NATIONS LEAGUE (BARRAGES) Gerson Rodrigues, qui attend que la justice passe sur ses nombreuses affaires, la semaine prochaine, peut-il être le héros de la nation ?
Il y a plusieurs façons de marquer l’histoire de son sport et Gerson Rodrigues les connaît toutes. Spectacle, buts, frasques, titres…. Mais ces dix prochains jours, il va même explorer une piste qu’il aurait préféré ne pas suivre : se retrouver en mesure de contribuer à qualifier son pays pour le premier Euro de son histoire, le 26 mars prochain, tout en étant jugé le lendemain pour une série d’affaires qui pourraient lui valoir de la prison avec sursis sous contrainte de soins.
C’est la seule inconnue du moment : Gerson survit à tout, mais se joue-t-il aussi de la pression judiciaire? En attendant d’avoir la réponse, le reste est déjà gravé dans le marbre depuis quelques semaines, mois ou années. Avec 20 buts en 59 sélections (mais 10 sur les 15 dernières), il est le meilleur buteur de l’histoire du pays. Il est aussi souvent celui qui débloque les situations dans les matches complexes ou en passe de le devenir.
Liechtenstein (la tête à l’arraché de Vaduz), Féroé (le penalty plein de sang-froid de Thorshavn), Lituanie (le bijou en pivot de Vilnius), Islande (le coup de canon de Reykjavik), Azerbaïdjan (le retourné acrobatique de Bakou)… Ces derniers temps, il est souvent celui par qui tout bascule quand le Luxembourg doit grandir à l’extérieur. Et c’est tant mieux. Car pour Sébastien Grandjean, notre chroniqueur, Gerson «aime être au centre de l’attention». Et aussi quand l’enjeu est porté à son paroxysme, dans la difficulté d’un match lointain.
Qui d’autre ? Pas Dany Mota en tout cas
L’ancien Folaman a donné l’illustration de son investissement national sur la fin de campagne des éliminatoires de l’Euro. Avec cinq matches… et cinq buts. Les Roud Léiwen luttaient pour s’offrir le droit de rêver à l’Euro et malgré une brève mise à l’écart par le sélectionneur, il a répondu présent quand il a été rappelé, dans un contexte difficile, version seul contre tous. Il l’avait d’ailleurs écrit sur ses réseaux sociaux : «Je vais transformer mes « haters » en fans».
Et c’est fatalement lui que le pays va attendre comme le messie, jeudi, à Tbilissi. Même les «haters». En l’absence de Danel Sinani, deuxième meilleur buteur de la sélection, avec un Leandro Barreiro qui n’a pas encore hérité de l’aura de club que lui offrira bientôt son futur nouveau club du Benfica Lisbonne, avec un Curci en rupture de ban aux Francs-Borains, avec un Muratovic qui prend de l’ampleur mais ne peut pas encore regarder le patron les yeux dans les yeux, malgré un Borges qui marche dans les traces que Gerson avait laissées dans le couloir gauche avant d’être recentré, et en l’absence d’un Dany Mota qui a encore reculé le moment de son arrivée alors qu’il aurait pu prendre tout ou partie de la lumière.
Pour la première fois depuis son évasion de BGL Ligue vers le monde pro, Rodrigues semble qui plus est parvenir à faire durer un peu les premiers frissons des débuts dans son nouveau club du Slovan Bratislava. Et cet alignement des planètes entre un temps fort en club et la nécessité de le retrouver performant tombe à point nommé. Être décisif dans un match-couperet, cela, il ne nous l’a pas encore fait et c’est un défi à sa démesure. La semaine passée, Luc Holtz et lui ont même comploté pour l’exempter du match du Slovan, ce week-end, puisque les Géorgiens de l’effectif avaient, eux aussi, obtenu une curieuse exemption. À 28 ans, après une année 2023 compliquée dont il est ressorti plus grand, c’est son heure H.
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