À partir du 1er janvier 2025, les patients concernés ne pourront plus se faire prescrire du cannabis à fleurs séchées riches en THC. La décision est fustigée par déi gréng.
Depuis 2012, il est possible de se faire prescrire des médicaments à base de cannabis. En 2017, la voie a été ouverte pour le cannabis à usage médical. Les conditions d’accès sont fortement réglementées et seulement des patients souffrant de trois types de maladies (lire ci-contre) peuvent bénéficier d’un tel traitement. Alors que chaque ménage est aujourd’hui autorisé à cultiver – pour l’usage récréatif strictement personnel – jusqu’à quatre plants de cannabis, le gouvernement s’apprête à rendre plus restrictif l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques.
«Il s’agit d’un pas en arrière frappant qui remet en question tous les acquis en matière de politiques liées à la légalisation du cannabis», s’émeut Djuna Bernard. La députée de déi gréng a interpellé, mercredi, la ministre de la Santé, Martine Deprez, pour en savoir plus sur les plans du gouvernement. La réponse obtenue alerte l’élue, qui redoute un impact négatif sur les patients concernés. En effet, il ne sera plus possible, à partir du 1er janvier 2025, de se faire prescrire du cannabis à fleurs séchées riches en THC. À terme, le cannabis médicinal riche en CBD devrait aussi être interdit. Resteraient donc uniquement les médicaments ainsi que les extraits huileux contenant du THC ou du CBD.
La ministre avance plusieurs raisons qui motivent sa décision. En 2022, un rapport d’évaluation avait notamment conclu que des abus ponctuels avec les prescriptions étaient à constater. Martine Deprez compte notamment endiguer ce phénomène, un argument qui ne convainc pas Djuna Bernard. «Il faudrait plutôt agir à ce niveau. Nous ne remettons pas en cause, non plus, le principe des congés de maladie, même s’il existe des abus ponctuels», contre la députée.
D’autres points sont toutefois avancés par la ministre chrétienne-sociale. «Une importante consommation de cannabis peut constituer de grands dangers. De plus, aucune conclusion médicale ne prouve l’efficacité de ce traitement. Le dosage et l’administration s’avèrent également difficiles», énumère Martine Deprez.
Une année de transition
Au départ, la Division de la pharmacie de la direction de la Santé a proposé de suivre l’exemple de la France, qui va interdire dans son intégralité l’usage de cannabis médicinal à fleurs séchées. «Nous avons repris contact avec tous les acteurs concernés et décidé de lancer une phase de transition en 2025», précise la ministre. L’objectif sera d’évaluer les besoins et adapter, le cas échéant, le programme.
D’autres questions posées par Djuna Bernard sont restées sans réponse. Comment seront pris en charge les patients concernés? Est-ce que les médecins traitants ont été consultés? Et qu’en adviendra-t-il des patients pour lesquels l’huile n’est pas une alternative?
L’ancienne ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP), avec le soutien de l’ancienne ministre de la Justice Sam Tanson (déi gréng), avaient entrepris plusieurs pas vers la légalisation du cannabis au Luxembourg. Il était notamment prévu que l’État cultive du cannabis médicinal. Ce projet devrait rester lettre morte. Dans l’accord de coalition conclu entre le CSV et le DP, aucune autre avancée majeure en la matière n’est annoncée.
Cultiver son cannabis, une réalité
Qui peut en bénéficier?
Le cannabis à usage médical peut être prescrit, sous certaines conditions, à des patients souffrants de pathologies chroniques, d’un cancer ou de sclérose en plaques.
Les pathologies chroniques doivent se trouver en phase avancée ou terminale, entraînant des douleurs chroniques sévères et invalidantes qui ne peuvent pas être traitées par d’autres soins médicamenteux.
Pour ce qui est des maladies cancéreuses, elles doivent être traitées par une chimiothérapie induisant des nausées ou des vomissements.
La sclérose en plaques doit être accompagnée de la spasticité musculaire symptomatique.