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[Cyclisme] «C’est bien de terminer comme ça»


22 juin 2013 à Dippach. Christine Majerus s’apprête à prendre le dessus sur Nathalie Lamborelle au championnat national. Elle ne sera plus battue avant 2024 et l’avènement de Marie Schreiber.

Nathalie Lamborelle, avec qui elle a bataillé, et Nina Berton, qui a été adoubée, évoquent Christine Majerus, qui boucle actuellement le Simac Ladies Tour, sa dernière course professionnelle.

NATHALIE LAMBORELLE, L’ANCIENNE COPINE DE FAC ET ANCIENNE RIVALE

Photo : anouk flesch

«Christine, elle a un sacré caractère, hein… Le caractère d’une athlète de haut niveau.» Nathalie Lamborelle, 36 ans, soit un an de moins que Christine Majerus, a vu venir son aînée s’installer à la tête du cyclisme luxembourgeois.

En 2008 à Roeser, puis en 2009 à Differdange, la Schifflangeoise avait gardé la main au sacro-saint championnat national. Mais Hesperange, en 2010, sera le lieu du premier sacre de la Cessangeoise. S’ensuivront alors quatorze titres d’affilée…

Nathalie Lamborelle, aujourd’hui maman de deux enfants et dont la carrière s’arrêtera en 2013, raconte : «Je connaissais d’autant mieux Christine que nous avons suivi des études toutes deux à Nancy (NDLR : en fac de sport afin de devenir professeur). Elle a habité quelques mois chez moi à l’époque, on a passé quelque temps ensemble.»

«Ce qui m’a marquée, c’est qu’elle était d’entrée très structurée, très décidée et motivée, ce qui me manquait un peu à l’époque. Je prenais ses notes pour réviser (rire). Je me souviens qu’on se partageait les présences quelquefois afin que nous puissions nous entraîner. Cela arrivait parfois qu’elle suive deux heures de cours et moi, les deux suivantes! Quand on avait huit heures de cours, je me souviens qu’elle me regardait en demandant : mais comment on va faire aujourd’hui?»

Après les Jeux olympiques de Londres, Nathalie Lamborelle, déçue de ne pas être retenue et surtout soutenue, baisse de régime. Le cyclisme s’éloigne progressivement. Elle investira dans sa vie professionnelle et sera prof de sport. «Christine, elle est partie dans sa carrière, moi j’avais perdu ma motivation à ce moment-là et la vie a pris son chemin.»

Elle observe toujours avec acuité le cyclisme féminin, qui s’est beaucoup professionnalisé depuis. «C’est bien que ça se développe, car à mon époque les filles n’avaient pas de salaire du tout. Mais ce n’est pas fini, il reste des choses à faire.»

Quant à son avis sur Christine Majerus, il ne diffère guère : «Elle vivait pour le sport et l’a fait à fond. Cela lui a permis de progresser autant, je pense. On ne peut pas faire une carrière si on n’est pas à 100 %. Elle a dû travailler beaucoup. Elle a choisi d’aller dans la plus forte équipe du monde, du coup, elle a eu moins d’ambition pour elle-même.»

Il est arrivé l’hiver dernier que les anciennes copines de fac se recroisent le temps d’un cyclo-cross régional. Comme elles pourraient se revoir le 16 novembre pour le cross de l’armée à Diekirch où Christine Majerus accrochera son vélo au clou. «C’est cool de sa part d’être fidèle à l’armée, qui lui a donné la chance de faire sa carrière», apprécie Nathalie. Bien loin des dernières confrontations directes lors des championnats nationaux voici déjà douze ans, où l’une et l’autre se toisaient forcément un peu. De l’eau a coulé sous les ponts.

NINA BERTON, DE FAN ABSOLUE À COLLÈGUE DE VÉLO

Lors du Tour de France, Nina Berton encourage Christine Majerus au sommet du Grand Ballon. Photo : anouk flesch

Pour Nina Berton, la saison s’est terminée sous la pluie des Trois Vallées Varésines, remportées mercredi matin par sa coéquipière française, Cédrine Kerbaol. La Luxembourgeoise de l’équipe Ceratizit, qui s’était longuement échappée lors des Mondiaux de Zurich, va désormais se reposer avant de repartir de plus belle la saison prochaine.

Forcément, à désormais 23 ans, son regard sur Christine Majerus est d’abord celui de la fan qu’elle n’a cessé d’être à l’endroit de son aînée. «C’était ma grande idole, confirme Nina, car c’était aussi la seule professionnelle qui vivait de son sport. Lorsqu’on est junior, on n’est pas sûre de pouvoir faire ça en tant que fille. Il y a cinq ans encore, ce n’était pas la même chose que maintenant. Et le Luxembourg, ce n’est pas les Pays-Bas ou la Belgique où il y a beaucoup de pros. Christine a démontré aux jeunes que c’est possible de faire ce chemin en tant que jeune Luxembourgeoise.»

De fait, la connexion entre Christine Majerus et Nina Berton est manifeste. D’ailleurs, cette dernière s’est empressée de répondre à nos sollicitations. «Lorsque j’étais junior, j’ai intégré l’équipe nationale féminine avec Christine. On a fait des courses en Bretagne, puis le Festival Elsy Jacobs, car son équipe n’y participait pas. Il s’agissait de mes premières expériences et elle m’a beaucoup aidée et expliqué comment le peloton fonctionnait. On a tissé des liens. J’ai vu quelle était la personne qui se cachait derrière cette idole que je regardais à la télé. J’apprécie son honnêteté, elle dit ce qu’elle pense. Et puis, elle a beaucoup de centres d’intérêt. Avec elle, les conversations sont agréables», apprécie Nina.

À ses côtés, elle continue de beaucoup apprendre, «comme aux championnats d’Europe, où elle m’a positionnée» avec d’autant plus de facilités que son aînée jouit d’un grand respect de la part de ses rivales.

Bien que tout au long de la saison, l’une et l’autre ne portent pas le même maillot, Christine Majerus n’a jamais hésité à protéger sa cadette. «On est dans des équipes différentes, mais par exemple, je me suis retrouvée en échappée avec elle sur le Thüringen Tour. Elle me guidait pour les relais, m’incitait à en faire moins…»

«J’ai eu de la chance de la côtoyer et je suis un peu triste qu’elle stoppe sa carrière. Mais elle finit sur une belle saison, c’est bien de terminer comme ça. Pour la suite, je ne m’en fais pas, c’est une grande championne qui dépassait le cadre du cyclisme», poursuit Nina Berton, qui aimerait s’inspirer pour elle-même de sa volonté de nourrir un objectif. «Quand elle prenait le départ, c’était avec quelque chose de précis en tête.» Le caractère de Christine Majerus, on y est revenu!

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