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Pédopornographie : déjà condamné, il devient éducateur et récidive


(photo illustration AFP)

Un trentenaire est poursuivi à Luxembourg pour détention de matériel pédopornographique et attentat à la pudeur sur une fillette de 4 ans dans l’éducation précoce.

Ce n’est pas la première fois que le prévenu se retrouve devant un tribunal pour détention de matériel pédopornographique. En 2001, il avait été condamné à 15 mois de prison avec sursis et à une interdiction de s’occuper d’enfants pendant dix ans. Or en 2010 déjà, il avait commencé à exercer le métier d’éducateur.

« Malgré votre interdiction de travailler pendant dix ans avec des enfants, vous êtes devenu éducateur et vous travaillez dans le précoce», dit le président de la chambre correctionnelle de Luxembourg, Marc Thill, au prévenu (37 ans), dès le début de l’audience, mercredi après-midi. Mais selon le prévenu, l’interdiction ne figurait pas dans son casier judiciaire.« Pensez-vous qu’une personne qui télécharge du matériel pédopornographique fait preuve de la probité nécessaire pour travailler avec des enfants? », enchaîne le président. « Pour moi, cela relève du domaine privé », répond le trentenaire.

Le parquet reproche au prévenu d’avoir détenu et consulté à partir de juillet 2012 au moins 440  images et photographies et au moins 409  films à caractère pornographique impliquant ou présentant des mineurs. L’attentat à la pudeur qu’on lui reproche sur une fillette dans une école de l’éducation précoce dans le centre du pays date du 29  avril  2014.

Appelée comme témoin, la mère a expliqué, mercredi, que sa fille, âgée à l’époque de 4   ans, lui avait parlé spontanément, au moment de la douche, de son éducateur  : « Il a enlevé sa ceinture, son pantalon, sa culotte. Il m’a montré son zizi .» Cela se serait passé alors qu’elle se trouvait assise aux toilettes et que son pantalon était baissé. La mère avait porté plainte. Après l’audition de la fillette et de la mère, une perquisition avait été organisée en mai  2014 chez l’éducateur en question.

L’enquêteur de la police judiciaire, au service Protection de la jeunesse, a indiqué mercredi que lors de sa première audition, le trentenaire avait nié détenir du matériel pédopornographique. La perquisition avait toutefois prouvé le contraire.

À la barre, le prévenu a fermement contesté les faits du 29 avril 2014 : « Cela ne s’est jamais produit. Au niveau professionnel, je n’ai rien à me reprocher. » Quant au matériel pédopornographique, il a tenté d’expliquer aux juges qu’au moment du téléchargement, il ne connaissait pas le contenu et qu’il s’intéressait uniquement aux adolescents. « J’ai un problème de voyeurisme, de curiosité. Quand c’étaient des images d’enfants de moins de 12 ans, je les effaçais tout de suite », a ajouté le trentenaire.

Quatre ans requis à l’encontre du prévenu

Toutefois, d’après l’enquêteur, sur les photos et vidéos détectées sur son ordinateur figuraient principalement des filles de moins de 12 ans. La perquisition avait également mis au jour une conversation sur un chat dans lequel il écrivait à une femme qui se déclarait prête à vivre avec lui la phrase suivante  : «Mais pour vivre avec moi, il faut faire l’amour avec nos enfants.» « Pour couper court à la conversation, je voulais la choquer », explique le prévenu.

« On ne peut pas écarter une certaine tendance pédophile », conclut l’expert psychiatre lors de la présentation de son rapport. Mais d’après lui, le prévenu est totalement responsable de ses actes. Le rapport d’expertise révèle également que malgré sa condamnation en 2001, le prévenu a poursuivi ses études en vue d’obtenir son diplôme d’éducateur et que depuis 2010, il occupe un poste d’éducateur dans l’école publique. Depuis octobre 2014, l’éducateur est suspendu.

« Que les mineurs aient 2, 10 ou 15 ans, il n’y a pas de différence. C’est illégal , soulève le premier substitut Michèle Feider dans son réquisitoire. Il a profité de sa fonction d’éducateur pour faire un attentat à la pudeur. »

Le parquet note l’absence de remise en cause du prévenu et requiert quatre ans de prison et une amende. Il demande également au tribunal d’interdire à vie au trentenaire de travailler avec des enfants. Prononcé le 25 février.

Fabienne Armborst

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