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Les maîtres nageurs brouillés avec Nancy Arendt


La FGFC et l’association des instructeurs de natation exigent des excuses de la députée pour sa position. Elle ne le fera pas.  (Photo : archives lq/julien garroy)

L’ex-championne de natation et députée CSV, Nancy Arendt, estime que les maîtres-nageurs ont une mission de surveillance et ne veut pas qu’ils remplacent les instituteurs.

À chacun son métier. La députée Nancy Arendt persiste et signe en martelant que les maîtres nageurs n’ont pas comme mission de se substituer à l’instituteur pour dispenser des cours de natation aux écoliers. «Ils ont en charge, la sécurité, la surveillance et l’hygiène des piscines et c’est à l’instituteur d’enseigner à ses élèves les notions de la natation», insiste la députée CSV, contactée par notre rédaction.

Pour avoir livré son avis sur un réseau social, la Fédération générale de la fonction communale (FGFC) et l’Association luxembourgeoise des instructeurs de natation, à laquelle elle est rattachée, exigent des excuses de la part de Nancy Arendt. «Je ne vais pas m’excuser pour avoir une opinion différente de la leur!», déclare-t-elle. La députée ne cache pas son agacement face à la polémique qui n’a rien de nouveau.

Depuis la réforme de 2009 portant sur l’organisation de l’enseignement fondamental, les cours de natation sont assurés par le titulaire de classe ou son remplaçant, un instituteur ne peut pas être remplacé par un instructeur de natation dont la tâche exclusive est la surveillance générale dans une piscine, alors que le titulaire de la classe ou son remplaçant exercent la surveillance de leurs élèves.

«L’instituteur a reçu la formation nécessaire pour enseigner toutes les matières, y compris la musique ou la natation», compare la députée. «Les maîtres nageurs peuvent toujours donner des cours en privé, mais dans le cadre scolaire, c’est à l’enseignant de s’en charger, sinon on fait aussi appel à des professeurs de musique pour cette matière et ainsi de suite», poursuit-elle.

«Les parents ont aussi un rôle à jouer»

Dans un communiqué, La FGFC et l’ALIN se disent «déçues» par les récentes déclarations de la députée Nancy Arendt, estimant qu’elle «dénigre la profession de maître nageur dans le sport scolaire». De telles déclarations sont non seulement «irrespectueuses envers les professionnels qui assurent la sécurité et l’éducation de nos enfants dans l’eau au quotidien, mais ignorent également l’importante responsabilité qui incombe aux maîtres nageurs», écrivent-elles.

Les professionnels ne cachent pas leur amertume et s’estiment ignorés alors qu’ils bénéficient «d’une formation hautement spécialisée pour les enfants jusqu’à 6 ans, qui va bien au-delà de la simple surveillance d’une piscine», assurent-ils. «Prétendre que les enfants peuvent apprendre à nager sans professionnel ou en dehors de l’école ne tient pas compte de la réalité de nombreuses familles», relèvent-ils.

C’est pourtant ce que soutient la députée. «Les parents ont aussi un rôle à jouer, ils apprennent à leurs enfants à faire du vélo, pour la natation, c’est pareil, ou alors ils peuvent aussi les inscrire dans un club», persiste Nancy Arendt. Et si « pour beaucoup d’enfants, les cours scolaires sont le seul moyen d’apprendre à nager en toute sécurité», selon la FGFC et l’ALIN, les instituteurs sont précisément là pour remplir cette mission. C’est en tous les cas ce que le législateur a conclu lors de la réforme de 2009.

Une question de pédagogie

Justement, à cette époque, «les maîtres nageurs ont été complètement oubliés», regrettent les professionnels et la FGFC dans leur communiqué commun. «Depuis des années, la FGFC et les maîtres nageurs travaillent de manière constructive pour trouver des solutions afin de garantir une natation scolaire de qualité, sûre et adaptée aux enfants», rappellent-ils. Ils disent leur ras-le-bol face à un «dénigrement politique répété de la profession».

Les maîtres nageurs estiment avoir des compétences qui ne sont pas exploitées et réclament «un examen sérieux et responsable du dossier de la natation scolaire par le ministre Meisch, incluant une formation et une reconnaissance appropriées des maîtres nageurs dans le sport scolaire». Surtout, ils comptent sur les excuses de la députée. Ils n’en auront pas. Quant à la position du ministre Meisch, elle est connue. Les instructeurs de natation ne peuvent pas remplacer les instituteurs.

«On peut toujours améliorer la formation de maître nageur de l’instituteur, mais eux seuls ont la pédagogie pour apprendre aux enfants à nager», exprime Nancy Arendt, ex-championne de natation. Elle rappelle à cette occasion la pénurie de maîtres nageurs dans le pays pour assurer la surveillance des bassins, alors raison de plus pour ne pas les impliquer dans le sport scolaire.

Pour la FGFC et l’ALIN, c’est précisément parce que la profession n’est plus aussi attractive qu’il y a pénurie.

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