Les autorités sanitaires françaises rendent obligatoires à partir de mercredi la présentation d’une ordonnance en pharmacie pour se voir délivrer huit célèbres traitements anti-rhume largement considérés comme dangereux.
«Au regard d’une part des très nombreuses contre-indications, précautions d’emploi et des effets indésirables connus de la pseudoéphédrine et d’autre part du caractère bénin du rhume», l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) considère que «la possibilité d’obtenir ces médicaments sans avis médical fait courir un risque trop important aux patients», selon une décision dévoilée mardi.
«Nous demandons aux médecins prescripteurs de bien évaluer la balance bénéfice/risque pour chaque patient avant de lui prescrire un de ces médicaments», a ajouté l’ANSM dont la décision d’interdiction était attendue.
Sont concernés Actifed Rhume, Actifed Rhume jour et nuit, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume, Ibuprofène/Pseudoéphédrine, Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine.
Ces médicaments ont tous en commun de contenir la molécule pseudoéphédrine.
Largement considérés comme dangereux depuis des années, les principaux traitements anti-rhume étaient toujours en vente libre. À l’approche de l’hiver, les autorités sanitaires françaises envisageaient de mettre enfin fin à ce paradoxe.
AVC et infarctus
Disponibles sans ordonnance sous forme de comprimés, ces traitements – aussi vendus par spray nasal sur prescription – visent à décongestionner et désencombrer le nez. Ce sont donc les principaux médicaments utilisés contre le rhume.
Mais ils font l’objet depuis plusieurs années de nombreuses critiques, à commencer par l’ANSM elle-même, car ils peuvent provoquer de graves effets secondaires comme des AVC et des infarctus.
En 2023, l’agence avait pour la première fois déconseillé explicitement leur utilisation. Cette décision avait, pour un temps, fait décliner les ventes de traitements anti-rhume. Mais celles-ci rebondissent depuis septembre.
Pourquoi ne pas avoir interdit plus tôt ces médicaments? Les autorités sanitaires françaises expliquaient régulièrement avoir les mains liées par la réglementation européenne qui soumet le retrait d’une autorisation à l’avis de l’Agence européenne du médicament (EMA).
Or, celle-ci avait estimé l’an dernier que les traitements anti-rhume concernés ne présentaient pas de risques suffisants pour les interdire, même si elle a imposé de nouvelles contre-indications.
Cet avis s’explique par le fait que les effets secondaires graves restent très rares. Ils sont quelques-uns à être signalés chaque année et, en France, aucun décès n’a été rapporté.
Les autorités françaises ont fini cependant par trancher en estimant que le risque, même faible, était inacceptable au vu du caractère bénin de la maladie traitée : un simple rhume.