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[BGL Ligue] Kino Delorge : «Pourquoi vous voulez prendre mon fils? Il ne joue pas très bien au foot!»


(Photo : luis mangorrinha)

Kino Delorge monte en puissance par rapport à sa première saison au F91. Mais c’est aussi sans doute parce qu’il peut assumer une évolution de son rôle.

Vous avez fait deux passes décisives contre Rosport, c’est une belle petite journée pour un défenseur…

Kino Delorge : (Il coupe) En fait, je crois que c’est inexact. Le premier but, c’est Schaus, la passe, je crois.

Comment ça, vous croyez? Vous n’êtes pas sûr?

Si, en fait, si je me rappelle bien, moi, c’est l’avant-dernière passe.

Vous avez quand même été décisif une fois. Cela vous fait plaisir qu’on commence à parler de vous aussi pour ça, plutôt que pour la solidité défensive du club, noyée dans la masse des performances individuelles?

Oui, c’est sympa! Avec ma position, je ne demande que ça, jouer plus offensif. La saison passée, on a eu pas mal de problèmes derrière qui m’ont forcé à jouer un rôle plus défensif. Et cette saison, le coach me donne plus de libertés. Enfin, j’en avais aussi la saison passée, mais elles étaient différentes.

Vous nous expliquez?

Cette saison, le coach veut quasiment que je joue comme un ailier, que je prenne l’extérieur, avec des dédoublements, et ça me plaît beaucoup. La saison passée, on me demandait plus d’intégrer le milieu, de me recentrer pour apporter une solution supplémentaire dans l’entrejeu.

Bref, vous avez gagné des mètres sur votre positionnement…

Difficile de dire si j’ai gagné vingt ou trente mètres. Ce ne sont pas les mêmes efforts. Avec Shoffner, je travaillais avec ma tête pour trouver les espaces. Là, je cours beaucoup plus de kilomètres. La saison passée, c’était en moyenne 9 kilomètres. Là, le premier match (NDLR : victoire 0-3 à Bettembourg), j’ai dû faire 11,5. Mais disons que je dois faire un petit kilomètre de plus…

Avec Shoffner, je travaillais avec ma tête pour trouver les espaces. Là, je cours beaucoup plus de kilomètres

En même temps, vous qui avez été formé à Genk, un centre qui a produit des De Bruyne, des Courtois, des Carrasco, des Koulibaly, des Castagne, des Origi… savez vous adapter, non?

J’ai été formé à tout, là-bas, effectivement, et ça m’aide énormément quand il faut s’adapter vite. Le travail qu’ils font, à cette académie, est incroyable. Dans ma famille, on a une blague dont on parle encore. Quand je suis arrivé là-bas, étant jeune, mon père a dit à l’entraîneur « Mais pourquoi vous voulez prendre mon fils? Il ne joue pas très bien au foot! Pourquoi il vous intéresse?«  On lui a répondu : « Ne vous inquiétez pas, on va lui apprendre à jouer au foot.«  Genk, c’est ça : ils n’ont pas les plus grands talents de Belgique, mais ils recherchent des mentalités à qui ils apprennent la technique. On a souvent été champions face à des clubs bien plus talentueux que nous.

Cette époque a fait de vous un international belge chez les jeunes, avec tout de même 44 sélections, une demi-finale de Mondial, une demi-finale d’Euro et, même, des capitanats…

Ce sont mes années de carrière que j’ai le plus aimées. Et oui, j’ai fait parfois capitaine, même si quand il était là, c’était (NDLR : l’actuel Diable rouge) Wout Faes qui avait le brassard. Mais j’ai depuis très jeune cette mentalité du joueur qui aime parler à tout le monde dans le vestiaire, et je sais me montrer juste.

Juste, mais pas toujours inspiré : aller au Dinamo Bucarest à 19 ans, ça aurait pu faire très mal à votre carrière, non?

Cette expérience, c’était… effrayant et bienfaiteur en même temps. Je peux le dire maintenant : c’était un mauvais choix de carrière, mais j’en ai beaucoup appris sur le milieu. Ce serait trop long de parler de tout ce que j’ai vécu là-bas, mais il y a une histoire qui peut le résumer. On joue un match de Coupe. Je fais la passe décisive pour arracher les tirs au but. Mais dans la séance, je vais rater… deux tirs au but. J’avais remarqué que leur gardien plongeait très vite. Alors dans ma course d’élan, j’ai attendu au maximum, mais cette fois, il n’est jamais parti et j’ai mal tiré. Mais l’arbitre fait refrapper parce que le gardien était trop avancé. Je me dis que je ne vais pas prendre le risque une deuxième fois et je cherche un angle. Sauf que cette fois, il part et va chercher mon tir. Le lendemain, tous les joueurs qui ont raté leur penalty, on leur demande de se chercher un autre contrat ailleurs. Heureusement, mon agent a réussi à négocier et je suis reparti en Belgique.

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