettre la main à la poche et si on veut se passer de péages, aucun aménagement ne verra le jour avant 2040 », se désole l’élu.
Concernant la partie sud de l’A31, le ministère prévoit la mise en place d’un observatoire des trafics. Opérationnel d’ici juin sur le périmètre du triangle Toul-Nancy-Dieulouard, il aura pour objectif de « stabiliser les estimations de trafics sur le secteur et d’éclairer ainsi la meilleure stratégie de développement durable susceptible d’être mise en œuvre ». Premières conclusions prévues pour juin 2017.
Xavier Brouet (Le Républicain lorrain)