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[Cinéma] Wallace et Gromit contre ChatGPT


Les deux attachants héros du cinéma d’animation font leur retour pour les fêtes, toujours grâce à l’ancienne méthode du stop motion. Ou quand la pâte à modeler se veut plus maligne que l’intelligence artificielle.

Wallace et Gromit font leur retour sur les écrans avec un long métrage inédit pour les fêtes, le premier depuis vingt ans. Un joli cadeau de Noël pour le public britannique, qui le découvrira en exclusivité sur la BBC demain soir. Wallace & Gromit : Vengeance Most Fowl sera ensuite diffusé dans le reste du monde sur Netflix à partir du 3 janvier. Rien n’a vraiment changé pour le duo le plus attachant du cinéma d’animation. Dans le salon tellement britannique de leur maison en briques, Wallace, l’inventeur farfelu, et Gromit, son chien flegmatique, mènent leur meilleure vie : fauteuil, plateau de fromages et pause thé.

Ce quotidien bien réglé va être bouleversé par une invention de Wallace : Norbot, un robot «intelligent» à tout faire. Professionnel du ménage et du jardinage, cet assistant dopé à l’intelligence artificielle doit leur épargner toutes les tâches ménagères et faire leur fortune. C’est compter sans le retour, trente ans après, de Feather McGraw, le maléfique pingouin qui croupissait en prison depuis le court métrage The Wrong Trousers, sorti en 1993. Norbot tombe alors dans de bien mauvaises mains…

Robot vs humain

«Norbot, c’est la meilleure invention de tous les temps de Wallace!», s’amuse le créateur de Wallace et Gromit, Nick Park. Réalisateur bardé d’Oscars, il a redonné ses lettres de noblesse à l’une des techniques les plus ancestrales du cinéma : le stop motion, ou animation pas-à-pas. Un artisanat et un travail acharné avec des marionnettes faites à la main, en pâte à modeler, qui ont fait la gloire d’un studio unique en son genre, Aardman (Shaun the Sheep Movie, Chicken Run), dont Wallace et Gromit restent les incontournables mascottes.

Il faut se demander si l’IA améliore nos vies et nos liens avec les autres, ou si elles les abîme

Dans Vengeance Most Fowl, Wallace, le geek avant l’heure, et Gromit, le techno-sceptique, ont chacun leur façon de voir la technologie. Accessible à tous, le film est un clin d’œil plein de malice à l’essor de l’intelligence artificielle, cette technologie qui envahit nos vies professionnelle et personnelle, jusqu’à la paisible cité des deux héros. «Wallace est complètement dans son délire, obsédé» par l’idée de déléguer des tâches à son robot, tandis que «Gromit représente la touche humaine», qui aime faire les choses par lui-même, poursuit Nick Park.

«Couteau très aiguisé»

À l’heure où l’intelligence artificielle propose de remplacer les humains pour une multitude de choses, le film «parle de reprendre le contrôle et de trouver un équilibre» face à la déferlante de technologies, confie-t-il. «C’est une histoire très contemporaine, mais racontée de façon traditionnelle». «J’adore le fait que nous ayons accès à la technologie, mais, parfois, il faut se demander si elle améliore nos vies et nos liens avec les autres ou si elles les abîme», soulève Nick Park. L’IA «est comme un couteau très aiguisé : on peut l’utiliser aussi bien pour une opération chirurgicale que pour un meurtre», illustre son coréalisateur, Merlin Crossingham.

Et pour tourner Wallace et Gromit, «à ce que l’on sache, nous n’avons pas eu recours à l’intelligence artificielle!», sourit Nick Park. «Tout est réalisé par de vrais êtres humains et nous espérons que ça se sent à l’écran.» Pour ce nouveau long métrage «fait main», plus de 200 personnes se sont activées autour des statuettes en pâte à modeler, avec une vitesse de pointe de deux minutes de film produites… par semaine. Bien sûr, la technologie peut aider dans le cinéma, reconnaît-il. Mais au final, à l’écran, «c’est important que l’on voie les empreintes digitales» sur la pâte à modeler.

Wallace & Gromit : Vengeance Most Fowl,
de Nick Park et Merlin Crossingham.
Le 3 janvier sur Netflix.