Les années (budgétaires) se suivent et se ressemblent. Hier matin, les contours du premier budget ficelé par le gouvernement conservateur-libéral ont été dévoilés à la Chambre. Miser sur un investissement de 29,4 milliards d’euros contrebalancé par des recettes de 27,5 milliards d’euros est un premier choix fort de la coalition CSV-DP, bien décidée à donner un «nouvel élan» au Luxembourg. Un pays qui aurait été trop longtemps paralysé par l’alliance DP-LSAP-déi gréng.
Les fiers ministres du CSV ont tendance à oublier que leur partenaire de coalition libéral faisait non seulement partie de la dernière majorité, mais en avait aussi le lead, avec l’ancien Premier ministre Xavier Bettel. Cela vaut aussi pour la politique budgétaire, menée pendant une décennie par le DP. Et, surprise, la continuité fait partie intégrante du «nouvel élan» mis en perspective. Comme Yuriko Backes, sa prédécesseure, Gilles Roth affirme mener «une politique financière responsable» en misant sur «un investissement solide et anticyclique». L’ancien gouvernement a appliqué ce même principe pour faire face à l’impact du covid et de la guerre d’agression russe. Le nouveau ministre a aussi ressorti du tiroir le credo cher à l’ancien ministre des Finances Pierre Gramegna (2013 à 2022) : «Il faut faire mieux avec moins.» Le premier jet semble réussi avec une réduction du déficit, «limité» à 1,9 milliard d’euros, alors que la trajectoire tablait, à politique inchangée, sur un solde négatif de 3,2 milliards d’euros. Ce n’est pas rien, mais le nouveau trésorier en chef n’a pas pu cacher que la hausse de 1,8 milliard d’euros des recettes, en cette année 2024, contribue fortement à l’éclaircie.
De son côté, l’opposition voit toujours le risque que CSV et DP sacrifient, à terme, le social pour servir les mieux lotis. Gilles Roth s’est efforcé, hier, d’écarter cette crainte. Même le fait d’avoir placé tout au bout de son exposé le soutien à l’Ukraine – en soi, un choix assez étonnant – n’a pas été suffisant pour convaincre son auditoire. Même l’ADR, grand «fan» du gouvernement, s’est dit «déçu». Le nouvel exécutif aura six semaines avant le vote du budget et… près de cinq ans avant les prochaines législatives pour démontrer qu’il a posé les bonnes priorités.