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Les agriculteurs français toujours mobilisés, perturbations entre Thionville et Longwy


(Photo : AFP)

Les agriculteurs entament mardi leur deuxième jour de blocage d’axes stratégiques autour de Paris, déterminés à montrer qu’ils peuvent tenir plusieurs jours si les « nouvelles mesures » dévoilées dans la journée par le gouvernement déçoivent encore.

La situation en Lorraine

Des perturbations sont en cours sur la RN52 où la circulation est partiellement bloquée entre Thionville et Longwy. L’A31 est également fermée  à hauteur de Lesménils provoquant la saturation des axes secondaires comme la D910 où s’est formé un bouchon d’une dizaine de kilomètres.

Un convoi de quelque 200 tracteurs a repris la route mardi matin, en direction du marché d’intérêt national (MIN) de Rungis, le plus grand du monde, qu’il compte investir dans l’après-midi, à l’appel de la Coordination rurale (CR), a constaté un photographe.

Après avoir passé la nuit près de Limoges, ils sont partis sur l’A20 après 5H00 en direction de Paris et prévoient de passer par Orléans avant d’arriver à Rungis « après 16h », selon la Coordination rurale.

« Les convois arrivent de tous les côtés, c’est un truc de fou ! », s’est exclamé le coprésident de la Coordination rurale José Perez. « C’est vraiment très fort ce que l’on est en train de vivre. Les gens sont avec nous, on a pu constater tout au long du trajet que les Français aiment leurs agriculteurs », a-t-il ajoouté.

Sur l’A1, l’A4, l’A6, l’A13…. des agriculteurs ont passé la nuit dans leur tracteur ou dans un semi-remorque au plancher recouvert de paille après avoir entamé lundi après-midi le blocage d’autoroutes à proximité de la capitale.

Plus d’une semaine après le premier blocage d’axe routier en Occitanie, d’autres actions sont prévues un peu partout en France, sous des modalités diverses, mais toujours pour frapper les esprits.

De « nouvelles mesures » seront prises mardi en faveur des agriculteurs, a assuré la veille la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l’issue du Conseil des ministres.

Pour tenter d’éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne comptent pas leurs heures, mais ne parviennent pas à vivre de leur métier, le Premier ministre Gabriel Attal avait dévoilé vendredi des mesures d’urgence.

« Il faut aller plus loin », avait toutefois réagi le président du premier syndicat agricole français (FNSEA) Arnaud Rousseau.

Gabriel Attal a reçu une nouvelle fois lundi soir Arnaud Rousseau et son homologue du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot, dans l’optique d’esquisser une sortie de crise. La réunion a duré 3h30. Les participants ne se sont pas exprimés à l’issue.

Non convié, le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de gauche, appelle les autres organisations à porter avec lui principalement « deux mesures »: « l’arrêt des accords de libre-échange et la suspension immédiate de toutes les négociations », ainsi que « l’interdiction formelle de l’achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient ».

Les organisations écologistes s’inquiètent d’un éventuel retour en arrière sur les normes environnementales, les syndicats majoritaires tentant de pousser leur avantage. Ils demandent notamment de revenir sur des restrictions d’usage des pesticides.

Emmurer et nourrir

Selon une source policière, les blocages autour de Paris ont impliqué lundi un millier d’agriculteurs et « un peu plus de 500 engins ». « L’objectif de tenir jusqu’à vendredi est manifeste », selon cette source.

Sur les points de blocage, les agriculteurs ont ramené ravitaillement, groupes électrogènes, citernes d’eau, toilettes de chantiers, organisé des tours de garde et la rotation des effectifs.

« On a tous envie de retourner auprès de nos cultures et de nos animaux », assure Samuel Vandaele, secrétaire général de la FDSEA 77 et ex-président des JA. « On n’a pas envie d’embêter nos concitoyens », ajoute-t-il.

Attal, qui fera sa déclaration de politique générale mardi, a notamment annoncé vendredi des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique et l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR).

Les manifestants disent attendre autre chose que des « mesurettes » dans une France qui a perdu les trois quarts de ses exploitants en 50 ans et recourt de plus en plus aux importations: un poulet consommé en France sur deux vient d’ailleurs, comme 60% des fruits.

Quelque 150 agriculteurs avec leurs tracteurs, venus de Haute-Garonne, du Gers, du Tarn et de l’Ariège prévoient de bloquer mardi matin les accès à l’aéroport de Toulouse dans la matinée, selon le secrétaire général de la FDSEA Haute-Garonne, Luc Mesbah.

En Mayenne, la FDSEA et les JA menacent d’emmurer les services de l’État mardi à l’aide de pneus, comme le centre des impôts de Laval et la sous-préfecture. Ils comptent aussi planter des haies devant la cité administrative et le centre des finances publiques de Laval.

Dans un autre registre, pommes, fromages, vins, lait devraient être proposés à la dégustation aux passants devant la préfecture d’Indre-et-Loire.

En Corse aussi, une manifestation est prévue à 10h à Ajaccio, avec cortège de tracteurs roulant au pas jusqu’à la préfecture dans le centre-ville.

Signe d’une certaine fébrilité, la préfecture de la Drôme a demandé aux habitants du département « de ne pas constituer de stocks alimentaires », assurant que « les principales grandes surfaces de la Drôme restent correctement approvisionnées en denrées alimentaires et en carburant ».