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Séries de bureau : entreprises de démolition


Le travail, ce n’est pas forcément la santé : la saison 2 de Severance, dystopie glaçante sur la vie de bureau, rejoint d’autres pépites du genre.

Qu’est-ce qu’on fait dans cette boîte?» : c’est la question de Mark Scout, incarné par Adam Scott dans Severance, dont la saison 2 est en cours de diffusion sur Apple TV+. Via un procédé révolutionnaire, la société où il travaille dissocie la mémoire de ses salariés pour les rendre plus performants. Au boulot, on oublie vraiment tout de sa vie privée, tout comme on ne ramène plus jamais le travail à la maison. Né dans l’esprit de l’acteur-réalisateur-producteur Ben Stiller, ce fantasme américain de ressources humaines déshumanisées déraille évidemment à nouveau…

«On a été tenus à l’écart» : c’est le leitmotiv de la série Succession (2018-2023). Le conseil d’administration d’un conglomérat y est aussi dangereux que les rues mal famées des séries policières. Les trahisons se bousculent au sein du clan d’un patriarche, joué par Brian Cox, calqué sur le magnat des médias Rupert Murdoch. Les coups fourrés des fortunes pétrolières de Dallas sont ici transposés chez les géants du numérique, mais l’univers est toujours aussi impitoyable : un des rejetons, interprété par Kieran Culkin, annonce pendant un mariage son licenciement à la collaboratrice historique de son père.

«C’est moi le chef ici» : la sentence est signée David Brent, joué par le Britannique Ricky Gervais, chef bas de gamme qui déboule en réunion sur le refrain de Tina Turner, «You’re simply the best». The Office (2001-2003), filmé façon documentaire, suit ce supérieur qui se croit irrésistible et proche – «Premio, je suis un ami, deuzio le boss» – et se révèle lourd et toxique. Steve Carell reprendra ce personnage grotesque, renommé Michael Scott, dans la version américaine (2005-2013).

«Tu ne dirigeras jamais la boîte» : Don Draper, joué par Jon Hamm, décoche ses flèches pour tous ceux et celles qui croisent son costume impeccable de publicitaire en vue dans le New York des années 1960. Mad Men (2007-2015) passe au tamis la société américaine au travers des relations au travail, notamment les rapports hommes-femmes. La tectonique des plaques aux États-Unis – mouvements pour les droits civiques, vague hippie… – finira par ébranler les verres de whisky et les certitudes de certains personnages.

«Record d’arrêts maladie pour un nez qui coule» : la directrice des ressources humaines vient juste de glisser cette mesquinerie à la cantine qu’on lui apprend que l’employé en question est mort. Bienvenue dans WorkinGirls (2012-2016), série française à l’humour grinçant. Dans les rôles de cadres ou petites mains, les figures de l’humour français au féminin s’éclatent, entre Blanche Gardin, Laurence Arné ou Alice Belaïdi. Dans le même sillon, le format court français Caméra Café (2001-2004) transcendait les ragots de bureau.

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